Jour 689 | L'envie de voyager

Die Lust zu reisen

J'ai prévu une série de trois voyages d'ici à mon retour au Québec, dont le premier aura lieu la semaine prochaine. Ce sera l'Allemagne de l'Est en mai, l'Écosse en juillet et l'Autriche en août. Je n'ai encore rien de prévu en juin et en septembre, ça fait de la place pour quelque chose de spontané. La Pologne ? La Turquie ? Est-ce que je vais me payer ces deux autres voyages avant de revenir au Québec en octobre, sais pas encore ! 

Après avoir visité plus de 130 villes depuis que je suis arrivée ici en juin 2022, de la capitale jusqu'au petit village, j'ai un peu laissé de côté la classique visite urbaine. Qu'on le veuille ou non, ça revient un peu toujours au même : une grosse église, une belle place de marché, une ancienne porte de forteresse quelque part, des rues pavées, une gare principale et une couple de monuments historiques populaires vendus par les brochures touristiques. Donc, la raison de mes trois voyages à venir sont plutôt des expériences sportives en nature. Je les décris dans ce billet.

Du 22 au 31 mai - Allemagne - Nationalpark Sächsische Schweiz

Ça, c'est mon cadeau que je m'offre, à moi de moi, pour avoir terminé l'école. En janvier, j'ai tout planifié et ça ne s'est pas fait en criant ciseaux. Les hébergements devaient être disponibles à huit dates consécutives, à mon budget, et exactement dans les villages que j'allais traverser à des distances raisonnablement bien réparties. Et dans ces tout petits villages qui longent l'Elbe, ce n'est pas toutes les maisons d'hôtes qui sont sur Booking ou Airbnb. Certaines n'ont même pas de site Web. J'ai du faire des téléphones, envoyer des courriels, attendre des réponses, me démêler avec les indisponibilités de certains, faire bifurquer mon trajet, etc. 

Après plusieurs heures de planification, tout est prêt. Le sentier Malerweg indique 116 km, mais je sais que ce sera bien plus. J'ai l'habitude de ne laisser passer aucun Aussichtpunkt qui en vaut la peine, quitte à faire un détour de 4 km pour aller voir une chute secrète ou une vieille ruine du Moyen-Âge. Par expérience, je fais environ entre 5 et 7 km par jour de plus que ce qui est indiqué sur la carte officielle du sentier. Donc ça devrait tourner autour de 160 km en 8 jours de marche. C'est encore ben correct.

Pourquoi j'ai choisi cette randonnée ? J'y étais à l'automne 2022, pour mon 33e anniversaire et c'était l'un des plus beaux paysages dans lequel j'avais eu l'occasion de marcher. Le Basteibrücke était photographié dans mon guide touristique de l'Allemagne, que je feuilletais quelques semaines avant de partir. C'était encore inaccessible pour moi et je ne pensais pas me rendre là. Le Malerweg (chemin du peintre) porte son nom en raison des nombreux peintres qui se sont inspirés de ses paysages dès la première moitié du 18e siècle. Il y a là une géographie assez spéciale. L'office du tourisme s'en est inspiré et a optimisé le tracé de l'itinéraire. C'est ainsi qu'en 2006, un sentier de randonnée par étapes fut inauguré. Il commence à Pirna-Liebethal, traverse la rive droite du parc national jusqu'à la frontière tchèque et revient à Pirna de l'autre côté de l'Elbe en passant par cinq montagnes qu'on appelle des Mesa (table, en espagnol) car elles n'ont pas de sommet.

J'ai trop hâte ! Départ le 22 mai à 9h00 à partir de Düsseldorf en direction de Dresden. Un trajet de 7h30 en première classe. Oui ! Mon statut de cliente privilège de DB m'offrait pour un temps limité un coupon pour une upgrade gratuite en première classe. J'ai choisi le trajet qui me fait traverser le pays d'Ouest en Est pour l'appliquer. 

Le trajet de 116 km dans le parc national de la Suisse saxonne. 

• Jour 1 - Entre Pirna Liebethal et Stadt Wehlen
• Jour 2 - Entre Stadt Wehlen et Hohnstein
• Jour 3 - Entre Hohnstein et Altendorf
• Jour 4 - Entre Altendorf et Lichetenhain
• Jour 5 - Entre Lichetenhain et Schmilka 
• Jour 6 - Entre Schmilka et Kurort-Gorisch
• Jour 7 - Entre Kurort-Gorisch et Rathen
• Jour 8 - Entre Rathen et Pirna

Je pars sans ordinateur, car je traîne mon sac à dos sur moi, avec uniquement l'essentiel. Les hébergements que j'ai réservé ont de la literie, des douches et un déjeuner compris à tous les matins. Je marche seule, par choix. Je préfère marcher seule. Je vais à mon rythme, parfois trop vite, parfois trop lent. J'écoute de la musique, mais pas toujours. Mais surtout, je pense. À plein de choses, sauf à mes jambes et mes pieds. Ça je n'y pense pas et ce n'est même pas un effort. Dans la nature, je n'ai pas besoin d'être constamment attentive et réactive, comme je le suis en marchant en ville par exemple, là où il faut faire attention aux voitures, aux vélos, aux feux rouges, aux autres piétons et aux sons. Alors que dans la nature, il faut juste suivre un sentier, qui est d'ailleurs toujours bien balisé. Ça laisse donc plein de place dans ma tête pour réfléchir.

Le 26 mai 2024, ce sera le deuxième anniversaire de décès de papa et je serai à la moitié du chemin. L'an dernier aussi, j'étais en plein milieu d'une longue randonnée à ce moment.

Du 29 juin au 6 juillet - Royaume-Uni - Edinburgh et les Highlands 

Comme à chaque année à la fin du mois de juin, je dois quitter l'Union européenne et l'espace Schengen pour revenir en tant que touriste pour 90 jours supplémentaires. La dernière fois, j'ai visité Londres pour deux jours. Cette fois, je visiterai Edinburgh et les Highlands pour une semaine. J'ai tracé mon itinéraire moi-même, sans trop me laisser influencer. J'ai ensuite fait quelques recherches dans des groupes Facebook et sur Instagram, où j'ai appris beaucoup de choses. 

La température est très incertaine et l'habit doit être pensé en conséquence, il y a des midges, des petites bibittes qui piquent et qui sont vraiment annoying dans l'humidité, les vaches écossaises sont vraiment cute, il paraît que les gens sont accueillants et que les épiceries ne sont pas à tous les coins de rue comme ici. J'avais deux choix d'aéroport : Glasgow ou Edinburgh, mais la deuxième option m'a semblé beaucoup plus intéressante, à première vue, par ses allures à la Harry Potter. Magie ! J'ai réservé une petite chambre privée dans une résidence universitaire pas trop loin du centre, dans le quartier de Calton.

Calton Hill, à Edinburgh.

Rue typique aux allures Harry Potter.

Planifier mon voyage dans les Highlands m'a stressé longtemps, pour différentes raisons. Les transports ne sont pas aussi développés qu'ici, en Allemagne, mais je n'ai pas envie de rester à Edinburgh pendant 7 jours. Et j'ai encore moins envie de louer un maudit char qui se conduit à l'envers. J'ai donc fait pas mal de recherches, comparant les itinéraires, les horaires et les prix de ScotRail (le train) et Citylink (les gros bus), pour assurer mes déplacements entre les villes. Je me souviens d'avoir fait une étude similaire sur les transports publics allemands avant d'arriver ici. On est loin d'un train à toutes les 10 minutes là-bas... ça ressemble plus aux bus Kéolis du Québec mettons. Finalement, mes heures recherches et mes calculs d'optimisation de budget m'ont dirigé vers la Explorer Pass de Citylink. C'est une passe à 60 £ qui permet de voyager gratuitement pendant trois journées sur 5 jours consécutifs. Je vais la recevoir par la poste (franchement, un code QR dans mon Wallet c'était pas possible ?). Je l'ai déjà activé et j'ai acheté mon premier itinéraire de 4h entre Edinburgh et Glencoe, en passant par Glasgow, qui coûtait à lui seul 39 £. Depuis que j'ai compris les transports, je suis moins stressée maintenant.

Aussi, je tente quelque chose que je n'ai jamais expérimenté (sauf quand j'étais au Camp Trois-Saumons pis que j'avais 10 ans genre). Pour ne pas exploser mon budget, déjà pas mal low après deux ans de vie européenne à vivre le dream, j'ai réservé quatre nuitées en dortoir partagé. À Glencoe, j'ai réservé deux nuits au Glencoe Youth Hostel pour 71 €, puis deux nuits au Inverness Youth Hostel pour 68 €. Je sais pas comment me comporter en dortoir partagé, je ne connais pas l'étiquette, mais je suis quelqu'un de tranquille, qui ne prend pas trop de place et qui respecte les autres, donc je pense que je serai une bonne coloc. J'espère que l'inverse sera aussi vrai. C'est probablement l'expérience qui me sort le plus de ma zone de confort jusqu'à maintenant... mais aussi bien l'expérimenter maintenant, alors que je suis encore jeune et que je tolère l'inconfort. La seule chose qui me rassure, c'est que les hostels que j'ai choisi sont localisés au milieu de sentiers de randonnées et attireront une clientèle un peu comme moi, contrairement aux hostels au centre de la nightlife techno de Berlin, par exemple. Pour revenir à Edinburgh à partir d'Inverness, j'ai réservé un train sur ScotRail en fin de journée. On est à la mi-mai, j'y vais en juillet, et il ne restait que sept places. De ce que je comprends, ils n'overbookent pas comme les ICE là-bas. J'arriverai à 22h30 en ville, donc j'ai réservé un ti lit dans un dortoir au Safestay Edinburgh Cowgate, à 400 m de la gare. 

Parmi les activités prévues qui sont pour moi des incontournables, il y a :

• La visite des villes d'Edinburgh, Glencoe, Fort William et Inverness et leurs classiques.
• Le Pap of Glencoe, une promenade modérée de 10 km en 4 heures dont le point de départ est juste au pied de mon hostel.
• Le point de vue des Three Sisters, la vallée perdue de Coire Gabhail, le sommet de Bidean nam Bian (1150 m) et le Loch Achtriochtan, une randonnée expérimentée de 6h30 et 14,5 km dont le point de départ est également à quelques pas (j'ai bien choisi cet hostel!).
• Les vaches écossaises. J'ai réservé une visite d'une ferme privée à Drumnadrochit pour aller nourrir les vaches et les petits veaux pour 13,50 £ et ça va sûrement valoir chaque centime.
• Le loch Ness, qui doit être overrated à fond la caisse à cause de l'histoire du monstre, mais c'est quand même toujours beau un grand lac comme ça ! Allô Nessie.

Pour sept jours d'hébergement et de déplacement, incluant mon billet d'avion, ça m'a coûté environ 640 €. Maintenant, à moi d'être aussi économique sur les repas, les activités et les souvenirs. J'vais tenter de dater un écossais en kilt pour sauver sur au moins un repas. 

Les Three Sisters.

Vue à partir du Pap of Glencoe.

Les vaches de mes rêves !

Le Loch Ness et le château d'Urquhart.

Du 10 au 16 août - Autriche - Intersport Klettersteig Donnerkogel

Depuis que j'ai vu cette vidéo sur Instagram, j'ai voulu y aller moi aussi, sur cette belle échelle au dessus du vide. Un bon jour, je regardais par curiosité les vols à destination de toute l'Europe et aux dates indéterminées. C'est dire que je suis pas ben ben branchée sur mes destinations... Enfin, j'ai trouvé un vol pas cher au départ de Düsseldorf en direction de Salzburg, en Autriche, et je l'ai booké avant même de savoir s'il était techniquement possible pour moi de se rendre à Gosau pour entreprendre la célèbre Intersport Klettersteig Donnerkogel. C'est certain que pour rejoindre un genre de village perdu entre les montagnes, une voiture serait idéale, mais j'ai regardé vite vite et je peux aussi m'y rendre en bus facilement pour une fraction du prix et une belle heure et demie à regarder le paysage.

J'ai donc booké deux nuits à Salzburg, parce que ça me semble être une très jolie ville à visiter, puis un hébergement de trois jours à Gasthof Gosausee, directement au pied de la montagne, face au lac Gosausee. J'ai prévu trois nuits autour de ce lac paisible, parce que les randonnées techniques comme celle-ci ne sont pas accessibles en cas de mauvais temps. Je donne donc trois chances à la météo pour être clémente et me permettre de réaliser ce défi sportif. Est-ce que c'est fou de faire ça toute seule ? Honnêtement, je pense que oui un peu, mais si j'attends après quelqu'un qui n'a pas le vertige, je n'irai jamais. Il y aura d'autre gens sur le sentier, je ne suis pas la seule à s'y intéresser. 

La ville de Salzburg, en Autriche.

L'échelle Stairway to Heaven, au milieu de la randonnée Intersport Klettersteig Donnerkogel.

Une Via Ferrata est un sentier aménagé dans une paroi rocheuse, qu'on longe en étant sécurisé par une ligne de vie (un épais câble d'acier) sur lequel est toujours fixé au moins un mousqueton sur deux, qui sont reliés à mon harnais. Des éléments métalliques fixés dans la roche permettent de faciliter la progression. On n'a donc pas toujours à s'agripper au rocher lui-même. L'échelle de difficulté de ces randonnées passe de A (facile) à E (très difficile). Celle-ci est cotée C/D, mais la plupart du parcours est de difficulté A/B/C. Celle que j'avais faite avec Max en septembre 2022 en Suisse, entre Mürren et Gimmelwald, était cotée C. Il n'y a aucun endroit pour sortir de la Via Ferrata. Autrement, on croiserait des gens à contre-sens, ce qui rendrait dangereuse la gestion des mousquetons. Qui s'y aventure, doit en assumer les conséquences jusqu'au bout.

Je sais qu'il y a un sentier de pratique, la Via Ferrata Laserer Alpin Steig, sur les bords du lac où se situe mon hôtel. Je vais donc probablement louer l'équipement (un baudrier d'escalade, une longe, un casque et des gants) pour deux jours au village de Gosau, tester ma forme sur cet exercice plus court, et me diriger le lendemain vers le sommet de la montagne Donnerkogel, qui culmine à 2055 m d'altitude. La célèbre échelle, renommée Stairway to Heaven, n'est pas la partie la plus difficile. L'étape subséquente est un vrai mur d'escalade avec un vide de plusieurs centaines de mètres en dessous des pieds. La randonnée fait une boucle, et il paraît que la descente jusqu'au point de départ est un vrai enfer, une marche dans des cailloux qui roulent sous les pieds, sans ombre et sans eau. Je suis prête, mais fébrile ! Et j'espère que les conditions (la météo, ma forme physique, la disponibilité des équipements et l'accessibilité par les téléphériques) seront favorables. 

Ensuite, il me reste une nuit à planifier avant de reprendre mon vol vers Düsseldorf à 19h55. Chiemsee ? Hallstatt ? Berchtesgaden et le Kehlsteinhaus ? Finalement, j'imagine que je serai trop serrée dans le temps et je ferai simplement une journée de plus à Salzburg. Je pense que je vais réserver ça dernière minute de toute façon.

La représentation du parcours. Je prévois éviter la randonnée de 2h en forêt et me rendre en téléphérique directement à la station de montagne avec le Gosaukammbahn.

Mon hôtel, Gasthof Gosausee, directement au bord du lac.

Le lac Gosausee, parfait pour la baignade.