Jour 375 | Les Pays-Bas c'est fait pour dormir

Die Niederlande sind zum Schlafen da

Quelques jours après mon retour safe et legit dans l'Union européenne, je m'en vais retrouver mes néerlandais préférés, dans une nouvelle ville cette fois. Maïté et Bjorn sont déménagés à Soesterberg, à proximité d'Amersfoort. Je m'en vais chez eux en ne connaissant pas mon chemin d'avance. Je fais mon trajet à mesure. J'avais peut-être un excès de confiance ce jour-là, parce que je me suis retrouvée à 1h30 de ma destination finale, dans une autre ville qui avait une rue qui portait le même nom. Je me suis trouvée nounoune, mais j'ai viré de bord, sans aucun stress d'être perdue dans les Pays-Bas. C'est tellement safe ici. Je pense que je trouve l'Europe ultra sécuritaire justement en raison des transports en commun. Il y a toujours un bus, un train, un tram quelque part qui va m'amener où je dois être. Il n'y a que la Rodoeste à Madère qui était ne répondait pas à ce besoin de base. 

La gare centrale d'Amersfoort, mille fois plus moderne, propre et colorée que toutes les gares d'Allemagne.


Les écrans géants affichant les horaires des bus qui passent par Amersfoort Centraal. 

Les gens des Pays-Bas sont gentils, ils sont doux, ils sont respectueux, ils sont calmes, tout le contraire des allemands. Mais je trouve qu'ils ont moins de personnalité, mois d'histoire et moins de crunchy. Ces voisins sont aussi vraiment techno, bien plus qu'ici, où on en est encore au bon vieux courrier postal et aux réservations par téléphone. Je constatais justement un changement d'une pas pire ampleur dans les transports en commun qui a été faite entre ma visite en janvier et ma visite en juillet. En hiver, je commençais à entendre parler que le paiement à la borne allait être rendu possible partout au pays avec n'importe quelle carte de crédit ou carte de débit. Plus besoin d'une application ou d'un billet quelconque acheté au chauffeur ou à l'avance ou dans une machine distributrice pour utiliser les transports en commun. 

Le système OVpay a commencé à être introduit vers l'été 2022 et est maintenant complètement fonctionnel depuis juin 2023. Pour les visiteurs comme moi, c'est la solution la plus facile et la moins chère. Je n'ai pas besoin de penser d'avance à mes trajets pour acheter un billet, je n'ai pas besoin de traîner de monnaie, je n'ai pas besoin d'abonnement et je n'ai pas besoin de parler à personne en néerlandais. Maintenant, tous les véhicules sont rendus avec des petites bornes à l'entrée et à la sortie, sur lesquels je passe ma carte de crédit. Bip et c'est fait : betaald ! Et tout le monde a l'air de comprendre et de suivre le modèle sans chichi. Easy. C'est pas la technologie qui m'impressionne, parce que je l'ai déjà vu ailleurs, mais c'est la rapidité d'avoir tout mis en place à la grandeur du pays en dedans d'un an. Ça ne battra jamais le système allemand basé sur l'honneur où personne ne doit valider un titre, mais gefeliciteerd pour la réussite de cette implantation.

L'implantation d'un nouveau système comme ça aurait pris quoi... 5 ans de concertation + 7 ans en phase projet pilote + 3 ans de chialage par des utilisateurs réticents, avant de voir le jour au Québec ? En plus d'être réalisé par le plus bas soumissionnaire obligatoirement qui est probablement le chum de golf d'un ministre. Anyway, on n'a même pas de système unifié de transport en commun en partant, donc on peut oublier le projet. C'est un retard démesuré qui ne pourra malheureusement jamais être corrigé, considérant la lenteur admirable avec laquelle voient le jour les projets innovants au Québec (et la culture du char). Les Pays-Bas devraient inspirer le reste du monde, à mon avis. Il y a bien des méthodes, des systèmes et des valeurs inspirantes partout en Europe d'ailleurs.

Ce qu'elle est belle Maïté, dans son quotidien néerlandais. Une belle expatriation réussie.

Maïté, que je trouve magnifique et rayonnante dans sa belle robe soleil, et Bjorn avec la face dans fougère.

Cactus à perte de vue chez Eurofleur de Leusden.

La sélection n'est pas facile.

J'avais apporté cette petite tasse du Crêpe Chignon en cadeau à Maïté quand je suis venue la visiter en octobre 2021. Maintenant, je prends mon petit déjeuner dedans quand je viens ici.

Rempotage en amoureux.

Patio fleuri.

Quand je suis chez Maïté, on n'a pas de plans. Je me greffe dans son quotidien. On parle, on cuisine, on va à l'épicerie, on va à la pharmacie, on fait un tour d'auto, on ne fait rien d'éclaté et pourtant j'aime tous les moments que je passe aux Pays-Bas avec elle. Je trouve qu'elle a réussi son quotidien. Sa vie est paisible, avec son Bjorn qui l'adore plus que tout et qui lui montre chaque jour. Ils cuisinent ensemble, commandent des take-out de temps en temps sur Thuisbezorgd, et ils courent dans l'appartement comme des enfants avec leur Nerf-gun

En milieu de semaine, on est allés au lac Henschotermeer. C'était tellement commercial, pas trop mon genre de place. Dans le fond, tu paies ton entrée sur le site pour voir un paquet d'enfants qui hurlent et courent partout, des groupements d'elfes qui jouent au volleyball en chest et des familles qui s'installent pour la journée avec huit parasols, trois glacières et un bon gallon de crème solaire. C'était pas trop la paix en nature, disons. Ce vaste lac serait tellement beau s'il était vierge de toute implication mercantile qui visent à en faire un lieu touristique prisé. Et en revanche, une autre journée, on a fait un tour d'auto dans le voisinage et on s'est rendues dans un lieu totalement perdu au milieu de la forêt de Woundenberg : la Pyramide von Austerlitz. Ça a tellement pas rapport dans le paysage, c'est genre une pyramide de terre et de sable inspirée des pyramides de Gizeh, construite en 1804. L'obélisque qui se trouve au dessus est tout croche. C'est vraiment pas beau vu d'en bas, mais assez impressionnant sur les photos de drones. Maïté n'a pas aimé ça du tout et moi, c'est le genre de curiosités que je trouve ben impressionnantes à voir de mes propres yeux. Maïté ne veut pas y retourner, elle a trouvé ça vraiment laid.

Anouschka et moi dans le sable.

Henschotermeer et la horde de gens qui vont et viennent dans ce beau lac trop commercialisé.

Vue par drone de la Pyramide von Austerlitz, au milieu de la forêt de Woundenberg.

À proximité de Soesterberg, ville de laquelle on fait le tour en moins de deux, se trouve Amersfoort. Je suis allée visiter la ville, avant que Bjorn et Maïté ne me récupère en fin de journée pour aller magasiner chez Eurofleur. Comme toujours, j'ouvre l'Atlas Obscura et je repère les choses inusitées à voir dans les environs. D'abord, la superbe église qu'on distingue de partout dans la ville par sa flèche de près de 100 m, Onze Lieve Vrouwetoren, est incomplète. Il ne reste que sa tour. Quand on circule sur la place du marché juste en face, on peut voir les fondations de l'église originale qui a été détruite au 18e siècle. J'avais lu aussi qu'au bas de cette tour se trouve le point zéro original du système de coordonnées géographiques du pays. Mais je n'ai jamais trouvé la plaque après plusieurs tours autour du clocher à regarder au sol. Ah oui, Amersfoort est également la ville natale du peintre Piet Mondrian, pionnier de l'abstraction. C'est lui qui a peint les tableaux composés de carreaux rouges, blancs, bleus et jaunes qui n'ont l'air de rien mais qui sont devenus ben populaires. La maison dans laquelle il est né est maintenant un musée moderne, la Mondriaanhuis, où l'on peut en apprendre plus sur sa vie et ses œuvres. Je ne l'ai pas visité, mais peut-être la prochaine fois.

La tour Onze Lieve Vrouwetoren.

Petit poème néerlandais et panier fleuri.

Des belles fleurs partout.

La Koppelpoort, la principale porte médiévale de la ville qui permet de se rendre au centre en traversant le fleuve Eem. Sa construction a été achevée en 1425.

L'autre côté de la Koppelpoort, où passe un canal dans lequel je n'aimerais pas nager.

Encore un canal. Et des vélos. Classique.

Bjorn, Maïté et moi dans un p'tit resto de pizza dans le centre-ville d'Amersfoort. 

Une semaine chez Maïté à Soesterberg, c'est mieux qu'une semaine dans un resort ou une semaine de retraite dans un spa. Je suis tellement bien là-bas que je dors tout le temps. Les Pays-Bas, c'est tellement reposant, on dirait que c'est fait pour dormir. Ça faisait longtemps que je n'avait pas rendu visite à Maïté, j'avais hâte d'y aller pour commencer la deuxième année de mon aventure européenne.

D'ailleurs, parenthèse dating ! Ma deuxième année avait déjà bien commencé, quelques jours avant à Düsseldorf, quand j'ai rencontré Flo. Florian de son vrai nom. Tous les gars s'appellent Florian ici, mais lui il était au moins dix coches au dessus de tous les autres Florian. D'abord, il parle français, il vient du sud de la France. Son accent est pardonné, juste parce qu'il est méga cute. J'ai vu arriver à mon bureau un beau grand brun aux yeux foncés, souriant et vêtu d'une chemise à carreaux très décontractée. Il m'a paru immédiatement tout naturel, pas extravagant, bien dans sa peau et confiant. Juste son hug, qui a duré plus longtemps que la moyenne des hugs, m'a mis en confiance dès les premières secondes, et pour moi, c'est super important.

Alors qu'on se dirigeait chez moi pour ouvrir cette bouteille de vin rouge qu'il avait dans les mains, on est passés devant l'Hôtel 25 Hours au bout de ma rue. Il avait l'air d'y avoir de l'ambiance sur cette terrasse au 25e étage. Allons-y. Le Club Paris, c'est en fait une terrasse bondée de clones... des filles avec le même brushing, vêtues de petits vestons pastels parfaitement repassés et de leggings noirs, un gin tonic à 22 € à la main, qui flirtent avec des gars aux cheveux bien peignés sur le côté, arborant des chemises blanches avec des petits motifs. Et à travers ce groupe, il y a moi, avec mon vernis à ongle tout râpé, ma jupe orange de chez Oxfam et ma date avec sa chemise à carreaux. C'est sur fond de DJ qui fait jouer des ti remix branchés de Ava Max à repeat, que ma charmante date, dans toute son attitude assurée, m'a prise par le cou pour me frencher dans les escaliers de secours. Ok, c'était écrit dans le ciel d'avance que l'échange serait bon. Au diable le Club Paris, ainsi se poursuit la chimie par des histoires de tralala sur le Fensterbank du Schirmerstraße 22. 

Fin de la parenthèse dating. Dans les prochains jours, Anouschka et moi avons prévu une journée de girls on a strike ! Entre nous, c'est comme ça qu'on appelle les journées où l'on décroche de tout et qu'on fait juste se gâter pour le plaisir. Et elle a choisi de m'amener à Gouda. Oui, comme le fromage Gouda, il vient de là ! 

Commentaires

  1. Bonne continuation Claudia, vraiment quel séjour bien planifié et quelle ouverture à la découverte!!

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  2. Dear Claudia,

    de vermaarde tocht is eindelijk beschreven.

    Amersfoort is not necessarily the expected travel destination choice for many, haha, but wherever you wander, beauty cannot avoid your lens. So too our stunning old buildings. They never bore me – however unfortunate it is to see the modern crowd in their casual clothing sticking out like a sore thumb right next to them.

    You made some interesting comments about the people here. You’re not wrong, but I noticed you ironically/unintentionally mentioned two things that I believe are in fact linked together when viewed upon from a cultural-philosophical perspective.
    It is not that we have no, little or perhaps unimpressive history, it simply escapes most citizens – which will reflect on multiple levels of our society, from the buildings we construct to the language we speak.
    After the second world war our foundation myth changed to a negative one (though this is not necessarily exclusive to the Netherlands). We were not the victors that owned the 17th century any longer; we were now the victims of the 20th, freed by foreign powers and indebted to them (for what seems like eternity). This subconscious ’rot’ still lingers in many of us. Children grow (or grew) up with it and it changes a culture. We mourn the losses of the previous century instead of celebrating the victories that came before.

    It also had the side effect of us not producing any new substantial culture anymore, which has lead to the (slow) tearing of our social cohesion. Why conserve that which does not warrant it?
    For instance, you cleverly highlighted the fact how relaxing (and rightly so) it is to be able to move around without having to know/speak Dutch. Though this sounds positive at first – especially for travellers – what we are thus concluding is that we are no longer not setting a standard or hold any profound belief in what we have to offer. We will adapt, however way we can, so the GDP line can keep going up, ad infinitum. The focus shifted from providing incentives for communities to build families and dynasties, to only ever innovate and consume, via tech or any other means, avoiding communication and contact as much as possible along the way.

    Funnily enough, I feel your pictures somewhat prove what I am trying to say here. The majority of them do not contain modern structures, because our hearts cannot be fooled, they know beauty and history, even if our mind tries to convince them that the impressive environment-friendly glass house will still stand there over a thousand years.
    Google ”Amersfoort" and under images you see an endless list of the same ancient architecture.

    That all said, I appreciated your positive tone throughout your trip. I used to work walking distance from that train station for a few years, though I have not returned since. Many memories there.

    Pardon my inability to keep it brief, and safe travels to your future destinations. I will be reading.

    Regards,
    C.J.

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