Jour 296 | Vie de château

Le 20 avril, nous quittons Munich pour se rendre à Schwangau, un petit village de 3 000 habitants. Pourquoi va-t-on là ? Parce qu'à quelques pas seulement se trouve le plus beau château au monde, le château de Neuschwanstein. Je ne l'avais jamais vu moi-même.

On descend d'abord du train à Füssen. Ça a l'air joli, on y reviendra ! On prend le bus pour se rendre à notre hébergement, la Casa Patrizia, une belle maison d'hôtes avec un décor très typique de ce coin du pays dont le balcon donne directement sur le château et les montagnes aux sommets enneigés. Même à quelques kilomètres, on le reconnaît facilement. On comprend pourquoi il s'agit du château le plus célèbre d'Allemagne. Il est immense. C'est ce même château qui a inspiré l'histoire de la Belle au bois dormant et le logo de Disney. 

Nous n'étions pas nécessairement intéressées à visiter l'intérieur de 200 pièces. En ce qui me concerne, des grandes pièces avec du mobilier en or, des boiseries trop foncées étouffantes, des portraits au mur et des peintures au plafond, ça ne m'impressionne pas trop trop. À la place, je me suis informée sur la genèse du projet, sa construction et les faits surprenants s'y rattachant.

Maman et moi sur le Marienbrücke, devant le plus beau château au monde : Le château de Neuschwanstein.

Il a été construit entre 1869 et 1886 sous l'ordre du roi Louis II de Bavière, à l'endroit où se trouvaient autrefois deux châteaux forts, Vorderhohenschwangau et Hinterhohenschwangau, qui furent démolis pour laisser place au projet de monsieur. Louis II n'a pas pris les moyens du bord pour réaliser ses ambitions. 465 tonnes de marbre de Salzbourg, 400 000 briques, 3 600 mètres cubes de sable et 600 tonnes de ciment furent nécessaires pour construire cette pareille merveille. 

Le roi n'est emménagé qu'en 1884, soit seulement deux ans avant sa mort. Il n'a donc jamais vu son œuvre terminée. D'ailleurs, Neuschwanstein a été, pendant toute la vie du roi, nommé le Neu Burg Hohenschwangau, un honneur au château de Hohenschwangau, un beau château jaune plus modeste construit sur une colline juste en bas, à proximité de l'Alpsee, qui existe toujours aujourd'hui, et où Louis II a passé toute sa jeunesse.

Le chemin vers Marienbrücke offre des points de vue différents sur les façades du château.

On se sent très petites à longer les murs de Neuschwanstein.

Louis II ne gérait pas bien ses finances et a accumulé des dettes faramineuses qui donneraient des maux de tête à BDO aujourd'hui. Seulement sept semaines après sa mort, le château fut ouvert au public en tant que musée par les autorités pour rembourser ses dettes. Un peu gênant comme succession. 

Neuschwanstein n'a pas été construit comme un lieu pour que la royauté puisse se pavaner, mais bien comme un lieu de retraite paisible, entre lacs et montagnes, en plein dans les gorges de Pöllat. Un lieu bien reculé en Bavière à propos duquel le roi serait surpris d'apprendre le nombre de touristes qui s'y rendent maintenant chaque année. Les gorges peuvent être traversées par le pont Marienbrücke, qui offre la vue la plus populaire sur le château et où des milliers de selfies doivent être pris chaque jour. 

Ce qu'il est beau ce château. C'est réellement impressionnant. Mais il est tellement achalandé, et je n'aime généralement pas trop être au beau milieu de plein de touristes. On prend une petite marche en direction de Hohenschwangau, l'autre château qui a l'air d'un petit pois à côté de celui qu'on vient de voir. Surprise, il est bien plus agréable à visiter ! Sa cours intérieure est tranquille, des gens sont même assis sur des bancs pour lire. Oublie ça, pas possible de lire sur le Marienbrücke, tu vas te faire piler sur les pieds. 

Certains visiteurs arrivent au château en calèche pour rendre l'expérience encore plus authentique.

Vue partielle du château de Hohenschwangau, demeure de jeunesse de Louis II de Bavière.

Plein de chemins pavés se rejoignent à l'intérieur et à l'extérieur de la cours du château.

Jolie couleur.

Ça, ça ressemblait à un sauna. La belle vie mon Louis.

Petite statue dont nous ignorons l'origine et la signification, mais il avait le nez doré. Maman s'est demandé si c'était un porte bonheur et lui a pincé le nez ben comme il faut.

Le lendemain, on se fait prendre par la grève de la Deutsche Bahn à la grandeur du pays. Chanceuses comme on est (ou sous une bonne étoile ?), ceci n'a pas impacté notre déplacement vers ici, et ne devrait pas impacter notre déplacement vers Berchtesgaden dans deux jours. La grève est arrivée précisément la bonne journée. Nous allons donc visiter la ville voisine, Füssen, à pied. C'est une charmante ville de moins de 15 000 habitants, avec un centre-ville des plus coquets. À chaque fois que je visite une nouvelle ville, je me dis toujours que c'est la plus belle ville que j'ai vue. J'en aurai jamais assez de voir du paysage allemand. C'est beau partout dans ce pays. Sauf à Stuttgart et Wuppertal.

Les chutes Lechfall, avec leur belle couleur turquoise, ont attiré notre attention pour y laisser tomber une autre lettre pour papa. Elle va dériver jusque dans le lac Forgensee, directement en face de Neuschwanstein. Sur le chemin du retour, quelle surprise, les bus circulent. La grève est terminée. Ça vient de nous donner quelques opportunités de voir d'autres attractions dans le coin. Pendant tout le week-end, mon application DB affichait toujours deux vieux Bayern Tickets expirés. Les chauffeurs dans les petits villages ne regardent jamais vraiment ça quand on leur montre rapidement. Ils s'en fichent pas mal. Nous avons donc utilisé les transports de Füssen et Schwangau illégalement une autre journée et on s'est rendues au Tegelbergbahn. Qu'est-ce que le Tegelbergbahn ? Un autre maudit téléphérique épeurant !

La Heilig-Geiest-Spirtalkirche, au centre de la ville, avec sa grande fresque.

Maman dans un paysage on ne peut plus allemand, devant la pharmacie de la ville.

Mignonne statue de trois jeunes filles qui jouent dans l'eau. La petite fille assise est même représentée avec ses petites gougounes à côté d'elle. 

Délicieux restaurant de pizza où nous avons été chaleureusement reçues. 

Vue en plongée de la Kirche St. Mang, dont les cloches résonnaient à ce moment précis.

Vue des toits pentus de la ville de Füssen, à partir du Hohe Schloss, le château fort de Füssen. La couleur de la rivière Lech est tout à fait magnifique.

Dans la ville de Füssen, on ne niaise pas avec les cadenas des amoureux. Ils sont autorisés à un seul endroit : là. C'est un peu triste quand même, mais probablement nécessaire.

Maman devant les chutes Lechfall, où nous avons laissé tomber une lettre pour papa, sachant qu'elle allait flotter jusqu'au lac en face du château de Neuschwanstein.

L'un des avantages de voyager dans les régions ultra touristiques en période hors saison, c'est qu'on est presque seules partout et on a accès aux mêmes beautés. Pas question que maman passe une seconde fois pour une Teenager à bord du Tegelbergbahn. Cette fois, on lui a accordé un rabais sénior. J'ai sauvé 1 € grâce au cheveux blanc. L'aller-retour n'était pas donné : 28 € par personne. Lors de la montée, on a une vue sur les châteaux, le village de Schwangau où l'on habite et le lac Forgensee. En arrivant au sommet, il fait frais, ça sent la forêt et la neige qui fond. Saulings, la belle montagne autrichienne voisine se dresse tout à côté. Nous avons trouvé un banc à l'écart, dans la neige et y avons pris place pour écouter le silence et fermer les yeux. On a pris le dernier téléphérique pour retourner à notre hébergement, avec des vrais teenagers avec leurs équipements de ski. 

Encore une maudite montée pas agréable en téléphérique, cette fois entre des falaises abruptes.

Vue sur la montagne Saulings, qui est partagée entre l'Allemagne et l'Autriche.

Maman au sommet de Tegelberg, avec la vue sur le lac Forgensee et le village de Schwangau.

Je pense que c'est la première fois de l'année que je marche dans la neige.

Demain, 22 avril, c'est un jour spécial. C'est l'anniversaire de papa. Nous quittons en direction de Berchtesgaden. Mais surtout, j'avais une tâche très importante à réaliser ce jour là, et j'avais demandé à le faire ce jour-là exactement et pas un autre. Je vais signer officiellement mon bail pour le logement que j'ai trouvé à Düsseldorf. Oui oui, un vrai bail, en allemand, avec une vraie propriétaire, un vrai contrat d'électricité, des vraies assurances et tout. Voilà, c'est réglé. Je ne reviendrai pas en juin. Je reste ici. La vie est trop bonne, mais c'est pas de ma faute, moi je ne fais que l'écouter. 

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