Jour 0 | Aéroport d'enfer

Flughafen Hölle

La vie me teste au jour 0 de mon aventure ! Je ne peux m’empêcher de sourire sous le texto rassurant de mon amie Geneviève qui me dit que ça n’a rien de précurseur de l’aventure qui m’attend. Je l’espère ! Et Julie, qui a toujours les bons mots, me dit d’accueillir ce qui est, comme je n’ai aucun contrôle outre ma réaction face à la situation. Il y a surement un apprentissage et un cadeau qui se cachent derrière.

L’aéroport, c’est le vrai bordel ! D’abord, j’ai acheté mon vol Montréal-Frankfurt il y a cinq mois. Jamais je ne paie pour réserver des sièges, car je n’ai aucune préférence une fois dans l’avion. Mont but est seulement de me rendre à destination. Hier, 24 heures avant le décollage, j’ai la possibilité d’enregistrer immédiatement mon vol, ce que je fais, exactement quand c’est le moment. Surprise, sur ma carte d’embarquement virtuelle, il est indiqué que mon siège est SBY (standby). Je me dis que c’est sûrement une erreur, et qu’il s’agit d’un problème informatique. Mais non, les compagnies aériennes étant ce qu’elles sont, elles survendent des vols. Donc, les gens comme moi, qui ne paient pas d’extra pour des caprices et qui n’ont pas de points Aéroplan, se retrouvent bien au bas de la liste. Directement à l’aéroport, la dame m’explique que je suis dixième sur la liste, mais qu’au moins 6 personnes vont assurément manquer leur vol en raison d’une liaison retardée. Une heure avant l’embarquement, je suis encore confiante. À suivre !

À travers un beau bordel, ne sachant pas trop où commence et se termine la file pour le dépôt des bagages enregistrés. Mais j'ai quand même le sourire !

Mon billet d'enregistrement de bagage indique clairement que je n'ai pas de siège sur ce vol. Misère !









La procédure est de faire comme à l'habitude, déposer mon bagage enregistré et passer la sécurité. Je me rends au dépôt de bagages. Là où il n’y a absolument aucun personnel et où les gens galèrent à passer leurs grosses valises dans le bon sens sur le petit carrousel automatique qui bug à chaque deux minutes. Après une heure dans la file, je lis sur une affiche minuscule apposée juste devant le carrousel que les sacs comme le mien ne doivent pas passer sur ce carrousel étant donné qu’ils ont des sangles qui risquent de coincer. Bon. Je m’apprête à changer de file pour aller à la section des bagages hors dimensions. Mais je croise une dame avec un dossard fluo. Elle l’a mis dans un bac et ça a fonctionné. Au revoir mon sac que je ne reverrai peut-être jamais, avec tout mon linge préféré et les cadeaux pour mes amis !

Prochaine étape, la sécurité. Ça, ça roule ! La madame devant moi voyageait avec deux lapins dans une petite cage … Je n’avais jamais vu ça (des lapins oui, mais pas des lapins qui voyagent avec Air Canada). Les lapins ont passé les rayons X, donc mon bagage de cabine aussi, évidemment.

Cet avion que je n'avais pas envie de voir partir sans moi !




Peu de temps après, j’arrive à la porte d’embarquement A61, environ 1h15 avant le décollage. Ça valait donc la peine d’arriver quatre heures plus tôt. Vers 18h30, les passagers normaux sont appelés à monter à bord de l’avion. À 18h50, je ne sais toujours pas si je vais embarquer dans ce vol prévu à 19h. À 18h55, mon nom est appelé au kiosque. J’ai bondi vers la dame qui m’a tout de suite assigné un siège, le E46. C’est la toute dernière rangée, entre deux toilettes et les cuisines, le siège du milieu, probablement le moins confortable de tout l'habitacle, mais ça ne m’importe pas, je suis dans l’avion ! Je suis là et je ne m’y attendais même pas !

Il est 20h et l’avion décolle, une heure après l’heure prévue. Ça aussi, ça ne m’importe pas. L’arrivée est prévue à 8h25, heure des vieux pays. J’écoute une pièce instrumentale de Keven Graham (Lioness) que je trouve assez puissante. Ça donne le ton à l’aventure que je m’apprête à vivre.

Les instructions données par l’équipage sont en français, en anglais et en allemand. J’ai compris les mots Trinken (boire), Essen (manger), Alkohol (Alcool), Französisch (Français), Englisch (Anglais), Deutsch (Allemand), Flug (vol) et une couple de petites prépositions ici et là. Mes deux voisins sont des Allemands qui étaient aussi laissés pour compte en standby juste avant le vol. La dame vient d’une ville près de Stuttgart. Elle était venue à Ottawa voir sa fille qui fait un voyage d’une même durée que moi, mais au Canada. Le monsieur est plutôt sérieux, il ne parle pas beaucoup mais il redemande souvent des petites bouteilles de vin blanc.

J’aurais dû faire la même chose. Je déteste l’avion ! Pendant sept heures, mon cerveau était convaincu que j’allais mourir écrasée dans l’océan. Je n’aime que les décollages et les atterrissages, parce que c’est des sensations fortes. Lors de mon dernier voyage, j’avais passé tout le vol à lire. Cette fois-ci, je l’ai passé à écrire. Ça m’a bien occupée. Finalement, être assise au fond de l’avion, ça me rassure parce qu’il y a beaucoup de circulation, et les gens n’ont pas des regards affolés face à une mort imminente à chaque petite secousse.

Je suis à 39 000 pieds dans les airs, au-dessus de l’océan et je pense beaucoup à toi papa, je me sens proche de toi. Tout se passe bien, comme tu disais. J’ai été remplie d’une émotion intense au décollage et à l’atterrissage. J’ai réussi ! Je suis rendue !

Voici mon charmant quartier pour le prochain mois.






Commentaires

  1. Bravo Claudia!! Bon séjour en Allemagne!! Quel grand défi à ta mesure!!

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  2. Merci pour ce premier récit.

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  3. Merci pour ce premier récit. Pierre Cadieux

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