Jour 277 | Un party pour tous les sens
Ein Fest für alle Sinne
Je ne tiens plus en place. Nous sommes le dimanche le 2 avril et maman vient de quitter Rimouski avec sa petite valise. Elle passe deux jours chez Francis et prend son vol mardi. Je vais avoir ma petite maman à côté de moi, dans mon magnifique pays. Son avion atterrira au même moment que mon train me laissera à l'aéroport de Frankfurt-am-Main. Maman est stressée et émotive de partir seule, mais ça va bien aller. Elle n'a pas peur que son avion s'écrase, contrairement à moi.
Donc, dans quelques jours, on partira pour trois semaines à découvrir la Bavière. Je ne sais toujours pas quels sont mes plans après le départ de maman. Mais, tant qu'à être à Munich, je pense peut-être me rendre à Vienne (Autriche) et Bratislava (Slovaquie), puis revenir par Innsbruck (Autriche), pour sauter en bungee avec Sven, un collègue de Bremen, et faire quelques randonnées en hauteur avec Fred, mon ami boulanger français rencontré au Québec il y a quelques années. Normalement, je devrais être de retour à Düsseldorf dès le premier jour de juin, dans mon propre appartement. C'est mon plan, mais je n'ai encore rien planifié. Je sais déjà que je vais être à la dernière minute et capoter devant tant d'options.
Düsseldorf, c'est ma ville, c'est un succès sur toute la ligne. Je veux tellement rester ici que ça fait trois fois que je déménage dans cette même ville. J'y ai fait et j'y fais toujours de belles rencontres. Une mise à jour s'impose sur mes plus récents épisodes de dating. Pourquoi ça de l'importance dans mon récit de voyage ? Parce que ça fait de drôles d'histoires. Est-ce que je cherche quelque chose ? Non, rien du tout. En fait oui, le thrill de ne jamais savoir l'issue de ces rencontres : des moments ordinaires ou extraordinaires partagés, des amitiés, des conversations, des recommandations, ou quoi que ce soit qui laisse une marque sur mon chemin. Donc, pour l'occasion, j'attribue même des sous-titres à mon blog pour la première fois, parce qu'il faut bien s'y retrouver. J'en connais une qui est même parfois un peu mélangée dans toutes ces histoires (allô Maïté, ma sainte amie qui reçoit constamment mes coordonnées géographiques et un ramassis d'information pour identifier mes futurs assaillants).
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Living ma best life à Düsseldorf sur la Schadowstraße, en attendant l'arrivée de maman. |
Des tulipes à minuitMitternachtstulpen
J'ai revu en mars le charmant Roumain, Alex, que j'avais rencontré en juillet, et avec qui je n'ai jamais perdu contact. Depuis, il est déménagé à Heilbronn, mais on s'écrit de temps en temps pour se donner des nouvelles, de même, toujours de façon aléatoire. Un beau jour, il m'écrit qu'il a une réunion à Düsseldorf et demande si je peux l'héberger. Ben clairement oui. Ce gars a tellement une belle énergie. On peut être niaiseux, sérieux ou lovers ensemble, c'est toujours bien placé. Il est 23h30, je suis déjà endormie, et il arrive chez moi à ce moment avec un bouquet de fleurs, un assortiment de fromage, une bonne bouteille de vin et des fruits. Que j'aime cette spontanéité. Il n'y a pas un seul sommeil profond qui va m'empêcher d'être partante pour ce genre de soirée de rires, de cuddles et de vêtements qui finissent toujours par prendre le large avec cet ami là ! Auf wiedersehen, certainement !
Pedal to the metalVollgas
Je suis allée faire du karting pour la première fois de ma vie avec Bastian, un mec super rencontré en juillet. Décidément, c'est le festival du recyclage d'anciennes dates du passé ces jours-ci. Je le rejoins chez lui, là où j'ai pu essayer mes équipements de sport motorisé. La piste se trouve dans la ville de Kaarst. C'est comme un jeu de Mario-Kart géant, cette affaire là. Je suis assez fébrile de conduire cette petite machine, en présence de ma date qui, je le mentionne, conduit régulièrement une motocross. Les instructions me sont données en privé, spécialement en anglais. Autrement, j'aurais sans doute été un danger routier et on aurait crié à la fatalité. Déjà que dans le feu de l'action, j'ai inversé ma gauche et ma droite pour dépasser les voitures des autres. J'enfile mon gros casque qui est connecté en Bluetooth avec celui de Bastian et je prend place dans mon kart, en me demandant comment je me suis retrouvée là, moi la outsider, sur une piste de go-kart, dans une ville perdue entre Düsseldorf et Mönchengladbach, avec 11 autres racers habitués. L'instructeur démarre ma machine à la manière d'une tondeuse à gazon, j'entends Bastian me dire : Pedal to the metal ! Il n'en prend pas plus pour que j'appuie sur le champignon et prenne goût à ces quelques tours de piste. J'ai terminé la dernière du groupe, sans surprise, un peu gênant quand t'accompagnes le premier... ça ne m'a pas empêché de recevoir un baiser de consolation dans la voiture. Mais j'ai pas tant ressenti de fit. À retenter la semaine suivante !
On se revoit au réputé restaurant L'Osteria, une chaîne où ils servent des pizzas de 50 cm qui dépassent de l'assiette de tout bord tout côté. Je ne peux pas croire que le resto n'aie pas prévu des assiettes plus grosses dans son vaisselier. Il faisait au moins 800 degrés Celsius dans ce restaurant, ou ben c'est le gars qui me fait rougir je sais pas. Après le repas, on se rend sur la Altstadt en commettant une triple infraction : être deux sur un seul E-Roller, avec quelques verres dans le nez, dans une zone interdite. Wegbier de kiosk à la main, on prend une bonne marche en direction de chez lui. C'était une dès premières soirées chaudes à Düsseldorf. L'air était tellement bon ce soir là, tellement que ça faisait du bien à la peau. On aurait dit que j'avais envie de rester là à l'infini, sur le bord du Rhin, en compagnie, dans le noir, en sécurité. Finalement, la prise 2 des rapprochements s'est conclue en un inconfort total. Heureusement, c'est un maudit bon gars et il m'a ramenée chez moi par la Autobahn à 2h du matin. Je pense que du même coup, mon tour de motocross dans le Bergisches Land est tombé à l'eau.
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La piste de karting RS Speedworld de Kaarst. |
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Prête à affronter les dangers de la route. |
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Le tableau d'honneur, ou de déshonneur, en mon cas. |
À coups de marteauHammerschläge
Un mercredi aléatoire, je prends deux trains pour rendre visite à Ben, un solide allemand originaire de Berlin, de 10 ans mon ainé. Je dis solide, il était solide ! Grand, gentleman, terre-à-terre, intelligent, belle voix et belle allure. Un vrai oui sur toute la ligne. Je me rend dans la ville de Bonn, à environ 1h30 de Düsseldorf. Bonn est l'ancienne capitale de l'Allemagne de l'Ouest, avant que la réunification ne fasse en sorte que Berlin lui enlève son titre. C'est aussi la ville natale de Beethoven. Déjà, juste la ville est intéressante en soi, et j'ai un guide personnel pour me la faire visiter. On se rencontre au pied de l'escalier à l'intérieur de Thalia. C'est le fun que les allemands marchent autant, ça fait rouler mon compteur de pas à plein régime. On termine la soirée dans un bar dans la vieille ville où on partage quelques bières. Dieu que je bois de la bière dans ce pays, c'est exagéré. Mais elles me sont gentiment offertes. Comment refuser ! Ben m'apprend qu'à l'âge de 8 ans, il est descendu dans les rues de Berlin avec ses parents, pour participer à la destruction du mur de Berlin, avec sa pioche, oui oui. Ça c'est de l'histoire ! Je ne me suis jamais sentie si près de l'histoire allemande à ce moment. Au sens figuré, parce que non, j'étais pas proche proche. Mon statut temporaire de canadienne perdue en Allemagne ne concordait pas avec sa recherche d'une partenaire de vie. J'ai peut-être passé à côté de mon visa à ce moment.
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Promenade sur le bord du Rhin, sous la pluie. |
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Bonngasse 20, la maison ou a grandi le compositeur Ludwig van Beethoven |
Paysagiste de métierLandschaftsgärtnerin von Beruf
Un jour de semaine bien normal en classe, nous recevons un nouvel étudiant, venu faire une journée d’essai. Hans est arrivé du Mexique la semaine d’avant, dans le but de s’installer à Düsseldorf. Personne ne lui parle, tout le monde fait comme si de rien était. Voyons ! Moi, je vois là une occasion de faire du networking avec un nouveau pays que je n'ai encore jamais rencontré. Yes ! On échange nos numéros et on se donne rendez-vous le samedi suivant au Kasematen. Bon, on ne se connaît pas du tout, on commande deux grosses (énormes!) bières de 1L et une Flammküchen. Au fil de la discussion, Hans essaie de deviner ce que je fais comme travail et me sort les options les plus incongrues jamais entendues. Donc, il parait que j’ai une face de vendeuse d’outils d’aménagement paysager en ligne (!?), que je fais peut-être de la politique ou que je suis une auteure. Je pense que je n'en suis pas encore revenue du premier guess, c'est très niché comme métier. Je dois toujours 20 € à Hans. Je l'écris ici pour ne pas oublier, en espérant que lorsque j'immortaliserai mon blog sous forme de recueil de voyage, ce ne soit plus le cas. Mais la soirée n'est pas finie, après cette rencontre au Kasematen, j'avais un second rendez-vous pas trop loin. Fallait quand même pas qu'ils se croisent... oups ! On garde contact, étant donné qu'on fréquentera la même école de langue ! Ça pourra devenir un ami sympa.
2L avant. |
-2L après. |
Sans titreOhne Titel
Non, c'est pas un oubli, le titre, c'est vraiment ça. Le paragraphe sera court. Mon litre de bière venait de me claquer une de ces fatigues, le gars n'est pas trop de mon goût, dégage un certain manque de confiance, alors qu'il en était tout autre dans nos brefs échanges. Tsé quand t'es déçue d'avance. Je termine une seule bière, remercie Timmy en sachant très bien qu'on ne se reverra pas, puis je reprends la route vers Benrath. L'attente de mon S-Bahn à la gare de Düsseldorf a été plus longue (et aussi plus palpitante) que cette rencontre. Mais, j'ai aimé le Irish Pub et le fait qu'il y avait plein de chiens dans le bar !
Kiss from MoldovaKuss aus Moldawien
Attention, j'ai gardé le meilleur pour la fin de mes récits de dating à Düsseldorf, celui à qui on doit le titre de l'article. Comment dire, j'ai échangé au maximum 10 lignes de texte avec cet inconnu originaire de la Moldavie qui habite à Munich, en visite chez sa sœur à Düsseldorf pour le week-end. Je n'avais absolument aucune idée de ce que ça allait donner, mais pourquoi pas. Je rencontre Andrei à 21h vendredi soir en face de la brasserie Kürzer, qui était ben bondée. Le pauvre m'attendait sous la pluie battante, poliment, à l'heure, et avec son ti manteau de sport. L'impression dans le premier quart de seconde : ce gars est top-level, quel sourire, quels yeux et quelle aisance. Le courant passe instantanément, même pas un quart de seconde de doute, on se déplace pour trouver un autre endroit et il me propose Ürige, mais je connaissais déjà l'endroit. Dans mon livre à moi, si je suis déjà allée à un endroit, j'essaie de ne pas y retourner. Donc, on atterrit à la brasserie Zum Franz. Autour de moi : chansons de Karneval à tue-tête, Altbier en fût, quelques monsieurs ivres qui nous poussent dans le dos, des machines à sous et ce gars définitivement too hot to handle dont le tabouret se rapproche subtilement de mon tabouret.
On échange sur des sujets intéressants que j’ai complètement oubliés. Je perds le fil dans ses yeux bleus pâles et il perd le sien à me regarder parler. Sans que je l’aie vu venir, entre deux tounes de Helene Fisher, c'est pas seulement son tabouret qui était proche du mien mais son visage au complet alors qu'il me coupe la parole, de même, en m'embrassant. Là, c'est officiel que je ne sais plus ce que je disais. S'en suivit une série de frenchs dont les qualificatifs oscillent entre passionnés et vulgaires, accotés sur le comptoir de ce petit bar. Après 14 bières (également partagées, quand même!), je me foutais pas mal de ce que les autres clients pouvaient bien penser de voir autant de langue. Je faisais juste apprécier ce goût, son parfum, ses mains, ses épaules de nageur athlétique. Le goût surtout, on dirait qu'il y avait un fit chimique parfait, comme un party pour tous mes sens.
Il paie la bière et on se dépêche vers la station U la plus proche, bras dessus, bras dessous, bras dans le dos, bras plus bas. Mais là, où aller à 2h30 du matin ? Il est tard et on arriverait chez moi dans une heure, c'est ce qu'il propose. On embarque dans le train en direction de Benrath. Et là, je le vois douter, dire oui, dire non, réfléchir, que faire, quoi ne pas faire, est-ce que j'y vais, est-ce que j'y vais pas, whyyyyy don't you live in the city center ! Et c'est ainsi qu'au 6e arrêt, il décide de rebrousser chemin parce qu'il a un maudit Frühstück très tôt. J'en veux vraiment au Frühstück et à la localisation de mon appart en ce moment. And this is how the story ended, aussi vite qu'elle a commencé. Dans le dernier wagon du U71 en direction de Benrath, on s'est donné ce baiser d'adieu, les portes se sont fermées entre lui et moi. Je le voyais regretter/rager de ne pas avoir osé. Et moi de mon côté, je me demandais juste pourquoi il n'a pas été un ti peu plus yolo ce soir-là ! Der Zug ist leider jetzt abgefahren... C'est correct aussi que la soirée se termine. Tout ça était tellement dans l'instant présent, sans aucun filtre, sans aucune gêne. Le moment peut s'arrêter là, ainsi il ne se gâchera jamais. La seule chose qui n'est malheureusement pas restée assez longtemps, c'est l'odeur de son cou sur mon chandail ! Man trifft sich immer zweimal im Leben, me dit-il le lendemain. On verra, bel inconnu !
Et c'est sur cette note que je commence ma dernière semaine de cours de langue, avant de recevoir maman et d'entreprendre ensemble un autre type de tourisme !
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14 bières plus tard. |
🎶🎶Ça sent la bière de Londres à Berlin, ça sent la bière, 🎶 Dieu qu’on est bien…🍻🍺
RépondreSupprimerBonne continuation Claudia!
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