Zweite und dritte Etappen - Malerweg
Jour 2 - Entre Stadt Wehlen et Hohnstein
Ce matin, je déjeune dans une mini pièce avec les quatre autres personnes qui logent dans les autres petites cabines du Drei Bunte Stübchen. C'est comme un déjeuner en famille, tellement nous sommes serrés. Je partage viandes froides, ti pain au tournesol et Apfelsaft ave ce couple qui vient de Baden-Württemberg et un homme et sa mère, originaires d'ici, avec un accent saxon hyper prononcé. Il y a quelques mois, je n'aurais pas remarqué l'accent. D'abord, parce je n'avais pas de conversations. Deuxièmement, mon oreille n'était pas assez habituée pour remarquer les différences. Mais l'accent de la Saxonie est frappant. Les A sonnent comme des O, c'est pas comprenable. Tous les cinq, on discute, de la nature, des voyages, de la vie au pays. Je suis fière de moi, moi qui vient de loin, seule à converser avec ces allemands.
La première montée de mon trajet aujourd'hui me fait atteindre le fameux Basteibrücke, là où je suis venue en 2022 pour mon 33e anniversaire. C'était, encore une fois, ben full. Un vrai party d'audio-guides, de selfie-sticks et de familles-sac-à-dos. Le Basteibrücke serait tellement beau sans infrastructures, sans toilettes aménagées avec des sèches-mains bruyant et sans restaurant panoramique bondé. Je suis certaine que dans la semaine qui suivra, j'en trouverai bien d'autres, des places aussi belles qui ne reçoivent pas autant d'attention. Je redescend tout ce que j'ai monté pour atteindre le village de Rathen. Le monsieur du matin avait recommandé le Eisenbahnwelten, un musée de modèles réduits de trains. J'ai pris le ferry vers Kurort-Rathen avec au moins 300 étudiants en sortie scolaire, tout en souhaitant que la sortie scolaire ne soit pas au Eisenbahnwelten.
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La vue du village de Rathen et de Lilienstein, la montage la plus massive de la région, à partir de Basteibrücke.
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L'Elbe, dans le calme matinal. |
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Basteibrücke est un pont qui faisait historiquement partie du château fort de Neurathen, le plus grand château fort de la Suisse saxonne n'ayant jamais existé et dont il ne reste que des ruines aujourd'hui. |
La pluie venait de pogner, et aucun petit train ne roulait en raison de l'averse. Je faisais tant pitié, avec mon Regenjacke pis mes lunettes pleines de pluie, que quand j'ai dit au monsieur que j'avais traversé le fleuve juste pour voir ses jouets, il m'a fait entrer gratissssss. À moi seule, les 4,7 km de petits chemins de fer. J'ai raté le traversier de retour, mais c'est pas grave, rien n'est grave, même pas sous la pluie. Je continue de marcher en direction de Hohnstein, pris la pause à Rathewalde (un village assez ordinaire, mais pas aussi laid que Hohnstein). Après avoir longé Amselsee, un beau lac que j'avais vu et apprécié en 2022, j'ai traversé une longue forêt pleines de chutes, toujours en montée, avec de la pluie rafraichissante, entourée de mousse verte, de grosses roches et d'arbres morts. La température était parfaite pour traverser cette forêt déjà humide et sombre.
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Courte pause à Rathen.
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Ma machine préférée, le ICE de la Deutsche Bahn.
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Château miniature. |
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Comment se sentir géante dans un si petit paysage.
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Une représentation miniature de la Felsenbühne Rathen. |
Plus les attractions touristiques s'éloignent, plus les gens recommencent à se dire Guten Tag. Entre touristes, c'est chacun pour soi, mais entre randonneurs, personne ne s'ignore. Salut mon semblable, comme va ton genou après cette descente ? As-tu aussi les bas mouillés ? Beau coup de soleil sur le nez ! Lâche pas, salut et bonne suite ! J'ai rencontré un photographe. Un autre saxon avec un accent pas possible à qui j'ai fait remarqué son accent. Pis après je me suis dit... pour qui je me prends, à faire remarquer à ce natif son accent saxon, moi avec mon québéco-anglo-allemand tout croche. Du culot ! Cauchemar pour tous les claustrophobes dans la portion suivante pour descendre dans la vallée de Polenztal : un escalier très étroit dans des formations rocheuses, à se demander si mon sac allait passer entre les parois.
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Le lac Amselsee, et la brume couvrant partiellement les rochers.
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Allô la pluie. C'est l'heure de vérité pour mon nouvel imperméable.
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Joli parc où j'ai pris la pause à Rathewalde.
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Les belles fleurs mauves, un peu de couleur dans cette grisaille.
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L'étroit et long escalier, entre des murs de roches, qui mène à Polenztal. |
Je remonte encore. C'est traitre, des vallées, il faut toujours les remonter. J'arrive au village fantôme de Hohnstein, dans mon Gästehaus qui sent la choucroute à plein nez. C'est pas l'odeur de choucroute qui m'a convaincue mais mon désir de ne pas faire un pas de plus après cette longue montée dans la bouette. Anyway, il n'y a rien à voir ici. Au menu ce soir, Rückensteak mit Würzfleisch und Käse überbacken. C'est pas le repas du siècle, mais sans surprise, sur tous les menus offrant la cuisine traditionnelle allemande il n'y a que des Kartoffeln pis du Schwein. Ça aurait été 100 % traditionnel ici, si seulement la musique qui jouait dans la salle à manger n'était pas David Guetta et Miley Cyrus.
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Le Burg Hohnstein, tel que vu directement en entrant dans le village.
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Une esquisse réalisée sur le Malerweg, représentant le Burg Hohnstein dans le même angle que ma photo. |
Jour 3 - Entre Hohnstein et Altendorf
Je peux dire avec certitude que mon voisin de chambre a eu un sommeil réparateur, contrairement au mien qui a consisté a écouter des white noises dans mes AirPods toute la nuit pour enterrer ses maudits ronflements. Je ferai une sieste au soleil plus tard dans la journée. La table est mise ce matin à 8h pour le déjeuner. Toutes les tables ont deux, trois ou quatre assiettes. La mienne n'en a qu'une, c'est certain que c'est la mienne. Mais j'ai le même gros panier de pains à moins toute seule. Yes !
Pas de LTE à Hohnstein et un WLAN de marde qui ne m'a même pas permis de télécharger mes photos sur Instagram. C'est laid Hohnstein, c'est vraiment qu'un relais. L'hôte n'a pas été super gentil le matin quand je lui ai dit que je voulais payer par carte. Es kostet mich Geld, blablabla. C'est pas mon problème. Qu'il isole ses murs avec son argent au noir, ça serait déjà pas pire. Je regarde autour de moi. La clientèle ici est composée de gens issus directement du Moyen-Âge qui ont l'air de pratiquer le métier de maréchal-ferrant ou de patenteux de trébuchet. On aurait dit que j'étais live dans la Feste médiévale de St-Marcellin, mais avec Rihanna comme trame sonore. Je me demande lequel de ces moyen-âgeux m'a empêché de dormir. J'ai quitté un peu frue. Mais je ne suis jamais fâchée très longtemps.
Entre de longues marches en forêt, j'ai traversé des points d'intérêt particuliers.
- Gautschgrotte : La première surprise bien cachée, Gautschgrotte, une grotte tellement large et haute que ça ne rentre pas dans mon objectif. Si ce rocher s'effondre maintenant, j'ai aucune chance. On se sent tellement petit dans un endroit comme ça. Je suis minuscule dans cette nature immense et solide, qui se tient là, invincible, depuis des millions d'années. Ça te relativise l'importance des petits problèmes du quotidien ça.
- Brand : Je prends une eau citronnée sur la terrasse de Brand, un Biergarten tranquille avec une vue directe sur Lilienstein. J'ai partagé le lunch avec un couple de Leipzig. Le monsieur n'avait qu'une jambe et pas de mains, et la madame n'avait qu'un bras. Et ils font cette randonnée, comme moi. Nous avons parlé de nature, d'éducation, d'histoire. Ils m'ont donné des recommandations sur une vieille carte en papier qu'ils traînaient, dont les Schramsteine, que je devrais normalement grimper le lendemain.
- Kohlmühle : Un trou perdu que j'ai traversé en disant Guten Tag à tous les retraités assis sur leurs patios à atteindre que les heures passent. C'est certain qu'aucune dynamique jeune famille ne fait le choix d'habiter à Kohmühle. Les habitants regardaient simplement le trafic dans leur village. Trafic se limitant à moi, qui passe à pied à 4 km/h. Kohmühle avait une petite gare, ce que j'ai rarement vu dans des trous pareils. En lisant un panneau informatif, j'ai compris que la ville n'était autrefois qu'une usine de charbon. La voie ferrée historique sert maintenant au transport de personnes. J'ai vu le train passer alors que j'étais dans ma dernière ligne droite vers Altendorf. Je pense que je m'attendais à un train à vapeur, mais non, c'était un S-Bahn ben ordinaire.
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Tentative de photo qui ne transmet pas du tout l'immensité du lieu.
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Peinture sur le sentier, représentant la vue que j'avais à partir de la terrasse de Brand. |
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L'ancienne usine de charbon de Kohlmühle, sous un ciel radieux.
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Je viens d'arriver à Altendorf, un petit village dans les prairies. Je vais bientôt manquer de monnaie parce que le vieux grincheux d'à matin m'a tout pris. Habituellement, je prévois tout, mais j'avais aucune idée que le Malerweg passait autant au milieu de nulle part. Je n'ai croisé aucun Geldautomat. À Stadt Wehlen, j'ai vu qu'il y avait une Sparkasse mobile. Le guichet, qui est en fait une minivan, vient seulement les jeudis entre 10h30 et 11h30. Faut le prévoir en titi son retrait d'espèces quand on habite à Stadt Wehlen. Je suis donc partie en bus vers Bad Schandau, la grande ville la plus près. Alors que je voulais faire du tourisme ben molo à Bad Schandau, je me suis fait prendre par une surprenante averse de grêle. J'ai finalement attendu le bus pendant 59 minutes (oui, je l'ai manqué de seulement une minute). J'ai donc mangé mon Döner turque dans mon abribus à côté d'une poubelle qui déborde avec 0 % d'élégance, direct dans son papier d'aluminium, totalement décoiffée et gelée sous cette pluie. C'était délicieux et ça faisait changement du classique repas Patate-Porc-Sauerkraut.
Alors que je m'adonne à mon Fußmask quotidien sur mon lit d'hôtel, je remarque que le coucher de soleil dehors a l'air de toute beauté. Je vais pas manquer ça pour me masser le talon certain. Je pars à la course après avoir trouvé Adamsberg sur Google, une colline pas trop loin qui devrait m'offrir un bon point de vue. Et là, j'ai un spectacle qui me remplit le cœur de gratitude d'être là en ce moment. Je suis toute seule au sommet d'Adamsberg. Où sont les autres gens, à manquer cette scène reposante de fin de journée ? Les nuages sont au niveau du sol, le ciel est rose orangé. En cette veille du 26 mai, je me dis que c'est papa qui m'offre ce spectacle. Je suis revenue dans ma chambre dans ce bleu brumeux. Je suis trop trop trop chanceuse d'être ici sur la planète et capable d'être bien et seule. Es war schön da oben.
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Le coucher de soleil brumeux sur Adamsberg, à Altendorf. |
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