Jour 186 | Entre 2022 et 2023

Inswischen 2022 und 2023

À quelques heures de la fin de l’année 2022, je repense à quel point cette année est marquante. J’y ai vécu des turbulences au travail en début d’année, la vie nous a enlevé notre papa avec qui on a passé de très beaux moments et traversé les émotions les plus difficiles en famille puis, quelques semaines après, débutait ce voyage qui fait déjà de moi une personne plus débrouillarde, curieuse et fonceuse.

Encore une fois, j’ai le privilège de rejoindre une famille généreuse pour le nouvel an : la famille Van den IJssel, composée de Rob, Barbara, Bjorn, Anouschka et Ziggy. Non Ziggy n’est pas un nom néerlandais, c’est le nom du chien de la famille. Je quitte la gare de Stuttgart à 7h13 du matin. 7h13, c’est bien trop tôt, après avoir passé la soirée chez Nils jusqu’aux petites heures. Un premier train m’amène à Koblenz. J’ai souvent fait ce trajet le long du Rhin quand j’habitais à Mainz. Je me rappelle à quel point la route entre Mannheim et Koblenz traverse la plus belle région que j’ai vue de tout le pays, avec ses nombreux petits villages et ses châteaux au sommet des collines. En partant de Koblenz, c’est un autre trajet tout aussi magnifique qui longe cette fois la Moselle, un autre fleuve dont les villages riverains sont reconnus pour leurs vignobles. J’arrive alors à Wittlich, là où je dois prendre un bus qui se rend à Zeltingen-Rachtig, un tout petit village (fantôme) de 2 000 habitants. Oui, le jour de l’an était vraiment dans le milieu de nulle part. Mais cet endroit était unique et très reposant. Il faisait 17 degrés cette journée là !

L'entrée (la seule) du village de Zeltingen-Rachtig.

Probablement 100 % des maisons du village, aux abord du fleuve de la Moselle.

Marche dans les vignobles pentus.

Mon petit gîte sympathique, le Restaurant Hotel Ehses.

La Katolische Pfarrkirsche St. Stephanus de Zeltingen, une petite église sans prétention.

J’avais réservé une petite chambre dans un gîte à environ deux kilomètres de celui où restaient Bjorn et Maïté. J’ai fait une sieste, ma foi nécessaire, dans ma chambre sur les bruits de fond de mon voisin dont j’entendais tous les mouvements, incluant sa toux, ses pets et toute sa besogne dans la salle de bain… puis je suis allée marcher le long de la Moselle et dans les vignes en haut de mon gîte. Le soir, on se rejoignait tous au restaurant Beth’s Römerkeller, dans le village de Kröv. J’étais contente de retrouver ma Anouschka. Elle était toute jolie, avec ses beaux yeux verts de chat, son grand sourire et sa belle robe noire en tricot. Je suis tellement chanceuse d’avoir rencontré cette famille.

Le chef a choisi un menu totalement décadent pour l'occasion de la Silvester 2022.

L'entrée : Vitello Tonnato.

Anouschka et moi, sur d'imposantes balançoires en fourrure et cordes qui entourent le bar.

À l’approche de minuit, je deviens toujours stressée de manquer de temps. Du temps pour faire quoi au juste ? Je sais pas trop. C’est comme si je deviens pressée dans les dernières minutes, et qu’il faut que je pense à ce que j’ai envie de laisser en 2022. Zehn, neun, acht, sieben, sechs, fünf, vier, drei, zwei, eins, FROHES NEUES ! Voilà, 2022 se termine. Comme ça. C’est arrivé tellement vite. On dirait que pendant la toute dernière seconde, j’ai eu le temps de réaliser où je suis, avec qui, comment je me sens et comment je suis arrivée là. J’ai accueilli chaque épreuve qui s'est présentée en 2022 et ceci m’aura amenée exactement là où je voulais être à ce moment précis. Dehors, il y a des feux d’artifices à n’en plus finir, on est sur la terrasse sans manteau, il n’y a pas de neige, il fait bon et frais. Maïté et Bjorn sont amoureux, les parents Van den IJssel doivent être remplis de fierté de voir leurs deux beaux enfants faire leur chemin dans la vie avec autant de succès, Ziggy chill sous la table à l’intérieur du restaurant. Et à cet endroit sur la planète, il y a moi. Qui regarde tout ça en me faisant une p’tite tape dans le dos d’avoir traversé cette année, entre deux gorgées de Sekt. Bjorn et Maïté me ramènent à mon gîte vers 1h. On se reverra tous le lendemain pour faire la tournée des marchés de Noël dans le village Traben-Trarbach.

C’était vraiment bien organisé ces marchés. Il y avait comme un circuit dans différents endroits de la ville, tous accessibles à pied, dont la plupart étaient des marchés souterrains dans des caves à vin. Entre Bradwurst, Flammkuchen et Glühwein, des artisans et des producteurs de vin et spiritueux présentent leur travail. Il y a vait même un concours de sapin de Noël dont certains rivalisaient par leur laideur. Fidèle à mon habitude, j’ai été intéressée par une chose inusitée, une vieille ruine de château au sommet d’une colline de l’autre côté du fleuve. Je me disais bien que la vue de la Moselle à partir de cette ruine devait être bien jolie. Le château de Grevenburg, dont la construction date du 14e siècle (1350-1357) était un château fort médiéval. Après une période de paix d’environ 300 ans, le château a été sans arrêt au milieu de querelles, réquisitionné un jour par les Espagnols, l’autre jour par les Suédois, ensuite les Français, ensuite les Hollandais, les Danois, puis les Hollandais encore. Finalement, les maudits Français ont fait sauter la place en 1734, ce qui en a fait une vieille ruine depuis ce temps. Au moins ils ont arrêté la chicane. J’espère qu’il était beau pour avoir été si souvent réclamé par différents peuples.

Vue en hauteur du village de Traben-Trarbach et de la Moselle.

Les ruines de Grevenburg.

Jolie petite maison typiquement allemande à proximité des ruines de Grevenburg, habitant un restaurant en saison.

La vallée de Traben-Trarbach. Comment la lumière était belle ce jour là ! Quand je regarde ça, je me dis que je suis chanceuse d'avoir eu ça sous les yeux. Il ne suffit que de peu de kilomètres de montée pour accéder a ce genre de beauté.

Sachant qu’il n’y avait pas trop de bus disponibles le premier jour de l’année, je n’ai pas osé prendre le dernier qui allait me ramener à la gare de Wittlich. C’est la première fois que je n’ai pas fait confiance à la DeutscheBahn. Le délai de 6 minutes entre l’arrivée du dernier bus à la gare et le départ de mon train vers Stuttgart était trop risqué. J’ai donc attendu, non pas une, mais deux heures, à ne rien faire, dans le village le moins intéressant de l’histoire de l’Allemagne : Wengerohr. Ce n’est pas tout, mon train a été retardé en cours de trajet pour Passenger medical treatment on board. Puis le second a été retardé pour cause de Polizei activity. J’avais froid, j’avais faim, j’avais pas mal hâte d’arriver !

Les écrans affichant l'heure et les prochains trains de la gare de Wittlich étaient la seule attraction du village de Wengerohr. 
 
Le lendemain, c’est ma dernière soirée à Stuttgart. J’ai rempli mon sac à dos mauve pour la septième fois. Oui, après sept déménagements, j’arrête et je retourne là où j’ai toujours eu envie d’être : Düsseldorf ! J’ai fait tout le ménage de l’appartement pour apprendre à mon désagréable hôte ce que devraient être ses standards de propreté quand il loue son appartement, et j’avais ensuite de la disponibilité pour passer du bon temps en soirée. Je ne pouvais pas quitter cette ville sur une note poche, il fallait que j’y associe un autre bon souvenir. Comme les seules choses positives dans cette ville ont été les rencontres que j’y ai faites, j’ai texté une trâlée de monde. And, here come die Geister von Stuttgart ! No news de personne. Mais qu’est-ce qui se passe ? Je suis allée marcher un peu bredouille sur ma rue préférée, la Königstraße, et là j’ai reçu des nouvelles de Jim ! Yes ! On se donne rendez-vous à Rotebühlplatz et on fait une tournée des bars. Biddy Earlys Irish Pub, Oblomow Pub et Kap Tormentoso, tous des bars où ça fume à l’intérieur. Je suis revenue à la maison avec un dégoût prononcé envers l’odeur de tous mes vêtements. Ça y est, je vais sentir la cigarette pour le reste de ma vie.

Voici un cendrier dégueulasse trop près de ma bière.

Le pub Oblomow.

Des dizaines de globes terrestres au plafond du Kap Tormentoso.

Je prends le train le lendemain vers Mannheim, puis vers Düsseldorf. En chemin, on passe par Frankfurt Flughafen, là où tout a commencé. Il y a six mois, je faisais ce trajet. Ça ne faisait même pas une heure que j’étais dans le pays. Le 30 juin 2022, j’avais mon gros sac mauve, il faisait chaud, j’ai monté à bord d’un ICE pour la première fois. J’avais les yeux tellement grands pour emmagasiner le maximum d’information. Ça, ça n’a pas changé. Ce voyage, je le vis avec tous mes sens, à chaque seconde.

Trajet matinal entre Stuttgart et Düsseldorf.

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