Jour 282 | Montréal - Frankfurt

Dans la nuit du 4 au 5 avril, je n'ai pas fermé l'œil. Je pensais juste à maman qui était au dessus de l'Atlantique et j'espérais qu'elle n'avait pas peur en avion. Elle faisait le même trajet, entre Montréal et Frankfurt, que j'ai fait moi-même le 29 juin dernier. J'avais tellement attendu ce moment. Et enfin, maman arrivait demain. C'est pas possible ! Ma petite maman qui va être là en chair et en os en Allemagne avec moi, à marcher sur le même sol, à regarder les mêmes arbres, à respirer le même air. 

À 5h45, je quitte Benrath en direction de la gare principale de Düsseldorf. L'avion de maman arrive à 8h05 et mon train au même moment. Je suis arrivée à l'aéroport et j'ai eu le temps de me perdre un ti peu à travers le terminal 1 avant de finalement trouver par quelle porte maman allait arriver. Alors je me suis assise, et j'ai vu sur les tableaux d'affichage que le vol en provenance de Montréal était atterri. J'espère que tout se passe bien pour maman ! Mais elle a quand même un petit mot imprimé avec mon adresse, mon numéro de téléphone et la raison de son voyage, pour montrer au douanier. Je suis à la porte B, mais pas de maman en vue. Je mangeais mon petit pain au citron et j'avais déjà les larmes aux yeux et le cœur qui battait fort. Maman pouvait apparaître à tout moment. Je savais qu'elle était dans le bâtiment quelque part.

L'aéroport de Frankfurt.

Montreal ist gelandet

Je reçoit un texto. Maman est arrivée ! Mais où ? Et là, je commence à marcher, je regarde partout pour voir des petits cheveux blanc. Et je la vois, là bas en train de jaser avec du personnel. Mais voyons, elle a l'air tout en contrôle avec son polar de Skywalk et sa petite valise Via-Rail Canada. Ça fait neuf mois que je n'ai pas vu ma petite maman. Et elle n'est même pas stressée. Maman est elle-même surprise de comment tout s'est bien passé. Ella a géré ça toute seule, avec papa pas trop loin qui devait être tellement fier de la voir se rendre jusqu'ici avec succès et sans stress. Moi aussi, quand je me dépasse, que je sors de ma zone de confort et que je réussis quelque chose qui me faisait peur, je suis certaine que papa est là et qu'il se dit que je fais bien ça. Voilà, on est réunies. C'est le début des trois plus belles semaines de mon voyage ! 

Notre premier selfie réunies !

Une petite Jacinthe qui attend le bus pour se rendre à l'appartement à côté de la publicité de la Rheinbahn avec son slogan habituel : Einfach. Immer. Da. Simplement. Toujours. Là. C'est la bonne description d'une maman ça ! 

Je suis tellement fière d'amener maman dans le ICE. Nous avons 1h30 de train à faire avant d'arriver à Düsseldorf. Maman a même fait un ti dodo. Et moi, j'étais beaucoup trop énervée de traîner ma maman avec moi et lui montrer que je connais la Deutsche Bahn comme le fond de ma poche. Vers midi, on arrive à l'appartement, maman défait sa petite valise et fait un dodo. Moi aussi, je pense que j'ai dormi. On se réveille en fin d'après-midi et on va prendre une belle marche, dans le quartier. C'est beau Benrath, c'est probablement le plus beau quartier de Düsseldorf. Il faisait tellement beau ce jour là. On a marché autour du beau château rose, un peu dans la forêt, et on est finalement arrivées à un super point de vue sur le bord du Rhein. Sur le chemin du retour, on est arrêtées à l'épicerie et on a vécu un drôle de moment. Maman est devenue émotive devant les tomates. Elle s'est mise à pleurer chez Rewe. Je sais, je sais, Rewe c'est une belle épicerie et les tomates sont belles. Mais maman n'était pas émotive à cause des tomates. Elle était émotive d'être rendue ici, en Allemagne, tout simplement. Je la comprends.

Le Schloss Benrath.

Un petit tour dans le quartier, avec la belle église St. Cäcilia dont les cloches sonnaient à ce moment là. Maman a son petit sac de Rewe au bras.

On avait pas grand chose de prévu ce jour là, ni le lendemain. Je pensais que maman allait être un peu jetlag, mais non, elle était bien en forme. Le lendemain, je lui ai montré les endroits de mon quotidiens. Beehive, où elle a pu rencontré Christian, qui lui a dit Bonjour mon coco, le petit resto de running sushis qui était malheureusement fermé, la Schadowstraße, le restaurant de burgers Hans im Glück, la grosse librairie Mayersche, où maman eu l'idée de commencer à collectionner des aimants de chaque ville où elle va, la Königsallee, la promenade près du Rhein et le Kasematen, la Rheinturm et le Medienhafen. Sans oublier tous les tours de bus, U-Bahn et tramway qu'on a pris ce jour là et qui sont aussi des attractions en soi. Il pleuvait tellement à Düsseldorf ce jour là. J'étais tellement déçue que maman ne voit pas ma ville comme moi je la vois. Magnifique, pleine de vie, plein de musique, d'arts, d'animation et de couleurs. 

Maman au restaurant Hans im Glück.

Maman devant le Medienhafen et sous une pluie bien apparente.

Vendredi, j'amène maman à Cologne. Cette ville, c'est la première que j'avais visitée lors d'un day-trip à partir de Düsseldorf en juillet dernier. J'étais tellement fière d'avoir appris comment fonctionnaient les trains. J'avais réalisé à ce moment que j'étais capable d'aller partout, et c'est comme ça que s'est dessinée la suite de mon voyage. Les trains, ils m'ont amenée partout au pays. Aujourd'hui, il faut que maman voit la belle Cathédrale, elle est magnifique. J'ai grimpé la tour pour une deuxième fois, j'ai allumé un autre lampion, j'ai traversé de nouveau le pont avec les cadenas, avec maman cette fois. À toutes les fois que je visite une ville, je me dis que les chances sont minces que je retourne au même endroit. Mais c'est arrivé quelques fois, et ça fait une drôle de sensation, comme si je connaissais la place, comme si c'était un peu chez moi ici. J'imagine même pas comment l'effet sera amplifié si je quitte Düsseldorf pour mieux y revenir quelques mois plus tard... et avoir l'impression de retrouver mon chez-moi. C'est drôle, mais je n'ai pas l'impression que c'est le même effet qui m'attends quand je remettrai les pieds au Québec. 

Vue de la ville à partir de la tour de la Cathédrale de Cologne. J'avais laissé une lettre pour papa à cet endroit en juillet dernier.

Maman devant les célèbres maisons colorées du Fischmarkt dans la vieille ville.

Devant le Schokoladenmuseum. Jour férié et jour de pluie, la combinaison idéale pour un rassemblement d'enfants qui hurlent. À la place, on a acheté pour 29 € de chocolat dans la boutique et on est retournées à Düsseldorf.

Le Höhenzollernbrücke. 

L'une des statues de King Friedrich Wilhelm IV à l'entrée du Hohenzollernbrücke.

Une Jacinthe les cheveux dans le vent, qui n'est pas du tout dérangée par la pluie. Et moi je me demandais juste pourquoi mon pays ne souriait pas plus ces jours-ci ! J'avais envie que maman approuve mon choix, mais l'Allemagne ne se faisait pas très convaincante au niveau température à date. 

Ma machine préférée.

Demain, on quitte Düsseldorf et on s'en va pas trop loin, dans la ville de Koblenz, là où se rejoignent la rivière Mosel et le Rhein. Ça faisait depuis le 3 janvier que j'étais installée à Düsseldorf. J'avais pris goût à ne pas vivre dans mon gros sac à dos, mais c'est reparti ! Il faut ce qu'il faut ! 

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