Erste Etappe - Malerweg
Jour 0 - En première classe
Mon Lokführer est venu me chercher (presque) ponctuellement à la gare de Düsseldorf et m'a conduit sans broncher en première classe pendant huit heures jusqu'à Dresden. Aujourd'hui, c'est le jour 0 de ma randonnée dans le parc national de la Suisse saxonne.
La première classe, c'est pas ben ben différent de la classe normale. J'ai encore passé mon temps à me déplacer de siège en siège parce que le siège que j'avais était toujours réservé pour certaines portions de trajet. À mon cinquième tour de chaise musicale dans le wagon, une dame m'a demandé pourquoi je n'avais pas réservé de siège. J'ai fait la nounoune et je lui ai dit que je savais pas comment faire, parce que j'étais trop gênée de dire à une dame qui voyage en première classe que je voulais juste pas payer 4,90 € pour quelque chose qui peut être gratuit. J'en ai économisé en titi des 4,90 € au nombre de fois où j'ai voyagé sans Sitzplatzreservierung dans un ICE.
Les différences notables entre la première et deuxième classe sont, entre autres, les suivantes : la propreté, la politesse entre les usagers et la place pour les jambes (mais bon, il faut vraiment mesurer huit pieds pour remarquer la différence, car il y a quand même suffisamment d'espace en deuxième classe). Mais la différence la plus agréable, c'est le silence, par l'absence remarquée du populaire ensemble vocal des Ti-Bébés-Qui-Pleurnichent. Pour le reste, ça ne m'a pas impressionnée et je ne vais pas refaire l'expérience. Je suis une fière voyageuse de deuxième classe.
J'ai fait une courte halte dans l'effervescence de la ville, avant de commencer à marcher en nature. La dernière fois que je suis venue à Dresden, c'était en octobre 2022, ça ne faisait que quelques mois que j'étais arrivée en Allemagne. J'ai fait un peu de tourisme express pour me dégourdir et revoir les belles places que j'avais vues : la murale sur
Augustusstraße, la
Hofkirche, la
Kunstakademie, le
Semperoper, le
Residenzschloss. Je mange mon humble sandwich que j'ai apporté de la maison, assise sur un banc en face de la belle
Frauenkirche. Un chansonnier a joué des beaux classiques comme
Wish you were here et
Imagine presque juste pour moi. Puis, je me promène le long de l'Elbe, ce fleuve duquel je vais marcher les rives pendants les huit prochains jours. Je suis à l'autre bout du pays, loin de chez moi, et mon aventure commence demain. C'est drôle, quand je dis que c'est loin de chez moi, c'est à Düsseldorf que je pense, pas Rimouski.
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La Kunstakademie de Dresden. |
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La Hofkirche. |
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La grande murale de milliers de carreaux de céramique sur Augustusstraße.
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Le Residenzschloss.
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Mon hostel, Lalelu, est l'une des meilleures trouvailles que j'ai faite en matière d'hébergement. Pour 47 €, j'ai une belle grande chambre privée, super bien décorée et confortable. La salle de bain, les douches et la cuisine toute équipée sont partagées et tout est propre. C'est tellement mon genre de place. J'ai payé le double ou le triple pour des hébergements pas mal moins de qualité dans le passé. Le Café Europa, relié à l'hostel me propose ce soir des pâtes méditerranéennes que je déguste en me disant... maudit que je suis ben dans ce pays ! Je commence un livre de l'autrice Annabel Abbs, recommandé par Marie-Claude : Méfiez-vous des femmes qui marchent.
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Ma belle chambre à l'hostel Lalelu. |
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Le joli Café Europa. |
Jour 1 - De Pirna (Liebethal) à Stadt Wehlen.
Je suis excitée de commencer à marcher. Je me réveille avant le service du déjeuner. Comme si j'allais pas faire assez de pas aujourd'hui, je vais prendre une marche matinale au parc à côté. Le déjeuner est pas bon, mon chocolat chaud n'est pas un breuvage mais bien un dessert 4 en 1, par la quantité de crème fouettée, de sirop, de copeaux de chocolat et de biscuits qu'il y a là dedans, et mon bagel est sec. La serveuse, avec son petit air typiquement rebelle-de-la-Ostdeutschland, n'avait pas envie de travailler ce jour là. Ce que le Kundenservice en Allemagne est dégeu, qu'on se le dise.
Avec mon sac sur le dos, dont le contenu est soigneusement calculé pour durer le nombre exact de jours de randonnée, je prends le S-bahn en direction de Pirna. Depuis là, j'ai un bus à prendre qui m'amènera au point de départ du sentier Malerweg. À ce moment, je remarque que je suis toujours les trois mêmes gars, dont l'équipement est similaire au mien. Je me demande s'ils font aussi Malerweg. Si on est pour se suivre à chaque étape, aussi bien me présenter maintenant. J'en aborde un avec mon allemand brisé, mais il est devenu uuuuuuultra gêné. Le pauvre. Voyant son malaise évident à parler à une inconnue, je continue de meubler la conversation toute seule, mais il ne répond peu ou pas. Il a du penser que je voulais me joindre à eux, mais non merci les boys. Je voulais juste faire du smalltalk et peut-être échanger sur le sentier et les Aussichtpunkt à ne pas manquer en cours de route. J'ai finalement déguerpi à toute vitesse pour prendre une longueur d'avance, parce que rendu là, c'est moi qui était mal à l'aise. C'était donc un départ en trombe pour ce premier tronçon de 17 km entre Pirna (Liebethal) et Stadt Wehlen.
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Tout le long du sentier, j'ai suivi le pictogramme représentant un M noir sur blanc. |
Parmi les curiosités rencontrées sur le sentier :
- Richard Wagner Denkmal : L'œuvre grandiose de ce compositeur et chef d'orchestre originaire de Leipzig est soulignée ici par un monument qui a été érigé en 1933. Cette portion de sentier longeant la rivière Wesenitz a été à l'origine des premières esquisses de composition de l'opéra Lohengrin. Le plus beau de cet endroit, c'est qu'un haut parleur joue le prélude de l'opéra et on l'entend sur quelques dizaines de mètres avant d'y arriver. Surprenant et magnifique, quand on pense qu'on est en pleine forêt !
- Koordinatenstein : À un endroit précis sur le sentier, dans une prairie appartenant au village de Mühlsdorf, on se trouve précisément aux coordonnées de latitude N 51 00.000 et de longitude E 14 00.000. Ça n'a rien de spécial, mais c'est de la précision en maudit.
- Lochmühle : Un moulin à moudre, vieux de près de 500 ans, dont l'exploitation n'a jamais été facile en raison de sa situation géographique. Il est situé littéralement dans un trou (de là son nom, Loch) et n'était accessible qu'à pied par des sentiers escarpés, ne permettant pas le transport de la marchandise jusqu'à lui. Dans le fond, ça avait tout l'air d'être une business pas réfléchie pentoute, dans laquelle il y a eu beaucoup de roulement de propriétaires. Avec l'avènement du tourisme en Suisse saxonne au 19e siècle, il est devenu un hébergement bien apprécié, mais depuis 1990, il est vide et ne sert plus à rien.
- Les Felsentor (portes en roche) : En arrivant plus près de Stadt Wehlen, le sentier passe à travers de gros rochers plein de mousse verte. C'est très humide à cet endroit, le sentier est en bouette, tout est à l'ombre, parce que les rochers sont immensément hauts. À plein d'endroit, il faut passer par des orifices très étroits, un peu comme des portes créées par la nature. C'est vraiment particulier comme géographie.
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Le Richard Wagner Denkmal. Très joli. Assez imposant. |
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Belle prairie avec un seul arbre proposant un peu d'ombre. |
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Vaches saxonnes. |
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Le sentier Malerweg porte ce nom en raison des nombreuses peintures qui ont été réalisées dans cette région. Ici, une peinture représentant le Lochmühle.
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Une Felsentor. |
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À mon arrivée à Stadt Wehlen. Vue de la ville à partir des ruines du Burg Wehlen. |
Mon hébergement est un peu à l'écart de la ville. Je m'y suis rendue après une pause lecture dans les ruines du Burg Wehlen et une glace à la mangue. Une gentille dame en p'tite jaquette grise m'a accueillie pour me montrer ma chambre au Drei Bunte Stübchen. C'est cute et petit, je n'en demande pas plus. J'ai deux critères : 1 - dormir en sécurité. 2 - me bourrer la face dans le buffet déjeuner. Je suis revenue au village le soir pour manger un Schnitzel mit Pommes. La dame d'environ 70 ans en face de moi buvait un gros litre de bière, seule avec son iPad. Way to go, madame ! Ça c'est moi dans 35 ans.
C'est rare que j'ai rien à faire, mais là, je n'ai pas d'ordi, pas de Kindle, j'ai seulement mon livre de poche et mon cahier de notes. Faut pas avoir peur de n'avoir rien à faire. En fait, ça me faire les choses que j'ai envie de faire dans le ici/maintenant. Et à ce moment, j'avais envie de faire un tour de ferry, parce que la lumière sur l'Elbe était très belle. J'étais seule, genre seule comme dans seeeeeule. J'ai demandé un hin-und-zurück et le capitaine a mis en marche son moteur juste pour moi. Moi, qui ne veut jamais déranger dans la vie, je le faisais faire toute ces manœuvres... lève le pont, coup de klaxon, vroum vroum. Juste pour la touriste qui avait envie d'un trip de trois minutes sur l'Elbe. Je riais encore en sortant, tellement j'étais gênée d'avoir fait ce trajet si inutile. Désolée monsieur, Danke, merci !
C'est fini pour aujourd'hui. J'ai hâte de recommencer demain !
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J'ai dormi dans la petite chambre rose. |
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L'Elbe, au moment de mon tour de ferry. |
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