Jour 461 | Rothaarsteig - Pluie, pas pluie, c'est parti

Rothaarsteig - Mit oder ohne Regen, los geht's

Comme je suis reconnaissante d'être enfin étendue dans un lit. Je viens d'arriver au Hochsauerland Hotel de Willingen après 28,5 km de marche. 23,4 km de sentier mon œil, c'était ben plus long que ça. J'ai commencé à marcher à 9h15 après un bon déjeuner complet à l'Hotel Starke de Brilon. J'ai marché pendant 7h20 en prenant des petites pauses ici et là pour observer la nature, manger, lire les panneaux d'information et savourer le moment. Le moment est devenu pas mal moins savoureux après 14h quand il s'est mis à pleuvoir sans arrêt, et c'était pas qu'une petite pluie fine, jusqu'à mon arrivée à l'hôtel. 

J'ai fait quelques rencontres sur le chemin, dont un gars qui m'a pris au moins 15 minutes de mon temps à vouloir que je lui fasse un shooting photo en nature. Une demande après l'autre. Une pose ici, une pose là, une pose avec ou sans casquette, les bâtons de marche en l'air, allez allez. Et j'ai aussi croisé la route de la famille la moins civilisée de la civilisation. Une vrai gang de ASI, comme les appelle affectueusement Christian. Le genre de famille bruyante avec 3-4 jeunes ados qui lancent des roches, trainent les pieds et arrachent les feuilles des arbres. Les deux parents étaient pas mieux, ils ont accoté leurs vélos sur mon banc et se sont mis à cogner leurs bottes dessus, alors qu'il y en a des dizaines d'autres sur les dizaines de kilomètres de ce sentier. Allô ? À part ignorer mon poli Guten Morgen, vous m'avez vraiment pas vue ? J'étais là, tranquille à regarder la vue et cette famille impolie pas reposante a troublé ma paix. Je sais que je ne suis pas seule à faire cette trail, mais tous les gens que je croise habituellement en randonnée sont des semblables. On se salue, on se souhaite bonne journée. On ne s'ignore pas et on se respecte. 

Quand je recherche vraiment le silence, extérieur et intérieur, je viens ici. Très vrai.

Petit hamac de bois étonnamment très confortable pour se balancer entre les arbres.

Parmi les éléments curieux croisés sur le sentier, j'ai noté : 

• La Kyrilltor, une immense sculpture composée de 14 troncs d'arbres vraiment massifs de 20 m de long qui proviennent de la forêt de Brilon. La porte est un mémorial envers la force destructrice de la nature. En janvier 2007, l'ouragan Kyrill a fait tomber ces arbres immenses pourtant très solides et bien ancrés. C'est le gars à qui j'ai fait un shooting photo qui m'a expliqué ça. Les arbres tombés ont été transportés ici pour créer cette œuvre. 
• La Hiebammen Hütte, un bel établissement en bois à une intersection où se rejoignent plein de sentiers, avec un petit menu, des vaches et des toilettes gratuites. C'était la première hutte que je croisais et j'ai trouvé ça rassurant d'en croiser ensuite quelques unes similaires sur mon sentier. J'ai jamais été vraiment perdue hors de la civilisation. 
• Borberg, une montagne de 670 m d'altitude sur laquelle se trouve la Friedenskapelle, une petite chapelle construite en 1923 qui agit encore aujourd'hui comme un lieu de pèlerinage. Avant d'arriver au sommet de Borberg, on traverse les remparts datant du début du Moyen-Âge, puis on arrive dans le Borbergskirchhof, où on peut voir quelques vestiges des murs d'une ancienne église. De ce que j'ai lu sur le panneau, la documentation est extrêmement rare, même qu'il est impossible d'identifier avec assurance qui se trouve dans la tombe qui sied au centre de ses fondations.
• Les Bruchhauser Steine, quatre rochers assez spéciaux qu'on voit de loin, qui dépassent la cime de tous les arbres comme des intrus. Autrefois, genre vraiment autrefois, pas hier, il y avait une forteresse dont les quatre pierres faisaient partie. Mêmes les fouilles archéologiques ne permettent pas d'avoir une information authentique sur sa fonction historique. Le sentier Rothaarsteig passe tout près du centre d'information, mais à partir de là, c'est une montée de quelques kilomètres de plus que j'ai préféré éviter. Je me suis donc contentée de voir les rochers de loin. 

Photo prise par le gars du shooting photo.

Un méga gros hôtel d'insecte sur le chemin.

La Kyrilltor.

Une petite piscine pour les pieds sur le chemin. J'étais ben trop inquiète de réveiller des ampoules que je n'ai pas testé les bénéfices de marcher dans cette eau froide.

Vache amicale près de la Hiebammen Hütte.

Une courte partie du sentier était joliment éclairée dans la grisaille du matin. 

J'ai reconnu en lisant cette pierre qu'il s'agit de la prière du Notre Père.

Les ruines de Borbergskirchhof. 

Selfie sous la pluie.

Magnifique vue brumeuse dans la forêt à quelques kilomètres de Willingen.

C'est bien l'automne dans le Sauerland.

Quelle récompense d'arriver enfin au sec, mettre tout mon linge à sécher sur le chauffe serviettes, prendre une douche chaude et m'étendre dans un lit tout blanc, tout frais et tout propre. Je me suis promenée dans l'hôtel ensuite, pour découvrir l'environnement, le restaurant, le bar, la piscine. J'ai croisé quelques monsieurs dans les couloirs et dans l'ascenseur, avec qui j'ai fait un peu de small talk allemand. Un monsieur a tenu à me mettre en garde de ne pas faire confiance à tout le monde, de ne pas croire que tout le monde veut aider, que maintenant les gens le font dans leurs propres intérêts et avec des attentes, que le monde a changé depuis qu'il était un Junger. Je sais pas trop quoi faire de ça, j'ai plutôt la pensée inverse moi. Puis, je suis allée à la piscine. Même après 15 mois à voyager seule, c'est encore difficile parfois de me botter le derrière et faire des choses seule. Ça me gêne, je ne veux pas me tromper, je ne veux pas déranger. Je vais avoir l'air de quoi toute seule à la piscine ? Mais si je ne le faisais pas, je n'irais jamais au resto, jamais au cinéma, jamais dans les concerts, et je n'aurais jamais connu le bien-être de nager dans la piscine ce soir là. 

Chemin vers la piscine et le centre de fitness.

La piscine, sur le bord de laquelle j'ai pris une petite chaise longue pour m'étendre et écrire tout en reposant mes jambes, au chaud dans mon Bademantel. Première piscine en 15 mois !

Le Hochsauerland Hotel, par un beau ciel gris pas de soleil pentoute.