Jour 48 | Tuffi en a marre du chemin de fer suspendu

Tuffi hat die Schwebebahn satt

Mercredi matin, voilà enfin venue la journée de mon rendez-vous au Ausländerbehörde, la dernière étape vers l'obtention de mon permis de résidence temporaire pour l'année au complet. Mais ce rendez-vous n'était pas à proximité. Je devais retourner dans la ville de Düsseldorf, à 4 heures de train de chez moi. Comme mon rendez-vous était le matin, je suis partie la veille. J'ai profité de mon passage obligé à Düsseldorf pour aller visiter une ville voisine, celle de Wuppertal. Un certain Max, qui travaille en logistique de production, un timide à l'humour intelligent et propriétaire d'une tite Volkswagen Polo 4 s'est fait guide pour cette soirée là. La particularité de cette ville est qu'elle est traversée de long en large par un Schwebebahn, un train qui lévite au dessus des rues et de la rivière Wupper. Quand je l'ai vu pour la première fois, j'ai été assez impressionnée. Ça fait tellement futuriste, mais dans un environnement qui ne l'est pas du tout. Les structures sont massives, sur 13 km, et les wagons sont récents. Ce train est utilisé dans le quotidien par les gens de la ville mais attire aussi les touristes, c'est bien évident. Il a été construit en 1901. 

Représentation étonnante d'un éléphant en train de quitter le Schwebebahn en 1950. J'en parle plus loin !

Le Schwebebahn au dessus des rues, dans le quartier Vohwinkel.

Structure massive au dessus de la rivière Wupper.

À bord du train, c'est sûr que je me suis demandé s'il n'avait pas déjà décroché de son rail. Malheureusement oui. En 1999, un travailleur de maintenance a laissé une pince de métal sur le rail (bon, ça ne devait pas être une petite pince à sourcil, j'imagine que c'était une grosse pince bien squeezée sur le rail). Cette pince a fait dérailler le train alors qu'il allait à une vitesse de 50 km/h, à 30 pieds au dessus de la rivière. L'accident a causé la mort de 5 personnes et des blessures importantes à 47 personnes. 

Photo de l'accident du Schwebebahn le 12 avril 1999.

Mais le Schwebebahn n'en était pas à son premier incident. Max m'avait raconté qu'en 1950, un cirque venait en ville et une opération de marketing avait impliqué qu'un bébé éléphant du nom de Tuffi prendrait place à bord du Schwebebahn. Mais une fois le train en marche, Tuffi a paniqué et s'est jetée en bas du train directement dans la rivière. Tuffi n'est pas morte des suites de ce fâcheux accident. Elle a fait le cirque comme prévu et aussi plusieurs tournées en Europe. La vie de star quoi ! J'ai fait des recherches sur cet incident et lu qu'à quelque part dans la rivière est installée une sculpture à l'image de Tuffi. Même Max n'avait jamais vu cette statue !

La statue de Tuffi au milieu de la rivière Wupper.

Le centre-ville de Wuppertal n'est pas vraiment concentré à un seul endroit, mais bien tout au long de la rivière. C'est fou comme les bâtiments sont beaux dans les vieux pays.

Ce que j'ai vu de la ville de Wuppertal n'est pas le plus joli, il paraît que les quartiers branchés sont plus hauts. On était mardi aussi, donc l'ambiance n'était pas tant au rendez-vous. Mais on a quand même pris un cocktail sur une terrasse pour discuter de nos ambitions. En fait, l'idée de rencontrer Max, avec qui j'ai d'intéressants échanges depuis quelques semaines, était de voir si on s'entendait suffisamment pour partir en road trip quelque part en Suisse à la fin du mois d'août à bord de la VW Polo. Pour le moment, le plan est de se rejoindre à Stuttgart le 28 août et de descendre vers Grindelwald.

À la fin de la soirée, Max m'a fait un lift sur la Autobahn vers Düsseldorf pour m'éviter de faire encore une demi-heure de train, où il m'a déposé chez Alex, qui m'accueillait pour la nuit. Pour les gens qui douteraient de ma prudence, sachez que Maïté reçoit toujours une photo et les coordonnées de la personne et dans ce cas-ci, sa plaque d'immatriculation, pour qu'on me retrouve vite au cas où je disparaisse ;) Maïté rit toujours, à chaque fois qu'elle reçoit, out of nowhere, un numéro de plaque d'immatriculation sans explication. Gotta be careful !

Je suis arrivée chez Alex vers 23h, trois heures plus tard que prévu, et on a mangé des sushis à cette heure là. Quel homme patient, qui attendait gentiment mon arrivée avant de commencer à manger ! On a écouté de la musique et on a parlé de nos vies, ça faisait trois semaines que je ne l'avais pas vu. Dans la nuit, je n'arrêtais pas de penser à mon rendez-vous du lendemain, qui allait changer bien des choses. Seule sur le balcon de la chambre à 2h30 du matin, en plein milieu d'Oberbilk à Düsseldorf, la température était bonne. J'ai pensé. J'ai demandé à l'Univers et à papa d'organiser tout ça, parce que j'étais profondément heureuse à ce moment précis, loin sur la planète. Je n'avais absolument aucune envie de quitter le pays après seulement 90 jours.