Jour 502 | Tester le système
Das System Testen
Le 13 novembre était une journée attendue. C'est mon deuxième rendez-vous au Ausländerbehörde. Sous la pluie, je me rends au Erkrather 377 avec le U. Je ne suis pas stressée, je connais l'endroit, je n'ai pas eu besoin de venir le voir avant, je ne suis pas non plus arrivée 8h d'avance comme l'an dernier.
J'obtiens mon numéro AB-1031 sans attendre et je prend place dans la salle d'attente de ce bureau laid de fonctionnaires. Il y a du monde à la messe ! Et tous ces gens ont des histoires différentes. La mienne est aisée, tout va, le chemin est grand ouvert et presque déjà tout tracé. Alors que pour d'autres, ça doit être une autre paire de manches : des familles séparées qui veulent juste se réunir ici et qui doivent se conformer aux règles définies de l'immigration, des étudiants ou jeunes diplômés qui cherchent un meilleur avenir ici que celui qui leur est promis dans leur pays, des enfants qui devront intégrer une nouvelle culture et se faire des nouveaux amis dans une autre langue.
Le privilège d'être né dans le bon pays, c'est pas un mythe, et pourtant ce n'est qu'une question de grosse politique internationale qui est établie depuis des années et des années. J'ai zéro contribué à ce privilège. Je n'y suis pour rien. Tout comme ces familles qui immigrent en provenance de pays avec une position moins enviable aux yeux du reste du monde, elles n'y sont pour rien. Ils sont forts et admirables ces gens, de se frayer un chemin avec succès à travers bien plus d'obstacles.
Après 1h30 d'attente, même si j'avais été convoquée à une heure précise, mon numéro s'affiche enfin sur l'écran. Mes oreilles seront donc libérées de la chorale de petits bébés sataniques qui hurlent à gauche et à droite. Dans l'autre salle d'une douzaine de kiosques, je tombe sur le même que la dernière fois. Ça me rassure, ça va bien aller. À tous les gens qui écrivent des histoires d'horreur sur les groupes d'expatriés comme de quoi les fonctionnaires allemands refusent de parler anglais juste par conviction, c'est faux. Tout comme la dernière fois, ma conseillère m'a demandé si je préférais l'anglais, mais je lui ai dit qu'on pouvait faire les démarches en allemand. Elle imprime 3-4 papiers, elle étampe des affaires, plie des feuilles, ouvre un dossier, ferme un classeur, pitonne sur son clavier, big bang, elle a l'air de maîtriser l'art de sa job plate.
Je lui présente mon passeport et mon ancien Aufenthaltstitel, jusque là, tout va bien. Puis, elle remarque une erreur dans l'un des 800 formulaires devant ses yeux. La personne avec qui j'avais échangé des courriels et qui a préparé mon dossier avait demandé que mon titre de séjour soit valide jusqu'au 30 juin 2023. C'est dans le passé. Ma conseillère a fait plein d'allers-retours dans le corridor en tapis pour finalement me dire que c'était ok, elle va changer ça. Ça, c'est une bonne nouvelle. Je n'ai pas osé lui dire que j'avais fait ma demande jusqu'en avril 2024 seulement. Mais me voilà libre pour 2 mois de plus sans même l'avoir demandé ! Je vais donc pouvoir faire mon examen officiel TELC après mon cours C1 sans aucune presse.
Et là, j'ai voulu tester le système, tout en sauvant 7 € en évitant de refaire une Passfoto chez DM. Je me suis donc présentée avec des photos biométriques vieilles de plus de six mois, ce qui était pourtant clairement contre-indiqué dans le courriel de mon rendez-vous. Jamais je n'aurais fait une chose pareille il y a un an. Mais là, voyons voir à quel point les fonctionnaires sont rigoureux sur les règles... la réponse est oui, ils le sont. Malgré que je suis devant elle et que j'ai la même face qu'il y a six mois, elle a refusé d'accepter ma photo et m'a demandé d'aller en faire une autre.
![]() |
En attendant le tramway. |
J'ai donc couru dans le quartier de Eller, avec ma jupe longue de jeans qui m'oblige à faire de très petits pas, sous la pluie battante, à la recherche d'un lieu pour faire un autre set de photos. Premier arrêt, Rossman, ils n'en font pas et la madame est presque insultée que je pose la question. Deuxième arrêt, DM, la Kamera ist kaputt et la jeune commis avec son gloss lustré me dit d'aller ailleurs. Troisième arrêt, un espèce de Kiosk laid qui pue et qui vend à la fois des services d'impression, des cellulaires, du tabac en vrac, du sirop pour la toux et des revues-poubelles. Je trust pas trop. J'ai finalement trouvé la solution chez Photo van der Porten, un vrai studio professionnel. Donc, ma Passfoto a été faite dans une vraie pièce, sur un vrai tabouret, avec des genre de parapluies pour l'éclairage et un vrai photographe qui me disait comment me tenir. J'ai évidemment payé plus cher que 7 € pour ce traitement royal de 45 secondes, mais au moins je serai cute sur ma nouvelle carte de résidence.
Mon test un peu idiot, mais pas dangereux, m'aura coûté 2h de plus dans ma journée, mais maintenant je sais que l'immigration n'entend pas à contourner ses règlements. J'ai obtenu une confirmation de mon titre de séjour jusqu'au 30 juin 2024 pour 93 €, et un Fiktionsbescheinigung pour 13 €, qui me permet de sortir du pays sans avoir en main ma vraie carte d'identité. Deuxième expérience au Ausländeramt : réussie, je retourne au travail, Angel Of The Morning dans les oreilles !
![]() |
Ma photo payée cher. |
Commentaires
Enregistrer un commentaire