Jour 498 | Couleurs souterraines

Ces photos, tout le monde les a déjà vu circuler sur les réseaux sociaux à un moment ou à un autre. Düsseldorf en 1990, avec un horrible boulevard asphalté de quatre à six voies. Düsseldorf en 2019, avec une place publique verte toujours remplie de gens. 

Avant / Après la construction du Rheinufertunnel.

En se promenant le long de la Rheinuferpromenade, l'espace d'exposition souterrain KIT (Kunst im Tunnel) de 888 mètres carrés passe totalement inaperçu. La rive droite du Rhin entre les quartiers d'Oberkassel et de l'Altstadt a subi une transformation majeure dans les années 1990, entre le Tonhalle et le Medienhafen. En mars 1990, le projet le plus significatif de l'histoire de la ville, visant à réduire le trafic et à améliorer la qualité de vie des habitants de Düsseldorf a été lancé. Un long boulevard de quatre à six voies isolait le Rhin du reste de la ville depuis 1902. Le Rheinufertunnel a été construit en l'espace de trois ans seulement. Maintenant, pendant les journées ensoleillées (qui ne se font malheureusement pas très nombreuses ces jours-ci), des milliers de personnes profitent de cet itinéraire qui offre une vue sur l'inclinaison du Rhin à cet endroit sur son chemin. 

La différence entre le paysage de Düsseldorf entre 1990 et 2019 est frappante, mais il faut quand même noter que les nombreuses voies de circulation automobiles ne sont pas disparues, elles ont été simplement cachées sous la ville. Ceci a quand même été un chantier immense pendant quelques années et aura probablement nécessité des tonnes de matériaux de construction. 

Lors de la construction de ce tunnel pour la circulation automobile, un espace superflu mais nécessaire a été créé et détenait un accès direct à la promenade. Pour les architectes, il s'agissait là d'un vrai rêve d'imaginer quelle vocation lui donner. Petit à petit, l'intérêt de la scène culturelle envers cet espace résiduel s'activa et certaines pièces de théâtres y furent présentées. C'est le côté inexploré et inusité du lieu, sa forme unique, sa localisation et le fait qu'il soit sans cadre institutionnel qui a attiré la jeune communauté artistique contemporaine de la ville à se l'approprier. Pendant quelques années, le tunnel n'était accessible que par des escaliers de fortune construit par le service des travaux publics à partir d'échafaudages et constituait tout un défi pour y tenir des représentations particulières. Par exemple, un piano à queue y fut temporairement transporté. En plus, il n'y avait pas d'électricité, pas de climatisation et pas de toilettes. Malgré tout, ces artistes visionnaires ont accepté ces conditions défavorables pour présenter leur art. 

Entre 1996 et 2006, les activités y ont été interdites. Un incendie mortel a eu lieu à l'aéroport de Düsseldorf, entrainant la mort de 17 personnes. L'absence de portes coupe-feu à l'aéroport à l'époque ayant été la principale cause de ce bilan mortel, et comme celles-ci n'existaient pas non plus dans le tunnel, les activités y ont été suspendues pendant 10 ans. Après quoi, la reprise des activités dans le tunnel a été à nouveau discutée. C'est en 2005 que l'idée du KIT, telle que connue aujourd'hui, a vu le jour. Les coûts des améliorations locatives ont été estimées à 3,5 millions et le coût réel a répondu à ce qui avait été budgété. Si bien, que la rigueur de l'organisation leur a permis de nouer un partenariat important avec le Kunsthalle de Düsseldorf, un musée déjà bien établi un peu plus loin en ville, qui est en mesure de leur apporter un soutien organisationnel et artistique pour pérenniser leurs opérations. Aujourd'hui, les visiteurs sont attirés par le KIT Café, au rez-de-chaussée, et sa jolie terrasse avec la vue sur le Rhin où ils peuvent déguster de délicieux empanadas. 

J'avais découvert ce musée souterrain avec Andi, une date précédente. Aujourd'hui, j'y ai trainé mon collègue de Beehive, Fitz, pour sa première expérience culturelle en musée. Nous nous sommes attardés comme deux critiques connaisseurs, sans trop comprendre les œuvres de Antonia Rodrian, Antonia Freisburger et Pia Krajewski et leur exposition I've Got You. J'ai été quand même très impressionnée par les détails dans les œuvres que j'ai vu, alors que Fitz est resté sur son appétit et l'a même signifié dans le guestbook à la fin. Que je comprenne l'art ou pas, la finalité est toujours un bon moment passé. 

L'oeuvre Orange (Beauty) d'Antonia Rodrian qui m'a un peu fait penser aux affaires fucktop de Salvador Dali.

Vue rapprochée de l'une des peintures d'Antonia Freisburger, qui ressemblaient à des maladies, des organes ou des choses regardées au microscope. 

Petit regroupement d'oeuvres circulaires d'Antonia Rodrian.

Fitz, qui assume totalement sa nouvelle casquette achetée plus tôt, devant l'œuvre de Pia Krajewski Ohne Titel (Strings Attaches / Puntarelle)  

L'une de mes préférées, The Driven Ego, de Pia Krajewski. Explosive, juteuse, sucrée, sûre, je ne sais pas comment la qualifier. 

Fitz et moi dans notre journée culturelle. 

Commentaires

  1. Dear Claudia,

    It has been a while since my previous comment; however, no metaphysical analysis or autistic word salad this time.

    It was a nice change of pace how you delved into the history of your new home with the Rheinufertunnel. A sincere approach I am sure would be (or is) appreciated by the natives.
    That picture you shared at the beginning is a frequent one on X.com (or, Twitter), but I honestly was not that familiar with it until now. A solid example on how cities would generally speaking visually improve when cars are moved out of sight/underground – though I will never be an appreciator of cities.

    "Que je comprenne l'art ou pas, la finalité est toujours un bon moment passé.” As a frequent eyebrow-raiser when it comes to modern art, this gave me a good laugh. Vous n'êtes vraiment pas le seul, croyez-moi.

    Regards,
    C.J.

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    1. C.J.,

      I thank you for your comment and for your loyal reading of my stories. Like you, I was also was aware of this before/after picture before I moved to the city of Düsseldorf, but this is only now that I took the time to do some researches about it.

      If I may, I would like to share this article with you : « Un concours pour régler la bêtise du siècle » in La Presse, about the terribly miscalculated construction of an 8km long 6-lane highway 45 years ago between the cities and our beautiful river, the Fleuve Saint-Laurent.

      In my opinion, we have a lot to learn from how the mix of architecture, nature and transports coexists here. Unfortunately, I don't think there's any going back to ever reach the level of a well-functioning system like the one we have here in Europe.

      This project described in the article is probably one of many that will act as a political promise and will never see the light of day. I beg your pardon about my pessimist thinking towards my country's backwardness when it comes to improvements for the future generations. And on the opposite, I just read today that my new home country, Germany, extended for another year its environmentaly friendly initiative, the 49€ ticket, to encourage people to use public transportation. Way to go, Germany !

      https://www.lapresse.ca/actualites/regional/2023-11-10/autoroute-dufferin-montmorency/un-concours-pour-regler-la-betise-du-siecle.php

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    2. Claudia,

      I read the article and it does not seem to me like I have to pardon your mood about any of this. Though my car is something I hold dear (I am not an enjoyer of public transportation, your polar opposite), it is an understandable feeling if unnecessary asphalt clogs up access to precious parts of nature. In the case of this particular speedway, it does feel somewhat unwarranted.

      Knowing so little about the history here, it is difficult to make comments that hold any weight, but this is what first came to my mind as I read it.

      Canada, compared to literally any of the European regions, is still really young. As such, it seems natural to me that decisions, as were made in Québec for that speedway, are quite synthetic—not implying they are thus dishonest or insincere—more in the sense that they are missing a foundation that would make them organic; there simply has not been enough time for a slow gradual process of industrialisation to properly understand the consequences of their actions. I say this because I felt similar feelings with particular sections of the U.S.A. where you can tell people had advanced tools (for their time), virtually limitless space and just ”winged it" when it came to city planning. I can only assume similarities must be present in Canada, as well.

      I would not be too pessimistic though, before you know it they turn their ship around and your new home will be saddened to see you leave – though how does one say no to that incredibly cheap public transportation option? Apart from yours truly, that is.

      Lastly—and this is not a jab at the guy—the photograph of Claude Villeneuve feels to me as if an AI image generator created it. It is giving me uncanny valley vibes.

      All the best,
      C.J.

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