Jour 462 | Rothaarsteig - Les pieds cousus

Rothaarsteig - Genähte Füße

Réveil à la noirceur à Willingen dans mon hôtel trop luxueux pour le peu de luxe que je m'inflige, à marcher autant de kilomètres à pied. Je me jette dans le buffet à 7h dès l'ouverture du restaurant. Je suis seule dans une énorme salle de banquet, c'est drôle. La moyenne d'âge dans cet hôtel ne se lève pas à 7h du matin pour partir faire 22 km dans la forêt j'pense. Je fais mon checkout et en remettant mes clés, la madame à la réception me donne une grosse bouteille de shampoing en cadeau. Mon dieu, j'ai presque hurlé de peur, je refuse catégoriquement de traîner 200 mL de poids dans mon sac déjà lourd. Aber wie nett von Ihnen !

J'ai commencé à marcher dans la brume et la rosée du matin pendant que le soleil était encore bas. Wow, c'était tellement beau. Et frais pour les poumons. J'ai traversé des forêts avec de très grands arbres où on distinguait à peine le feuillage tellement la brume était épaisse. Fantastique, pour vrai ! Je suis au milieu de nulle part et je fais ça toute seule. Quand j'ai pris l'avion vers l'Allemagne pour débuter mon aventure il y a plus d'un an, je ne savais pas que j'allais avoir accès à tout ça. Tous les gens que j'ai croisés à qui j'ai mentionné que je faisais Rothaarsteig toute seule étaient surpris. Ganz alleine !? Oui oui, ganz alleine, mesdames et messieurs, pourquoi pas ? J'ai pas besoin de personne pour marcher à côté de moi. 

Willingen, sous le soleil du matin.

Quand je m'apprêtais à faire un grand bout dans cette forêt brumeuse.

Aujourd'hui, le sentier m'a proposé :

  • Les sommets des monts Langenberg (842 m) et Clemensberg (840 m). Langenberg est la plus haute montagne du Land NRW. On est quand même très loin de Zugspitze quand même. Il n'y a absolument aucune vue au sommet de Langenberg, car c'est pas un sommet rocheux et enneigé, c'est plein d'arbres autour.
  • Le village de Küstelberg, avec ses bâtiments en pierre et ses petites rues pas larges. C'est aussi à ce moment que le soleil est sorti, vers 12h. Il ne restait que 5 km à parcourir et c'était définitivement la plus belle portion de la randonnée. Les champs derrière Küstelberg m'ont fait penser aux champs derrière chez grand-papa Raymond. Là où on allait en quatre-roues. Peut-être que Rothaarsteig passe par les champs d'un grand-papa Raymond qui amène ses petits-enfants se promener en quatre-roues. J'étais encore une fois toute seule dans tant de vaste, et je marchais les bras ouverts vers le haut avec ma musique, le vent dans face. De quoi j'ai l'air ? Pas grave, papa m'a suggéré de faire ça quand je suis fière de moi.
  • La Ruhrquelle, la source de la rivière Ruhr, qui se jette elle-même dans le Rhin. C'est la première fois que je vois ça, des sources d'eau clairement identifiées. Je l'ai lu en planifiant ma randonnée, mais je ne retrouve plus où, mais il semble y avoir beaucoup de Quelle importantes dans les montagnes du Rothaar. 
Écriteau au sommet de Langenberg.

Coupes dans le Rothaar.

Vue du sommet de Clemensberg, bien plus dégagé que celui de Langenberg.

Petites chèvres sauvages à l'état pas sauvage.

Pause pour le lunch.

La belle partie du trajet entre Küstelberg et Winterberg.

Les montagnes du Rothaar.

L'arrêt de bus à Küstelberg.

Vieux bâtiment du village de Küstelberg, situé en face de l'église. 

Cheveux dans le vent et bonheur.

Pierre commémorative indiquant l'emplacement exact de la Ruhrquelle.

Aménagement paysager mettant en valeur le tout premier ruissellement qui mène à la rivière Ruhr.

Encore une p'tite affaire religieuse en pleine nature juste avant d'arriver à Winterberg.

Je sais pas par quel chemin je suis passée, mais le trajet est toujours plus long que sur ma carte. Pourtant, je suis vraiment les balises. Aujourd'hui, j'ai marché 26,5 km au lieu de 22,1. Les 5 kilomètres de plus paraissent en maudit dans mes pieds et mes mollets, qui me font un mal de chien ! Je suis arrivée à l'Hotel Herrloh par le haut de la ville, direct sur la terrasse. Trop cool comme place ! C'est tenu par une famille néerlandaise. Évidemment, la fille qui m'a accueillie est donc très très grande, et blonde. Ma chambre est mini, mais je n'ai pas besoin de plus, je veux juste dormir et prendre une douche. Mais après cette deuxième journée, mes pieds sont vraiment dans un piteux état. De grosses ampoules se sont formées. C'est pas doux. J'anticipe pas mal mon trajet de 24 km demain jusqu'à Latrop. Et j'anticipe encore plus la quatrième étape, celle entre Latrop et Lützel, un beau 32 km. 

Voilà, pendant que je mangeais ma (délicieuse) soupe tomates et pesto au resto en bas, j'y ai pensé un peu. Si j'arrête ici, ce n'est pas une question d'abandon parce que le défi est trop grand. J'aimerais vraiment continuer pour faire les 154 km au complet, parce que j'aime marcher, et j'aime ce que je vois autour de moi. Mais pas dans cet état. Je suis mal chaussée et pourtant j'ai deux options de chaussures avec moi. Je vais devoir faire quelques recherches ou demander des conseils d'experts pour me chausser correctement, ce serait un bon investissement pour moi. Donc, pour le lendemain, je sais qu'un bus se rend à Latrop à partir d'ici, donc je pourrai au moins me rendre là pour profiter de mon autre hôtel avec une piscine si ça ne va pas mieux. Mais, j'ai reçu d'excellents conseils de survie de la part d'Alex, l'ex-conjoint de Marie-Claude, pour traiter mes ampoules. Attention, c'est dégueu mais j'avais pas le choix ! Il faut les percer avec une aiguille pour laisser s'évacuer le liquide, puis laisser un fil de couture bord en bord afin que ceci assèche l'ampoule au lieu que celle-ci ne se referme avec du liquide qui n'aurait pas été évacué. Le lendemain, je dois retirer simplement les fils et je mets mes super-duper-mega plasters deuxième peau si adhérents qu'ils pourraient me remontrer le décolleté. C'est ainsi que je m'en vais au lit, les pieds cousus à six endroits. À suivre ! 

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