Jour 127 | Mon repos ne se trouve pas sous une feuille de bananier.

Meine Ruhe ist nicht unter einem Bananenblatt 

Je suis de retour en Allemagne, après une semaine sur l'île paradisiaque de Madère, au Portugal, passant d'un 30 degrés ensoleillé à un 7 degrés pluvieux. Récit d'une semaine de découvertes tropicales. 

J'ai volé avec la compagnie Condor Airlines. Un vol direct de 4 heures entre Funchal et Düsseldorf.


Ariane et moi avons été occupées toute la semaine, entre les baignades, les petits restaurants, les randonnées et les couchers de soleil. Le vendredi, on s'était invitées dans un party d'Halloween organisé (très bien organisé, d'ailleurs!) par la communauté des Digital Nomads Madeira. En partant de Ponta do Sol, un chauffeur aux yeux de Bambi nous transporte jusqu'à Funchal. Nous avons fait la rencontre d'autres nomades de partout dans le monde, dont nos préférés avec qui nous avons tissé des liens : Finnbar, de l'Irlande, Renata, du Brésil, Jendrisch, de la Tchéquie et Gitana, de la Lithuanie. Pour 35 €, on a été servis comme des rois, avec un repas complet aux couleurs thématiques et de l'alcool à volonté. Le tout s'est terminé en discothèque et chorégraphie, sur fond de Poncha au kiwi. Au retour, Ariane a fait les beaux yeux à Bambi et l'a convaincu de nous débarquer à même notre porte pour nous éviter 35 minutes de marche en ascension constante vers notre lombada.

Renata, Finnbar, Jendrisch et Ariane, lors d'un party regroupant une centaine de personnes à la Taberna do Capitào de Funchal.

Le samedi matin, Ariane est partie à l'aventure sur l'autre côté de l'île et je me suis occupée de Rodrigo (l'hôte Airbnb qui fait du jardinage expérimental dans la cours), de Madalena (la chienne rescapée de Madalena do Mar) et des centaines de fourmis apparues dans l'appartement (au moins 1 million). Avant la tombée du jour, je me suis rendue en bas de la lombada, sur la plage de Ponta do Sol. Cette plage est recouvertes de galets volcaniques. Certaines plages de Madère ont bien du sable fin et noir, mais lorsque le sable est fin et clair, il ne s'agit pas de sable d'origine : il a été importé du Maroc. Un verre de rosé à la main, j'ai remercié une fois de plus (l'univers ? le ciel ? je sais pas qui ?) de me permettre de vivre ça !

La plage de Ponta do Sol, où j'ai laissé une lettre pour papa. 


Le bar de la plage, où l'alcool répond présent.

Dimanche, j'ai essayé par tous les moyens de me rendre à Porto Moniz, pour rejoindre Ariane. Mais ce système d'autobus que je préfère oublier m'a encore fait faux bond. Après une heure d'attente à un arrêt de bus, un local dans une petite voiture blanche s'est arrêté pour me dire que ce n'était pas le bon arrêt. Ah bon, comment aurais-je pu le savoir ? This is Rodoeste, you could not know, me répond-il. J'ai encore raté mon coup. Est-ce que c'est moi qui ne sait pas voyager ? Ça me rend un peu triste. Temporairement, je me demande si je suis normale de ne pas me sentir confortable dans un milieu et un rythme de vie de vacances. Mais quelques minutes plus tard, Ariane et moi trouvons une solution. Bolt ! Un chauffeur privé du Venezuela, Avelino, me permet de me rendre à Porto Moniz pour 35 € au lieu de 1,95 € de bus (légère différence...). Mais comme ça en valait la peine ! Porto Moniz est une station balnéaire au nord de Madère avec des piscines naturelles dans les rochers. C'était absolument magnifique et reposant ! On revient en bus. Ben oui, ça fonctionne cette fois. Quand Ariane est là, tout va ! 

Là où j'aurais attendu l'autobus pour l'éternité sans jamais la voir passer.


Le côté nord de l'île était très différent et beaucoup plus rocheux.


Et dire que nous étions exactement à cet endroit... c'est magique.


Ariane et moi.


Le village de Porto Moniz, au loin, est très touristique.


Piscines naturelles dans les rochers. L'eau est bonne !

Pleines de motivation la veille, on devait aller au travail lundi, dans l'espace de coworking gratuit de Ponta do Sol, mais il faisait bien trop beau pour travailler (comme tous les jours d'ailleurs!). On a troqué les courriels pour un dîner à la Tasquinha do Henrique, une randonnée à la Cascata Dos Anjos, une baignade dans l'océan, un verre de rosé et un bon repas au restaurant Sol Poente. Pendant la journée, j'avais fait virtuellement la connaissance de Tomàs, un nomade tchèque, et Sebastian, un berlinois en vacances. Telle une vraie group-date, on a décidé de se donner rendez-vous tous les quatre à The Small House, un très, très petit bar au milieu d'une rue animée par un DJ ce soir là. On a d'ailleurs revu dans cette rue nos amis Jendrisch et Gitana ! C'était la fête à Ponta do Sol, et j'ai un peu trop fait la fête. Après deux bières aux fruits de la passion et 3 verres de Poncha, notre nouvel ami de Berlin nous a laissées à notre porte avec sa Golf. À bien y penser, le fait d'y aller à la marche aurait pu m'éviter d'être malade toute la nuit... oups !

La Tasquinha do Henrique, une petite taverne à quelques pas de chez nous.

Une spécialité portugaise, le Prego em Bolo do Caco. Et mon vernis mauve brillant exotique acheté au Bazar do Sol à 1 €.

La Cascata dos Anjos, une chute spectaculaire se jetant sur une petite route côtière à proximité de Ponta do Sol. C'est un lavage instantané pour les voitures qui passent dessous. 

Tout comme moi, il y avait aussi beaucoup d'autres gens qui tenaient à tout prix à instagrammer leur moment dans ce lieu unique.


Nature impressionnante en bord de mer.

Imposants cactus dans leur habitat naturel.


Cette courte randonnée était époustouflante par ses points de vue.

Moment précieux à Ponta do Sol, en bonne compagnie (Ariane, pas le verre de rosé)

Cela va de soi, j'ai un peu perdu ma journée du mardi par ma propre faute, mais on a quand même visité le village voisin, Ribeira Brava. Ariane avait étudié les horaires de bus bien comme il faut. Alors qu'on attendait l'autobus, un dénommé Bra, qui nourrissait ses poulets à proximité de l'arrêt de bus, approche et nous informe que le bus ne passe pas aujourd'hui, car c'est un jour feriado. Je n'en crois pas mes oreilles. Encore !? Bra nous propose d'aller nous porter. Au milieu de la conversation dans la voiture, Ariane lui mentionne que c'est vraiment une belle coïncidence qu'il se rendait également dans le village voisin en même temps que nous. Ben non ! Il n'avait juste pas de plans et a décidé généreusement d'aller nous porter. Ah, ces Portugais qui sont dans la vacation-vibe à l'année longue... Je n'ai pas rencontré beaucoup d'Allemands qui étaient aussi chills avec leur planning. À propos de Ribeira Brava, comme c'était beau cet endroit ! Plein de petites boutiques et marchés, une belle plage et de charmants restaurants. 

Petit marché local à Ribeira Brava.


Chouette église, sans prétention.

Le chien aussi a pris le lift vers Ribeira Brava.


L'oiseau du paradis, symbole de Madère. On en retrouve partout !

Mercredi, c'est ma dernière journée complète. On entreprend une belle randonnée entre les villages de Jardim do Mar et Paul do Mar. Encore une fois, tout un périple pour se rendre à Jardim do Mar. Le bus a pris environ deux heures pour arriver à destination, alors que le village n'est situé qu'à 40 minutes en voiture. On n'a pas trop compris, mais le bus est allé virer jusqu'au bout de l'île, à Ponta do Pargo, pour ensuite revenir sur son chemin, attendre quelques instants sur le bord d'une route, et repartir vers le village. Mais quelle beauté ce village ! Des petits chemins sinueux entre les bâtiments, de la céramique un peu partout, aucune voiture, c'est tranquille comme tout. On s'est arrêtées au Joe's Bar où on a mangé un bon repas et une crème glacée maison aux fruits de la passion, avant de commencer notre randonnée. Pendant quelques heures, on a longé d'immenses falaises, entendu le son des vagues et rencontré des surfeurs. Le village de Paul do Mar est tellement laid. On n'a même pas compris comment il pouvait avoir si peu de charme en comparaison avec son voisin Jardim do Mar. On prend un mojito au Maktub Bar, et là, quelle surprise ! On ne peut pas revenir en bus, car la route est barrée et, d'autant plus, le chauffeur du bus habite dans le village voisin, donc il arrête maintenant son trajet juste avant. Misère ! On a encore appelé Bolt. Le soir, on va fêter ma dernière soirée au Bar Romao, en souvenir de mon arrivée rocambolesque dans ce même lieu il y a quelques jours. On avait invité Éric, un musicien et poète français originaire de la place, à se joindre à nous, mais finalement ça nous a juste donné envie de quitter plus tôt.

J'ai été stressée toute la randonnée, à constater le nombre de morceaux de falaises qui gisaient maintenant à nos pieds.


Nous avons marché pendant des heures sur ces gros galets dont certains étaient si ronds qu'on aurait dit des œufs de dinosaures. 

La chute et des dizaines d'oiseaux nous attendent lors de l'arrivée à Paul do Mar.


Le Maktub, petit bar très coloré, probablement la seule place cute à Paul do Mar.

Jeudi, on décide de faire une dernière folie pour le jour de mon départ. Ariane a eu l'envie soudaine de se faire percer le nombril. Elle a écrit à un tatoo shop qui lui a dit qu'il pouvait la prendre now. J'aime beaucoup trop ce genre d'aventures spontanées pour refuser de suivre. On se rend au tatoo shop à la marche rapide, j'ai déjà chaud. Mais rien en comparaison à ce que nous allons vivre. Sans grande surprise, même le tatoo shop n'était pas organisé. Quand Maïté s'était fait percer elle avait rempli des formulaires et des formulaires et des formulaires. Ici, on n'a même pas pris le nom d'Ariane. Pas grave, tout va bien aller ! C'est encore plus drôle. Je tiens la main d'Ariane et j'ai chaud. Ariane aussi. Je suis stressée pour elle ! La perceuse fait son travail et je vois la douleur dans le visage de mon amie que j'essaie de rassurer, parce que c'est vraiment trop joli, mais elle n'a rien vu encore, elle a juste mal. C'est le temps de payer et le commerce ne prend pas la carte. Avons-nous des euros sur nous ? Non ! Sauf... mon 50 € d'urgence dans mon soulier ! Il n'y a pas de meilleure occasion, c'est le temps de le sortir. Je m'excuse d'avance à la fille à qui je donne un bout de papier qui traîne sous ma semelle depuis quatre mois. Je me remets tranquillement de mes émotions, même si je n'ai rien vécu. Ariane était très drôle. Dans la rue après, elle était encore sur l'adrénaline et tournait en rond dans l'intersection à la recherche de son chemin sur Google Maps pour se rendre à notre dernier arrêt, le Barreirinha Café. On s'est posées, on a pris une bonne bière et on s'est ensuite dirigées vers l'aérobus, en direction de l'aéroport de Funchal.

La statue en l'honneur du joueur Christiano Ronaldo, né à Madère. On voit bien les endroits qui sont usés sur cette statue...


Promenade dans la capitale, Funchal.


La Banco de Portugal.


Les couleurs sur cette photo sont tellement apaisantes.


La vue que nous avions à partir du restaurant Barreirinha Café, pour mon dernier repas sur l'île.

Je comprends l'intérêt des jeunes travailleurs nomades à venir s'installer temporairement ou pour plus longtemps sur cette île qui leur permet de jumeler le repos et le travail. Mais j'ai appris que ce mode de vie n'est pas nécessairement pour moi. Je pense que mon repos à moi ne se trouve pas sous une feuille de bananier, il se trouve davantage dans le fait de me trouver dans un cadre bien défini, fonctionnel et logique. Mon pays est tellement rigide, mais je m'y sens confortable justement pour cette raison. Suis-je anormale ? C'est comme si on m'avait offert le cadre parfait pour lâcher prise, mais que ceci m'avait fait l'effet contraire. Je ne maîtrise clairement pas l'art du lâcher-prise. Mais j'ai été à Madère seulement une semaine. Je n'ai pas eu tout le temps souhaité pour apprendre et comprendre le fonctionnement de cette petite société. Mais Ariane y demeure pour deux mois et elle a déjà fait plein de découvertes. 

Cette fille sait vraiment voyager ! Elle pense à tout. Elle est curieuse envers les gens, leur culture et leur nourriture. Elle fait des efforts pour parler dans la langue locale et acheter des produits locaux directement des producteurs. Elle est aussi beaucoup informée, avec son petit guide local qu'elle traîne partout. Et surtout, elle ne s'en fait pas trop quand le bus ne passe pas. Elle a plein de vêtements et autres trucs aux propriétés idéales (qui sèchent vite, qui vont dans l'eau, qui se lavent avec les rayons du soleil, qui se plient en 1 cm cube, qui se mangent, qui se liquéfient, qui se transforment, bref, on comprend!). Une vraie voyageuse ! Ça va me prendre quelques astuces de sa part. J'aimerais quand même noter ici ma fierté d'avoir voyagé une semaine complète avec seulement un sac de 20 L en bas de 8 kg. Ma capacité à voyager léger et ne traîner que le nécessaire s'améliore constamment. 

Merci à mon amie, de m'avoir permis de découvrir ce paradis insulaire et d'en apprendre plus sur sa façon de voyager ! Maintenant, je retrouve mon chauffeur privé, ponctuel comme un Allemand, à la sortie de l'aéroport de Düsseldorf.

Vue de l'avion sur les Ilhas Desertas, un archipel d'îles inhabitées de Madère, juste en face de Funchal. 


Max m'amène à Wuppertal pour trois jours, en attendant de me déplacer vers Bremen le dimanche suivant.


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