Jour 518 | Trio

Trio

Dans ma nouvelle vie, je découvre ce à quoi j'ai toujours eu accès, mais comme j'avais les yeux fermés et je ne l'ai jamais exploré. C'est la deuxième fois que je m'offre du temps au Tonhalle de Düsseldorf pour découvrir de la musique que je n'ai jamais vraiment pris le temps d'apprécier avant. Ce soir, je découvre Kirill Richter et son trio composé de lui-même au piano, la violoniste Alena Zinovieva et le violoncelliste Avgus Krepak. Le vendredi d'avant, j'ai été ciblé par Instagram comme étant une cliente potentielle pour cette musique et je suis tombée dans le panneau de la publicité, ce que je ne regrette pas du tout. 

Je prends une courte marche de 20 minutes qui sépare mon appartement de la salle de spectacle située tout près du Rhin. En arrivant à la salle, je me mélange au travers des centaines de couples qui sont venus assister au spectacle. Moi, seule avec mon petit billet électronique, je suis très fière d'être ici toute seule. J'espère seulement que tous les autres gens seuls dans un pays étranger comme moi ne se privent pas de faire les activités qu'ils aiment, parce qu'ils sont seuls. Je pense quand même que c'est pas tout le monde qui est capable de faire ça, ça demande un peu une attitude de je-m'en-fou-du-reste-du-monde. Que peuvent-ils dire ? Ah regarde, la pauvre fille seule, comme c'est triste ? Moi je ne me trouve pas triste du tout ! J'aime la musique et les spectacles. Ce n'est pas le fait d'être seule qui me fera rater des belles occasions de même. 

Le compte Instagram qui m'a convaincue.

Avant, j'allais plutôt voir des spectacles d'artistes que je connaissais, mais maintenant j'ai ouvert mes horizons envers de la nouvelle musique. Ne sachant pas qui sont ces artistes avant d'être sur place, ça me fait apprécier chaque morceau, plutôt que d'attendre leur plus gros hit qui arrive la plupart du temps à la fin. J'ai les oreilles beaucoup plus réceptives à chaque son et ça m'impressionnera toujours, les gens qui sont capable de composer de la musique qui donne des frissons. Papa aussi trouvait ça très beau. Il avait aussi les yeux ouverts et beaucoup de curiosité envers la beauté dans la musique, les mots, les danses et les couleurs. Je veux être comme ça aussi, mais je commence tout juste.

La musique de Kirill Richter est surprenante. Ce n'est pas du classique qui répond nécessairement à la définition de classique. Les trois n'utilisent parfois pas leurs instruments de la façon indiquée. Le pianiste joue directement avec les cordes, la moitié du corps à l'intérieur de son piano à queue et les deux autres frappent sur leurs violons avec leurs archets où manient les cordes avec leurs doigts ce qui faisait des sons qui ressemblent aux cris des baleines. C'est complètement inédit par moments. La première partie était plus classique, et la deuxième partie impliquait plus de jeux de lumières. 

Avant l'interprétation de ce qui m'a semblé sa composition la plus connue, il a pris le temps de s'adresser à son public et de leur demander d'avoir une pensée dirigée envers une personne bien aimée à qui il est impossible de le signifier. Alors bien sur que papa est venu faire son tour dans ce spectacle. À ce moment, les jeux de lumière éclairant la coupole du Tonhalle suivaient le rythme des notes jouées. Et moi, j'avais des grosses larmes en silence qui coulaient jusque dans mon cou, mais pas parce que j'étais triste. Pas du tout. Mais parce que je me disais que papa devait se réjouir que je vois ça et que je passe un beau moment. Je me suis même demandée quelle vue il avait du spectacle lui. Est-ce qu'il me voyait dans la salle et était fier de voir que je m'ouvrais beaucoup plus à la culture maintenant ? Le trio a reçu de multiples ovations à la fin du spectacle, comme je n'ai jamais vu dans aucun autre précédent spectacle. Nous avons eu droit à plusieurs rappels. Et j'en aurais toujours pris plus. C'était un moment très fort en émotion et non seulement un des plus beaux spectacles que j'ai vu, mais également le plus ressenti.

Commentaires

  1. Merci chaleureux pour l'écoute de ces deux morceaux de Kirill Richter ! Jean-Pierre

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