Jour 182 | La gargouille rebelle

Rebellischer Wasserspier

En quittant la France pour retourner en Allemagne, j'avais prévu de faire un arrêt à Freiburg im Breisgau pour visiter cette ville au milieu de la Forêt Noire. Plein de gens m'en avait parlé, car elle méritait le détour. Freiburg est une ville sympathique de taille moyenne située dans l'état de Baden-Württemberg. C'est à partir de là que je prenais le train vers Karlsruhe, et ensuite vers Stuttgart, pour passer les derniers jours de l'année 2022. Bjorn, Véronique et Pascal m'ont accompagné dans ma visite. Après notre semaine en France, à parler français avec la famille, Bjorn en a presque oublié où il était. On a surpris notre néerlandais préféré à parler français à des allemands à quelques reprises. Un petit bug de cerveau !

La ville de Freiburg est sillonnée par des canaux (Bächle) qui transportent l'eau de la rivière Dreisam à travers la ville depuis les années 1250. L'eau est propre et froide. C'est commun d'y voir des enfants faire des courses de petits bateaux en papier ou en plastique durant les mois d'été. J'ai lu une jolie légende à ce sujet : si une personne non mariée tombe dans l'un de ces petits canaux par inattention, elle est destinée à marier un Fribourgeois. Heureusement, je ne suis pas tombée dedans, mais j'essaierai autant que possible de tomber par inattention dans la Rhein River à Düsseldorf, pour au moins me marier dans ma ville préférée. La chose est juste un petit peu plus risquée.

Petit moment sur une terrasse sur la place de l'église avec Bjorn, Véronique et Pascal, le 28 décembre. Merveilleux ! 

À quelques pas de la Münsterplatz se trouve un sentier pour faire l'ascension vers le point de vue Ludwigshöhe, où se trouvait auparavant un château qui n'existe plus.

Pascal et Véronique dans la Klein Venedig (Petite Venise) de Freiburg.

Les horloges coucou sont populaires dans ce coin du pays. C'est le symbole de la Forêt Noire. Des magasins vendent des coucous avec des certificats d'authenticité dont le prix peut aller jusqu'à plus de 1 200 €. C'est vraiment des belles petites bébelles mécaniques. Le gars du magasin était tellement passionné de coucous, qu'il reculait l'heure de 5 secondes sur chaque coucou pour qu'on puisse voir le petit oiseau sortir. Un jour, j'aurai mon propre coucou. Mais pas lui à 1 200 €.

Dans un magasin d'horloges coucou.
 
Les gens font du vélo à l'année longue, c'est tellement pratique et ça maintient un peuple en santé ça ! 

Il existe une drôle d'histoire à propos de la Freiburger Münster, cette belle église gothique autour de laquelle se trouvent la Münsterplatz d'un côté et la Rathaus de l'autre. La légende locale raconte que la personne engagée pour réaliser tout le travail de finition, dont les gargouilles, n'aurait finalement pas été payée. À l'approche de la fin de son travail colossal sur cette église, le travailleur pose alors une dernière gargouille. À l'inverse des autres, celle-ci montre vulgairement son derrière, comme si elle déféquait sur l'hôtel de ville. Et depuis ce jour, elle est là, avec un tuyau dans le derrière qui sert de gouttière au bâtiment le plus religieux de la ville. De toute beauté !

La flèche de la Freiburger Münster, haute de 116 m. Sur cette photo, on peut difficilement distinguer la gargouille impolie, mais je l'ai vu de mes propres yeux et je l'ai trouvé bien rebelle.

Bradwurst appétissantes.

Bjorn et moi, après avoir englouti notre Bradwurst.

Vue sur la Freiburger Münster et la Schwarzwald à partir du point de vue Ludwigshöhe.

Devant la Schwabentor, l'une des deux portes de la ville, construite autour des années 1250.

La famille me laisse à la gare principale de Freiburg, où j'attends mon train. Freiburg aura été la 61e ville que j'ai visité depuis le début de mon voyage, avant d'arrêter pendant un moment pour me concentrer sur d'autres projets. Je suis plutôt fière d'en avoir vu autant sans même que ce soit planifié. Dans le train, je croise un jeune allemand habitant maintenant en Angleterre, qui fait le même chemin. Il était tellement yolo. Il aurait manqué sa correspondance au moins huit fois si je ne lui avait pas dit de s'activer un peu entre les plateformes au lieu de me vanter sa nouvelle vie londonienne. Parle parle, jase jase, il m'invite à prendre une bière quelque part en ville, en arrivant à Stuttgart. J'ai accepté, en échange qu'il traîne mon sac à dos. Quel était son nom déjà ? Jan. 29 ans. Trop jeune et ça paraissait dans son attitude. Ouin, il ne m'a pas beaucoup marqué, et l'inverse est probablement vrai aussi. Mais j'ai adoré sa spontanéité et je lui ai offert sa bière. Bonne vie, young British wannabe !

Le lendemain, je vais prendre une bière avec Nils, un charmant vendeur de solutions d'intelligence artificielle pour IBM. Il m'invite chez Mon Petit Café, un parfait café/bar dans le quartier Bad Cannstatt, où il habite. Je fais toujours beaucoup d'efforts pour arriver à l'heure pile, pour impressionner les allemands que je rencontre, et j'ai tellement bien réussi que je suis arrivée avant lui. Ça me plaît bien, ce trait de leur personnalité, d'être toujours aussi ponctuel. J'ai passé un super bon moment, sans prétention. On a fermé le bar en se disant que ce serait bien de se revoir. Je lui ai proposé de m'accompagner à un concert le lendemain pour lequel j'avais acheté des billets, mais c'était malheureusement complet. Le lendemain, Nils me réécrit avant mon concert, pour savoir à quelle heure ça termine et me propose une deuxième soirée. 200 % yes ! 

J'aurais aimé découvrir le quartier Bad Cannstatt avant. C'était un très beau quartier de Stuttgart. 

Mon spectacle était à Marmorsaal, dans Weißenburg Park. Ce concert avait piqué ma curiosité : les meilleurs hits de Coldplay, joués au piano, dans une salle éclairée uniquement à la chandelle. Je m'étais dit que ceci terminerait bien l'année. C'était très beau. La musique, la salle, même la température était bonne. C'était une toute petite salle, et pour s'y rendre, j'ai du traverser un parc totalement obscur. Quelle surprise d'accéder à un concert comme ça au beau milieu de nulle part. 

L'ambiance super cosy dans la Marmorsaal à l'occasion du concert au piano.

Je quitte le concert et j'ai un message audio de Nils, qui me propose de passer la soirée chez lui avec du vin et des snacks. Je me rends de nouveau à Bad Cannstatt, en prenant un raccourci dans un cimetière avant d'arriver chez cet étranger que je connais à peine. Oui, full prudent. L'appartement est vraiment spacieux, bien décoré, avec des plantes partout, de grandes fenêtres et des plafonds hauts. Au cours de la soirée, j'apprend qu'il cuisine , fabrique ses propres meubles, sait s'occuper des plantes, fait de la lecture, écoute de la musique et voyage. Tout un score ! Et il est allemand (bonus + 2500 points). Il est tout à fait craquant avec ses fossettes, ses yeux foncés, son col roulé gris et ses pantalons inexplicablement sexy, un genre de pantalon conçu pour chiller, parfaitement bien ajusté. J'aime bien les soirées simples comme ça, à parler et écouter de la musique. Ce sont les meilleures. Comme toujours, plus l'heure avance, plus je me trouve à cours d'options pour retourner chez moi. Ce gentleman m'a appelé un shuttle semi-privé, opéré par SSB Flex. Une minivan est venue me chercher près de sa porte, et m'a déposée près de la mienne, en quelques minutes seulement, au lieu de me taper un trajet de 1h40 en train, qui m'aurait normalement pris 25 minutes en pleine journée. Ce gars, parmi tous ceux que j'ai rencontrés, était définitivement une coche (ou deux, ou trois, ou mille) au dessus. Parmi les rares que j'aurais aimé connaître plus. Hélas, je quitte Stuttgart dans moins d'une semaine et je ne reviendrai pas ici.

À travers tout ça, ça fait 6 mois que je suis ici ! Je réalise que je fais une chose que je ne faisais jamais avant : prendre le temps de m'arrêter et de réaliser ce qui m'arrive. Je prends toujours quelques minutes pour observer où je suis, qui sont les gens autour de moi, pourquoi je suis là. C'est un peu inconscient. Je l'écris souvent ici dans mon blog, parce que j'ai envie de me relire dans quelques mois ou années et me souvenir de ce sentiment de profond bien-être. Il faut toujours que je cherche à avoir ce feeling. Rien de moins. Il y a exactement 6 mois aujourd’hui, je saluais la famille au Québec et je mettais les pieds en Allemagne. Sans trop savoir où allait mener ce voyage, je me suis sentie bien dans mon nouveau pays dès le jour 1. Je suis constamment stimulée intellectuellement et culturellement ici, je ne m’ennuie pas seule une seconde, même si je suis toujours seule. Ce voyage, c’est le mien à 100%. Prost !

Commentaires

  1. Chère Claudia, comme c’est intéressant de te suivre dans cette si riche partie de ta vie! Que de belles rencontres, découvertes!! Bonne continuation xx

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