Jour 440 | Un Döner d'abord

Zuerst ein Döner

Bonsoir Lübeck ! On vient d'arriver, il est 22h30. Il fait encore chaud dehors, comme on est bien. On traîne nos petits bagages vers l'hôtel qui est un peu perdu dans un quartier qui semble pas mal plus résidentiel qu'autre chose. La chambre est laide, mais laide. Le plancher craque de partout et les corridors sont tout sauf droits. Même les cadres sur les murs ne respectent pas le niveau. Mais c'est pas grave, Christian et moi on s'en fiche tellement. Mais là, moi j'ai terriblement faim, je suis de mauvaise humeur et j'ai crié après Christian parce qu'il ne m'a pas amenée au restaurant. En plein milieu de ma crisette pendant laquelle je me plains du mauvais traitement que je subis, il me coupe la parole d'un ton autoritaire : Ok then we will go get yourself a fucking Döner ! C'est la première fois que je vois Christian fâché, lui qui est toujours doux et positif. La dernière fois qu'il m'a vue en train de mal gérer mon alimentation, j'ai refusé de lui parler et j'ai dormi pendant trois heures parce que j'avais mangé du bacon au déjeuner. Décidément dans ce voyage la bouffe me joue des tours.

On quitte la chambre et on se rend sur une rue commerçante où absolument tout est fermé sauf ce fameux restaurant turque qui a sauvé mon estomac et notre amitié. Nous avons mangé le meilleur Döner de tous les temps, probablement parce que l'atmosphère était unique. Ma bonne humeur est revenue après deux bouchées. Cette soirée chaude de mi-septembre, où nous étions seuls sur une table de pique-nique dans la rue à minuit, à manger des Döner faits avec tendresse par un monsieur âgé, c'était juste parfait. Parfait. Tellement parfait que nous avons exploré toute la ville de Lübeck, ses églises et ses monuments en pleine nuit, en toute tranquillité. On a longé des ruisseaux et croisé des moulins. Nous avons ramassé en chemin un petit livre pour enfant, Frau Holle, un compte des frères Grimm, dans une petite öffentlicher Bücherschrank dehors. Ce sera l'histoire pour le dodo. 

Le symbole de la ville, la porte Holstentor.


Les églises étaient éclairées la nuit, et je trouve que l'éclairage sur cette photo est très fidèle de l'ambiance de notre promenade nocturne. Bien sur, on n'entend pas, sur cette photo, le silence particulier qu'il y avait autour de nous ce soir là.

Marien Krankenhaus, un hôpital autrefois spécialisé dans les chirurgies, aujourd'hui spécialisé dans les naissances, qui a fermé ses portes après 135 ans, exactement deux semaines après notre passage à Lübeck.

La chambre d'une laideur sans pareille. À noter : les fissures dans le mur et le seul élément de décoration étant un cadre laid tout croche. Bravo pour l'effort.

Parmi les découvertes architecturales ou historiques fascinantes de Lübeck se trouvent, entre autres, la Holstentor, le Salzspeicher et la promenade An der Obertrave, le Niederegger Marzipan-Museum, le Marktplatz et la Rathaus et les allées de Engelsgrube. La Holstentor, le symbole de la ville de Lübeck, est une immense porte construite en 1478 à l'allure qui ne ressemble à rien d'autre. D'un côté, elle est remplie de fenêtres qui donnaient sur la ville à l'époque. De l'autre, seulement quelques fenêtre donnaient sur la campagne. Elle agissait, avec la Burgtor et la Mühlentor comme l'une des portes de la forteresse médiévale. Elle est composée de deux tours massives avec des toits coniques. Ces entrées de la ville n'étaient au début que de simples portes, mais ont été constamment renforcées, de sorte que chacune d'entre elle comportait au final un portail extérieur, un portail intermédiaire et un portal intérieur. Les gens de Lubeck étaient-ils farouches envers la visite ou quoi ? 

Quel joli bâtiment.

L'une des tours de la porte Holstentor, magnifique malgré les défauts du temps qui font qu'elle penche sur le côté. 

La porte Holstentor était autrefois sur les billets de 50 DM.

Directement sur la rivière Trave, à l'entrée de la ville, se trouve le Salzspeicher, le grenier à sel de Lübeck, un groupe de six bâtiments construits en briques hollandaises. Il servait d'entrepôt pour le sel provenant des salines à proximité dès les années 1500. Le sel était ensuite exporté vers d'autres ports de la mer Baltique et servait principalement à la conservation des poissons vendus dans les marchés scandinaves. Maintenant, c'est rendu un complexe immobilier et le rez-de-chaussée accueille un commerce de vêtements dans le genre de la Chandaillerie. C'est triste comme transformation. 

Le Salzspeicher, qu'on peut voir à partir de la promenade An der Obertrave. 

Christian est un fan fini de Marzipan (Massepain), une genre de pâte d'amande sucrée avec une texture un peu bizarre et granuleuse. Je l'ai même déjà vu mettre un chocolat Ritter Sport à la Marzipan dans son sandwich entre la laitue et la mayo. Ce n'est pas une blague. Gros dégeu. Les premières références à l'invention de la Marzipan se trouvent dans les registres de la ville de Lübeck. Le musée gratuit qui se situe au dessus du café Niederegger est devenu une vraie institution. On peut y retracer l'histoire de cette recette jusqu'à sa popularité actuelle. Il y a même des personnages de grandeur nature fabriqués à partir de la pâte d'amande. La boutique est remplie de friandises, dont certaines sont des répliques parfaites d'aliments ou d'objets du quotidien. à un certain point, on aurait dit un étalage de légumes dans une épicerie, mais ce n'était que de la pâte colorée. On a opté pour une échalotte française. Ça fait drôle de croquer dans un oignon et que le goût soit en fait ce délicieux mélange historique d'amandes, de sucre et de blanc d'œuf. 

Personnages fabriqués en Marzipan. 

Friandises, cadeaux et marchandises dérivées en lien avec l'histoire de la Marzipan de Lübeck.

Nous arrivons ensuite à la place du marché. J'ai trouvé la Rathaus de Lübeck assez spéciale. Je n'ai pas vu ailleurs ce genre d'architecture gothique foncée. Je ne dirais pas que c'est beau, je ne dirais pas que c'est laid. J'ai trouvé que le complexe du marché où était située l'Hôtel de ville ne constituait pas un ensemble harmonieux, car il était composé de plusieurs bâtiments aux architectures trop différentes. Mon préféré était celui avec les petites tourelles noires en hauteur, un rappel de la forme de la Holstentor.

L'un des morceaux de la Rathaus de Lubeck, à la place du marché.

Détail du matériel utilisé dans la construction de l'Hôtel de ville. Je sais pas ce que c'est, mais on s'y est attardé en se disant que c'était pas mal noble. 

Selfie à la place du marché.

Pendant que Christian ne prêtait pas attention à son environnement parce qu'il était au téléphone, j'ai trouvé Engelgrube dans la vieille ville et je l'ai pressé de venir me rejoindre. Elle est reliée à la rue commerciale Breitestraße qui débute juste en face de l'église Jakobikirche et rejoint la Trave, 320 m plus loin. À partir de cette rue, on accède à un vrai petit labyrinthe d'étroites ruelles qui mènent à des cours intérieures plus sympas les unes des autres. On y trouve des commerces d'artisans, des petits petits bars et des appartements résidentiels. Les ruelles et les cours intérieures sont publiques, mais les gens sont priés de respecter la vie privée et la quiétude des habitants. Je rêve d'habiter dans ce genre de quartier et d'y faire ma petite vie en toute simplicité.

Moi, dans les ruelles d'Engelgrube.

La rue principale Engelgrube, à partir de laquelle on peut accéder à plein de petites ruelles.

Christian qui déambule dans les ruelles. 

Le bâtiment de l'ancienne société des bateliers (Schiffergesellschaft) a été épargné par les bombardements et opère maintenant un bar et un restaurant. 

Et comment j'aimerais que ce soit mon quartier !

Après nos allées et venues dans les ruelles d'Engelgrube, on accède à la Trave et on se promène sur la rive au travers des vieux bateaux et autour du Burgkloster et de la Burgtor. Nous avons vu le Hubbrücke (pont levis) et le Burgtorbrücke. Puis, on revient par la promenade An der Untertrave avec nos trottinettes Lime aux écrans fracassés. Décidément, dans chaque ville qu'on visite, les e-rollers sont un must. On termine notre journée avec quelques parties de poker dans le meilleur bar jamais visité, le Dietrich's Bar. Nos cocktails sont un tout autre niveau. Ils sont préparés devant nous par une serveuse très amicale intéressée par nos histoires. Le mien a des pétales de fleurs séchées sur une mousse qui goûte le pamplemousse. C'était le meilleur cocktail au monde ! Demain, Christian travaille. Pour ma part, je prévois d'aller visiter les cinq églises de brique rouges et leurs sept tours, qui ont hissé la ville entière au patrimoine mondiale de l'UNESCO. 

Petits toits et coucher de soleil.

Les bateaux sur la Trave.

Le Dietrich's Bar de Lübeck, avec son impressionnante collection de spiritueux.

Moi, qui savoure mon cocktail.

Christian, qui savoure encore plus son cocktail.

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