Jour 451 | Ma douche froide en enfer

Meine kalte Dusche in der Hölle

Quelques jours après mon retour de mon voyage à Ostsee avec Christian, j'ai eu envie d'aventures montagneuses. Un peu last minute, j'ai réservé mon aller-retour en train et un bel hôtel pour quatre nuits au centre de Garmisch-Partenkirchen, en Bavière. À partir de là, les opportunités d'explorer la nature sont nombreuses. Parmi celles-ci, j'avais déjà identifié les gorges Höllental et Partnach, le plus haut sommet de l'Allemagne le Zugspitze, le lac Eibsee et la ville elle-même, charmante en soi. Autrefois, il s'agissait de deux villes, Garmisch et Partenkirchen. Les deux ont fusionné en 1935 sous l'ordre de Hitler, afin de pouvoir avoir un nombre suffisant d'habitants pour pouvoir accueillir les Jeux olympiques d'hiver en 1936.

La rue principale de Partenkirchen, que j'ai trouvée beaucoup plus sympathique que celle de Garmisch.

Bâtiment en face de l'église, typiquement bavarois.

Partie de la rue Ludwigstraße, toujours du côté de Partenkirchen.

Beaucoup de bâtiments affichent des références religieuses.

La toute petite chapelle St. Sebastian. 

Nouvelle ville, nouveaux swipes, ça va de soi ! Je suis tombée sur Tim, 37 ans, dad of two (bonus points !), moitié allemand, moitié canadien (ben oui, un semblable !). Ces jours-ci, il prend la relève de l'entreprise de son père dans la livraison de fruits et légumes des producteurs vers les restaurants et les hôtels de la région. Il vient me chercher à mon hôtel avec nul autre que... son truck de livraison. Quelle cool ride ! Ma première impression durant le trajet : wow, il est beaucoup plus mignon que sur les photos. Beau sourire, belle voix, look sportif et de très beaux yeux assez uniques, un mélange de bleu et de gris mais assez foncé qu'il faut vraiment les regarder pour remarquer la couleur. Tous les points et pourtant je suis sûre qu'il n'a keine Ahnung von seiner megaaaa Austrahlung. Dès les premières secondes de discussion, je n'ai pas de doute que sa compagnie sera plaisante. On se rend à Hammersbach, un arrondissement appartenant à la ville voisine, Grainau, pour entreprendre notre ascension vers les gorges de Höllental. Nous emprunterons une partie de l'itinéraire bien connu qui se rend au plus haut sommet de l'Allemagne, le Zugspitze. 

Mon lift par camion de livraison.

Après environ une heure de marche dans des sentiers tout mouillés, on arrive à une gate où il faut payer pour entrer. Avant d'être développé pour le tourisme, le lieu était une mine de fer de laquelle on peut encore voir quelques ruines aujourd'hui. Mais ça date d'il y a très longtemps, car l'aménagement touristique a commencé en 1902 pour se terminer en 1905. Depuis la petite cabane de péage, on voit que beaucoup d'efforts ont été faits pour créer un chemin sécurisé dont une grande partie passe par des tunnels creusés dans la montagne, d'environ 1 m de large. Une fois le grillage franchi, je n'ai jamais rien vu de tel. L'eau qui circule dans les gorges à côté de nous est déchainée, les chutes sont puissantes et que dire du son amplifié par les deux parois très hautes. On doit crier pour se parler. En plus, aujourd'hui, la pluie ne s'arrête jamais. Quelle belle journée nous avons choisi pour aller se promener de chute en chute... sans blague ! Tant qu'à être mouillés, on va vivre l'expérience a fond. Je n'aurais jamais pu m'attendre à ça, on était trempés de la tête au pied, c'est comme une douche froide de 6 heures de temps. Mes cheveux sont ben mouillés et tout mêlés, on est loin de ma belle chevelure que j'avais soigneusement placée pour être cute, mais je m'en fou ! J'adore tout de cette randonnée, et en particulier le fait d'y être venue une journée de pluie avec quelqu'un qui trippe autant que moi. 

La petite cabane d'accès aux gorges de Höllental.

Passage très sec. 

Mon guide touristique perso.

L'eau très pâle, provenant directement des montagnes.

Environ la moitié des passages étaient dans des grottes souterraines, dont certaines sans aucun éclairage. Freaky !

Magnifique eau claire et déchaînée.

Avec moi, c'est toujours oui. Je profite de mes moments au maximum. Donc, quand Tim a proposé de continuer de marcher pendant environ 45 minutes de plus pour atteindre le refuge de montagne, j'ai dit oui ! À travers tout ce gris, cette pluie et ce froid, la Höllentalangerhütte m'est apparue si réconfortante, quand j'ai aperçu son bel éclairage chaud à l'intérieur à travers les fenêtres. Au sous-sol se trouve la Trockenraum, pour mettre nos vêtements à sécher et revêtir notre deuxième kit. Oublie ça, j'ai constaté à ce moment que mon sac est tout sauf imperméable et que mon deuxième kit est aussi mouillé que le premier. Tant pis ! 

On partage un repas de randonneurs : bière et soupe bien chaude. J'ai été intriguée par la soupe aux pancakes, Pfannkuchensuppe. Je ne comprends pas comment ça peut exister, mais si c'est sur le menu, ça doit pas goûter la mort, alors c'est ce que j'ai commandé. C'est des morceaux de crêpes coupées en lanières, dans un savoureux bouillon de bœuf. Un délice ! Ça goûte le Québec, ça pourrait être servi en cabane à sucre st'affaire là ! Est-ce que quelque chose pourrait mieux aller dans ma journée ? À part des bas secs qui ne font pas sploush sploush, je dirais que non. Je suis tellement chanceuse de vivre ça. Ici, à 8 km de la civilisation, en pleine forêt sans route d'accès, et à 1387 m d'altitude avec un inconnu, je ne me sens même pas perdue. Je ne me sens même pas loin. Je suis chez moi.

Le refuge Höllentalangerhütte. 

Là, dans le coin près des fenêtres, on pouvoir voir comment il faisait pas beau dehors, tout en étant bien au chaud en dedans.

Ma délicieuse Pfannkuchensuppe.

Je suis certaine que je ne me serais jamais rendue ici seule, sans Tim, sans connexion Internet et sans connaître les sentiers. Danke à ma date de m'avoir amenée ici de façon aussi spontanée seulement après avoir échangé quelques lignes. Depuis le début, il est drôle, à l'aise, intelligent, family-oriented. Top score quoi. On se rhabille de nos vêtements encore mouillés et c'est aussi désagréable que quand on remet un maillot mouillé et froid avant de retourner dans la piscine. Sur le chemin du retour, on emprunte un autre sentier qui ne nous fait pas repasser dans les gorges, mais bien au dessus des gorges, par un pont suspendu pas mal haut dans la vallée entre les montagnes Blassen et Waxenstein. Malgré que le tout soit sécuritaire pour le tourisme, le risque de chutes de pierre est toujours bien présent, dans une géographie comme celle-ci. Ceci a coûté la vie à des dizaines de gens, des randonneurs comme nous, qui ont été malchanceux, même assez récemment. Plus le temps file, plus il fait noir dans la forêt et plus je commence à rêver à ma douche chaude que je prendrai en arrivant à l'hôtel. Je descends du truck de livraison devant mon hôtel. J'espère qu'on se reverra. Qui sait !

La toute petite Josefs Kapelle, en face du refuge.

Moi, sur le pont suspendu au dessus de la vallée. 

Les montagnes dont les sommets étaient complètement invisibles dans les nuages.

Le lendemain, je vais visiter d'autres gorges, celle de Partnach. Je me rend la station olympique Sprungschanze en bus, un genre de tremplin de ski qui ressemble beaucoup à Bergisel à Innsbruck, et je commence a marcher vers ma destination. Mon dieu, ça n'a rien à voir avec ce que j'ai vécu hier. C'est tellement commercial, des centaines de touristes s'entassent et sont impolis, pressés et stressés. Ça prend des photos, ça bloque tout le monde, ça parle au téléphone. Le festival du poncho transparent et du selfie stick. Impossible de se concentrer sur la merveille naturelle dans laquelle je me trouve. Après avoir traversé les gorges, je reviens par le haut. Personne n'a choisi ce sentier, bien sûr que non. Mais moi, j'ai vu les gorges de haut et j'ai trouvé une petite prairie toute verte avec des chèvres, des vaches et des moutons en pleine liberté avec leurs cloches qui font un son qui ajoute au caractère pittoresque de ce que je vois. 

Le tremplin de saut à ski Sprungschanze Garmisch-Partenkirchen.

Avant d'accéder aux gorges, on trouve ce petit mémorial dédié aux gens qui travaillaient sur le transport du bois sur la rivière Partnach à l'époque.

L'entrée des gorges débute par la traversée d'un long couloir sous-terrain.

Une entrée payante se trouve au début et à la fin du sentier. Il est possible d'acheter son billet directement dans une machine, mais j'ai pris le mien à la madame, parce que j'avais un rabais avec ma Gästekarte.

Chute infinie dans les gorges de Partnach.

Traffic jam causé par un couple qui fait un semi-shooting-photo.

Intrigante statue de la vierge Marie illuminée.

Petites chèvres avec la cloche au cou.

Vache bavaroise en liberté.

Vache qui se promenait gentiment dans le même sentier que moi.

Et, par hasard, je trouve le Graseckbahn, un petit téléphérique autonome dans lequel il faut juste entrer, fermer la porte et attendre qu'il démarre tout seul. Je n'ai pas tout compris ce qui était écrit sur la pancarte et je pensais qu'il ne fonctionnait pas, mais j'avais loupé une phrase importante sur le panneau. Déjà que je n'aime pas ces machines, là on me demande de m'en servir toute seule ? Mais oui, je l'ai pris. Et c'était tellement haut ! C'est en bas que je devais payer mon trajet de 5,50 €, car il n'y avait pas de personnel en haut. Mon aventure dans les gorges de Partnach n'a pas été aussi mémorable que celle dans Höllental, mais la variété de ce que j'ai vu dans les environs valait pleinement la peine d'y passer une demie journée. 

Le petit téléphérique autonome Greiseckbahn.

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