Jour 631 | Ferme les yeux et rêve
Schließe die Augen und träume
J'ai eu le privilège (même que ça prendrait un mot plus fort que ça) d'être présente au concert de Martin Herzberg et Felix Räuber à la Kulturkirche de Cologne ce soir. Chaque fois que je m'offre une soirée musicale en solo, je suis pas mal fière de moi et on dirait que je l'apprécie 100 x plus que si j'étais accompagnée. Ce soir, j'ai quitté mon appart vers 18h, sans presse, vers le S-Bahn qui m'a amenée directement à Köln-Nippes, à quelques pas de l'église où le concert avec lieu. J'ai fait un peu plus d'une heure de trajet, à regarder dehors et écouter de la musique, en me disant que c'est donc bien plaisant de ne pas être pressée.
J'arrive dans la noirceur dans un quartier pas trop beau de Cologne (Cologne, c'est laid partout de toute façon, donc pas de surprise ici). Je distingue cette belle église et ses grands vitraux mauves éclairés de l'intérieur. Ah wow, c'est là que je m'en vais moi. Quel plaisir me suis-je offert, à moi, de moi. J'entre dans l'église, c'est presque plein, mais l'avantage d'être seule, c'est que des sièges uniques, il y en a partout, même en avant. Je me suis trouvé une belle place à droite, avec une vue parfaite sur le clavier de Felix Räuber. Une quinzaine de minutes avant le début du concert, un groupe de gens s'est installé sur scène avec des petits matelas et des couvertures. J'avais vu que ce concert s'offrait aussi à certains endroits (Bochum, par exemple), où tous les spectateurs avaient une place allongée. J'aurais été bien trop gênée ce soir seule, mais avec maman je l'aurais fait certainement. Ça a du être une expérience complètement mémorable pour ces six personnes ce soir, parce que le reste de la soirée était sans précédent.
J'avais déjà vu Martin Herzberg au Tonhalle de Düsseldorf il y a un peu plus d'un an et j'avais été marquée par ses compositions planantes. Mais quand j'ai entendu la voix de Felix Räuber, c'est venu doubler, tripler, quadrupler même, toute cette harmonie. J'ai eu des frissons du début à la fin, c'est pas des blagues. La diversité des pièces, les jeux de lumières derrière les artistes qui étaient reflétés sur le haut plafond de la Kulturkirche, l'intensité de la musique, tout ça, mélangé avec mes propres émotions. Il y a deux ans, notre famille apprenait la maladie de papa à peu près ces jours-ci et notre vie a changé à ce moment là. Et depuis, quand je vois, j'entends ou ressens des belles choses, je me dis que c'est certain qu'il est là quelque part et qu'il trouve ça beau aussi. Donc, j'avance dans ma vie en me disant que je vais lui offrir des centaines de belles occasions de voir que c'est encore beau ici sur Terre, que je vais bien et que j'en prend plein la vue.
Étonnamment, j'ai eu plus de facilité à comprendre les échanges des deux artistes quand ils s'adressaient au public en allemand, que dans les Hörübungen dans mon cours du matin. Le concert de ce soir, un Traumkonzert, était divisé en trois chapitres, représentant les trois phases du sommeil : le sommeil léger, le sommeil profond et le sommeil paradoxal. Pendant le premier chapitre, c'était une magnifique introduction à un état de sommeil léger. Des pièces douces et touchantes, dont celle maintes fois entendues dans la publicité du concert qui m'avait attirée Stay Here. La deuxième partie était une longue pièce de 30 minutes, avec une variété de sonorités un peu abstraites. Bien sûr, j'ai fermé les yeux et j'ai eu des larmes qui ont coulé le long de mes joues et se sont rejointes dans mon cou. C'est pas triste, c'est émouvant, relaxant, libérateur. J'ouvrais les yeux de temps en temps, et toujours plus de gens avaient la tête accotée sur l'épaule de leur partenaire. C'était comme un beau moment d'intimité entre tout le monde qui était présent. Je me suis demandée si j'aurais aimé ça aussi, avoir une épaule. Peut-être, mais par choix, je suis venue voir ce concert seule et je ne le regrette pas. C'était mon moment avec papa. La troisième partie du spectacle était plus vive et rythmée. Je ne sais pas comment ces artistes y sont parvenus, mais ils ont tellement bien ficelé ce spectacle pour qu'on ressente vraiment les différences entre les trois états du sommeil.
Le toit coloré de la Kulturkirche. |
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