Jour 299 | L'écho de Königssee

Das Echo vom Königssee

22 avril : Bonne fête papa ! Tu aurais eu 70 ans aujourd'hui. L'an passé, on avait souligné la fête de papa dans les jours suivants, en mangeant des sushis. Papa en avait sûrement pris juste un et il était full. On faisait ce qu'on pouvait, du mieux qu'on pouvait, à conjuguer avec le défi qui s'était pointé dans notre famille quelques semaines avant. Qui aurait cru (surtout pas moi) que le matin de l'anniversaire de papa, un an plus tard, j'allais apposer ma signature électronique sur un vrai Mietvertrag ? J'ai trouvé un logement permanent en plein centre de Düsseldorf, sans avoir visité aucun logement. J'ai habité cet appartement en janvier, pendant un mois complet, quand j'ai commencé mes cours de langue. La toute dernière journée, j'ai enfin pu rencontrer Sladjana, l'hôte, qui avait acheté cet appartement pour sa fille, de quelques années plus jeune que moi. Sa fille étudie maintenant à Köln en cinéma, et l'appartement était sur Airbnb depuis un bout. 

J'ai parlé de mes plans avec Sladjana ce jour là, lui mentionnant que mon objectif était de rester ici le plus longtemps possible, et que j'avais choisi Düsseldorf pour m'y installer. C'est une femme d'affaires, comme moi, et elle n'est pas snob. On a vraiment eu un bon fit, je l'ai trouvé gentille, honnête, simple et drôle. C'était probablement réciproque, car quand je lui ai réécrit en avril, elle m'a répondu qu'elle ne m'avait pas oubliée, que son logement était toujours disponible à partir du mois de juin et qu'elle souhaitait le retirer d'Airbnb. Nous avons ensuite échangé quelques courriels contenant des brouillons de Mietvertrag, pendant lesquels j'ai négocié quelques clauses, dont la principale : un Kündigungsfrist d'un mois, plutôt que trois, ne sachant pas si mon visa pourrait être allongé après le mois de juin. Réussi ! Une fois que mon Kündigungsfrist était écrit noir sur blanc sur le bail, je l'ai signé, la journée de l'anniversaire de papa. C'était l'une des plus grosses étapes de mon voyage. Ça ne peut pas mal aller, tout est là, encore ! Voilà, c'est fait ! 

J'ai fermé mon ordinateur et nous avons quitté, maman et moi, en direction de Schönau-am-Königssee, près du parc national de Berchtesgaden, toujours en Bavière. Pour ce faire, on avait un bel itinéraire comprenant 6 changements. Maman allait goûter ben comme il faut aux plaisirs de se laisser conduire comme une reine par la Deutsche Bahn. D'abord, un premier bus fait le trajet entre Schwangau et Füssen. Ensuite un deuxième train se rend à Buchloe, puis un troisième nous amène Munich, là où on en prend un quatrième qui s'arrête à Freilassing, pour ensuite prendre le cinquième vers Berchtesgaden. Finalement un sixième bus nous laissera à Schönau, directement devant notre pension. Donc, nous avons passé la seule journée où il faisait soleil, dans un wagon quelque part entre Schwangau et Schönau. Ça aurait pu bien se passer, mais la connexion à Freilassing n'a pas été possible, donc nous avons attendu le prochain train, une heure de temps, assises sur la Gleis comme deux hippies perdues en Bavière.

Deux hippies perdues entre Munich et Berchtesgaden.
J'avais trouvé une maison d'hôtes pour trois nuits, dans le paysage enchanteur des alpes bavaroises. J'avais été intéressée par le parc national de Berchtesgaden parce que la toute petite église de Ramsau figurait en couverture de mon guide touristique et elle me faisait bien rêver depuis un an. C'est aussi là que se trouve la mythique Kehlsteinhaus. Le Nid d'aigle, en français, est un chalet au sommet de la montagne du Göll, construit dans les années 1939, en vue d'être un lieu où se tiendraient des réceptions pour le parti nazi. L'accès n'est possible qu'entre mai et octobre. Nous n'avons pas pu y aller, mais j'ai mis 1 € dans des genre de grosses lunettes touristiques sur le bord de la rue pour pouvoir le voir de mes propres yeux. Check ! Maman et moi, on voulait se payer un bon souper pour la fête à papa, on est allées au restaurant du coin, Waldhauser Bräu, mais c'était pas mal ordinaire. Après avoir été accueillies par une madame trop pressée qui nous a balancé un Gruß Di, nous avons été placées dans une salle dont l'ambiance était un peu poche. Je trouve que les allemands ne l'ont pas ben ben dans la décoration et l'expérience générale. Il n'y avait même pas de musique. On était aussi très fatiguées de notre journée de transport. 

Notre pension familiale à Schönau-am-Königssee. Nous avons eu un très bel accueil. Notre hôte était vraiment très attentif.

Maman et sa bière bavaroise lors du souper de fête de papa.

23 avril : Notre pension était située à seulement 2 km de marche de Königssee. Mon dieu, qu'il est beau ce lac, ça n'a pas de bon sens. Il est reconnu pour son eau transparente et pour être le lac le plus propre d'Allemagne. Seulement les embarcations électriques ou à rames peuvent le naviguer. Aucun moteur sur ce lac depuis 1909. Il fait 8 km de long et 1,2 km de large. Paisible comme tout. On paie quelques euros pour notre place dans l'embarcation qui nous amènera à l'église St Bartholomä. Il y a un guide dans le bateau qui semble raconter des bonnes blagues parce que les gens rient. Nous on ne comprend rien, mais on a notre petit dépliant avec nous qui nous donne les points forts de l'excursion. D'abord, on passe devant une paroi rocheuse avec une toute petite croix rouge, qui rappelle un incident, en 1688 (ça date pas d'hier), pendant lequel un radeau a chaviré lors d'une tempête, causant la noyade de 71 pèlerins. J'ai quand même de la difficulté à imaginer qu'une tempête mortelle aie pu secoué ce lac paisible à l'abri du vent. 

À partir de là, on voit aussi plein de montagnes autour, dont le Jenner (1871 m) accessible en téléphérique, qu'on a pas pris, parce qu'un moment donné faut ben arrêter de risquer sa vie dans de tels appareils. On voit aussi le Watzmann, qui culmine à 2 713 m, ce qui en fait la deuxième plus haute montagne du pays après le Zugspitze. Il y a une belle légende à ce sujet. Watzmann représente le roi (le König), le deuxième sommet représente la reine et les sommets situés entre les deux représentent leurs sept enfants. Le roi, étant un dirigeant cruel, a été transformé en pierre avec sa famille. L'ascension de Watzmann est considérée comme une montée dangereuse et a fait plus de 100 victimes à ce jour. Nous avons d'ailleurs vu des petits mémoriaux à certains endroits dans les bois l'entourant.

Moment fort de la croisière : Echowand. Une paroi de renommée mondiale qui est l'attraction principale de la traversée. Dans le passé, le capitaine du bateau utilisait un pistolet pour déclencher un écho qui retentissait sept fois. Nous avons eu droit à ce spectacle nous aussi. Une fois rendus en face de la paroi spéciale, le capitaine du bateau quitte son poste, ouvre une petite trappe sous l'escalier, y sort un bugle (un instrument qui ressemble à une trompette), ouvre la porte du bateau, s'installe dans les marches et joue une belle musique, avec des intervalles réguliers pour qu'on ait le temps d'entendre le retour du son. Et pas seulement pendant quelques secondes. Nous avons vraiment eu droit à ceci pendant quelques minutes certain. Les gens étaient tellement silencieux. C'était vraiment un moment unique.

On arrive donc à St Bartholomä. Combien de fois je l'ai vu en photo cette église, avec ses toits ronds et ses contrastes entre le rouge et le blanc. Elle se fait toute petite devant Watzmann. Et là, tout à côté, plus petite encore, il y avait moi, en chair et en os, avec ma maman que j'amenais dans les plus beaux coins du pays. Parlant de coin, Königssee, c'est vraiment le coin de l'Allemagne. Il n'y a pas plus coin que ça. C'est squeezé entre deux frontières autrichiennes. 

Vue du Seeklause, un pont couvert au début du lac, où maman a choisi de laisser une lettre.

Les toits bien uniques de l'église St Bartholomä.

On entreprend une randonnée dans les bois, pour se rendre à la Eiskapelle, un lieu spécial où la nature y a supposément créé une voûte de glace en forme de dôme qui ne fond pas, même en plein été. On ne l'aura finalement jamais vu. C'est une légende urbaine cette Eiskapelle ou quoi. Mais, en retour, nous avons eu accès à des spectacles de mini avalanches sur le Watzmann. En faisant la traversée inverse, maman et moi avons jeté une lettre pour papa en plein milieu du lac, face au Echowand. Pour que papa entende les échos à toutes les traversées. 

À un moment de la randonnée, on arrive à ce qui devait autrefois être une rivière. Maintenant, c'est plein de galets et les gens y ont fait des centaines d'inukshuk. Maman et moi avons créé le nôtre pour y dissimuler une autre lettre.

Portion du chemin vers la Eiskapelle.

Canards de Königssee entre qui la chicane a pogné peu de temps après cette photo.

Face de Käsebrezel.

Le bateau qui fait la traversée entre Königsseelände et St Bartholomä.

L'église St Bartholomä.

Un paysage de toute beauté.

Une maman pensive, qui admire les montagnes autour de Königssee.

L'eau transparente est bien réelle. Photo prise sur la rive au début/fin de la traversée, à Königsseelände.

24 avril : Comme le principal intérêt de Schönau est le Konigssee lui-même, il n'y avait pas grand chose d'autre à voir dans ce petit village, mais on a bien aimé s'y trouvé quelques jours, parce que les environs étaient très beaux. Le lendemain, on prend le bus vers Berchtesgaden pour visiter la ville. Maman s'est acheté une très belle nappe aux motifs bavarois. C'était notre dernière journée avant de retourner à Munich pour le vol de retour de maman. Après avoir visité le centre-ville, on a pris un bus qui nous a laissé à Maria Gern, une toute petite église de village comme on voit sur les cartes postales. Pas en parfait état, toute petite, au milieu de nulle part. Une route sinueuse la contourne, mais il y a à peine quelques voitures. On prend une marche pour se rendre deux arrêts plus loin et revenir une heure plus tard, seules dans un beau grand bus. 

Avant de retourner à Schönau pour déguster une bonne pizza au restaurant du village, on traverse l'un des plus anciens cimetière de la ville. Tant de gravures dans les murs entourant le cimetière... celles-ci appartiennent à des soldats allemands morts à l'étranger et dont les corps sont disparus. La mémoire des combattants allemands, même s'ils représentaient l'ennemi aux yeux du reste du monde, est bien présente, avec toutes ces photos de jeunes hommes dans la vingtaine, heureux avec la vie devant eux. 

Petites figurines de bois dans un magasin où il devait bien y en avoir des millions.

Berchtesgaden von oben.

Le sentier Soleleitungssteg, qui longue une paroi rocheuse et nous offre un point de vue constant sur les toits de la ville. 

La petite église Wallfahrtskirche Maria Gern, avec nul autre que Watzmann en arrière plan.

Des inscriptions sur les murs du Alter Friedhof, en mémoire des jeunes soldats morts au combat.

Couleurs printanières.

Moi, en train de tenter de retrouver mon chemin entre Maria Gern et Hintergen.

Demain, 25 avril, nous quittons Schönau et retournons à Munich pour profiter d'une dernière soirée ensemble. Maman quitte le 26, et moi je resterai encore quelques jours dans la ville avant d'aller je ne sais où. En terminant, voici la photo prise en avril 2022, lors de notre souper sushis pour souligner la fête de papa. Bonne fête 🤍.


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