Jour 331 | Wildnis Trail - L'arrivée 🤍

Wildnis Trail - Das Ziel 🤍

Aujourd'hui, 26 mai. Ça fait un an exactement que papa est parti. À 12h pile dans son petit lit à la Maison Marie-Élisabeth.

J'appréhendais un peu cette journée, ne sachant pas trop comment j'allais la vivre et qu'est-ce que je devais faire cette journée là pour le souligner. Finalement, j'ai laissé le tout aller, sans planifier rien, sans avoir aucune attente, seulement celle de prendre le temps, à 12h, de penser à tout ce qui s'est passé dans la dernière année. Terminer une marche de cette ampleur cette journée là, c'était comme une jolie façon de souligner que je viens aussi de passer une grande étape dans le deuil. Déjà un an depuis que je tenais la main de papa et qu'il était encore là. Il a réussi quelque chose de grandiose le 26 mai 2022 à 12h. Et je l'ai souligné en achevant un beau défi aussi, exactement un an plus tard.

Ce jour là, on a décidé de partir une heure plus tôt, pour être certains de ne pas manquer le train et la navette qui devait nous ramener au point de départ. J'ai vraiment bien dormi dans notre chambre laide, tellement que Fred m'a secouée le matin, pour ne pas dire qu'il m'a carrément ruée de coups de poings pour me réveiller. Quelle douceur cet ami. On est allés déjeuner en bas dans la salle commune, mais on n'a encore croisé personne. Quelle ambiance à tout casser au Eifelblümchen... À 8h, on commençait notre marche. Ce jour là, la distance était plus courte. Heureusement, car on est pas trop motivés. Nos jambes et nos pieds non plus. À un moment, il y a Fred qui s'exclame : Mais il est où le plaisir !? On est vraiment tannés, mais on continue. On a un objectif et on va l'atteindre quoi qu'il en soit. Il n'y avait rien de spectaculaire dans la route que le chat sauvage nous a fait prendre entre Heimbach et Zerkall. On a tellement marché vite qu'on l'a fait d'un seul coup, sans pause. Mais c'est le moment de l'arrivée qui était totalement surréel. 

Chemins interminables, mais agréables, dans les champs. 

Parfois, j'aurais voulu monter dans ce genre de petites cabanes qu'on voyait à répétition dans les champs, me rouler en boule dedans à l'abri de tout et arrêter de marcher jusqu'à temps que mes pieds reviennent à la vie d'eux-mêmes.

Allô les vaches. Absent sur la photo : Fred qui a glissé dans une énorme bouse de vache quelques secondes après cette photo.

Mignonne petite église croisée dans le village de départ, à Heimbach.

Je regardais l'heure de temps en temps. Plus midi approchait, plus nous approchions aussi de la fin du sentier. À 11h40, le chat sauvage indique Zerkall : 1,5 km. C'est vraiment tout près. J'estime qu'à la vitesse qu'on va, ça devrait nous prendre à peu près ça, 20 minutes. Est-ce que je vais vraiment atteindre l'objectif à midi pile ? Ce serait toute une belle coïncidence. À 11h55, j'avise Fred que je vais écouter un peu de musique. Il poursuit son chemin et me laisse tranquille, mais il n'est pas trop loin. On vient tout juste d'entrer dans une belle prairie vaste et on voit quelques maisons, ce qui nous indique que la fin est proche. C'est la première fois depuis quatre jours que j'écoute de la musique, alors que j'en ai toujours dans les oreilles habituellement. Comme toujours, c'est Lioness de Kevin Graham, la pièce instrumentale puissante que j'écoute chaque fois que je vois quelque chose de beau ou que je vis un moment marquant. C'est d'ailleurs cette pièce que j'écoutais quand mon avion a touché le sol de Frankfurt, 11 mois plus tôt. Cette musique vient me chercher au plus profond et là, encore plus. Ça ne prend que quelques notes pour que je me mette à pleurer. Je n'ai même plus mal aux pieds, je fais juste me laisser porter, mais je marche encore. Je regarde tout autour de moi et j'ouvre grand les yeux, pour que ce moment reste toujours là. C'est beau à 360 degrés. C'est pas seulement une grande marche que je termine, c'est ma toute première année sans papa. Tant de chose se sont passées, tellement de choses dont je suis fière. C'est un des plus beau moment de mon voyage. Pendant les 6 premiers mois de l'année 2022, j'avais le vent dans la face mais depuis que je suis ici, le vent a tourné et j'ai tellement compris de choses. Tout est en équilibre. C'est le bonheur. Merci papa ! 

Le tout dernier panneau du chat sauvage que j'attendais avec impatience.

Le mignon Rurtalbahn et ses deux uniques wagons, qui dessert la région autour de la rivière Rur, nous a ramenés à Heimbach, là où la navette est ensuite venue nous récupérer pour nous conduire à Höfen.

À Zerkall, on prend le lunch à côté du chat sauvage, qui nous regarde, ben fier qu'on se soit rendus jusqu'à lui. On a enfin trouvé le plaisir que Fred cherchait au début de la journée. Il est là le plaisir ! Puis on attend le Rurtalbahn. Il reste encore deux heures avant que la navette ne se pointe une fois à Heimbach, donc on va prendre une coupe glacée sur la terrasse du Eiscafe Wergen. Ça fait depuis des jours que Fred pense à sa coupe glacée, le pauvre. Après quoi on marche jusqu'au parc près de la Rur et on s'assoit sur des bancs face au courant et juste en bas du Burg Hengebach. Et on fait rien. On laisse nos pieds récupérer. Dans la navette de retour, il n'y avait que deux autres personnes, qui terminaient leur randonnée aujourd'hui en même temps que nous. Dire que cette navette ne prend que 30 minutes pour défaire tout ce que nous avons fait en 20 heures de marche sans arrêt.

Quelques statistiques sur la dernière étape de la Wildnis Trail, entre Heimbach et Zerkall.

De retour à Höfen, mon ordinateur est toujours là, ainsi que tout le reste de mon bagage dans un bordel organisé sur la banquette arrière dans la Opel. Pas le temps de niaiser, je dois me rendre au Bushof de Imgenbroich pour me rendre à Aachen en bus, là où je prendrai ensuite mon train vers Düsseldorf. Oui oui, Düsseldorf, ma ville, mon chez-moi. Je suis arrivée à l'heure pile, wie pünktlich ich bin ! Ma gentille hôte, Doris, me reçoit pour la seconde fois dans ce joli logement dans le Dachgeschoss à Benrath, en attendant que mon propre appartement dans Pempelfort se libère le 1er juin. Je suis chanceuse. 

J'ai passé quelques heures avec mes hôtes, les voisins et Frida, le petit chien, autour du feu avec une bière, à converser en allemand. Je m'étonne parfois. Bien que ce soit des conversations autour du feu, et non des sujets scientifiques, je suis capable de comprendre le sujet et de me faire comprendre. Bon il va sans dire que ce n'est pas moi qui fait les meilleures blagues et raconte les anecdotes les plus détaillées, mais c'est motivant tout ça. Amenez-en des occasions de parler en allemand avec de vrais allemands qui ne parlent pas anglais ! Comme j'adore cette langue. Il ne faut pas que je cesse le progrès. Ma propriétaire, Sladjana, ne parle aussi qu'allemand, ce sera une autre bonne occasion de m'améliorer constamment. 

Düsseldorf, ich bin wieder da ! 
Merci pour cette journée du 26 mai, papa !

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