Jour 698 | Malerweg - Étapes 4 et 5

Vierte und fünfte Etappen - Malerweg

Jour 4 - De Altendorf à Lichtenhainer Wasserfall

J'ai mieux dormi, pas de ronfleurs cette fois-ci. Je me couche super tôt et je me lève aussi super tôt. Je suis toujours la première au service du déjeuner. Ce matin là, dès l'ouverture à 7h30 et je dévalisais le buffet. J'ai croisé le même couple que j'avais rencontré à mon premier hébergement. À 9h20, je commence à marcher. Je quitte Altendorf vers les Schrammsteine. C'est un groupe de rochers à l'allure très particulière, comme Bastei. On dirait que ces rochers ont été déposés là, car mes connaissances inexistantes en géologie ne me permettent pas de comprendre comment ça peut se former de même tout seul. Le sommet des Schrammsteine ne faisait pas partie de l'itinéraire, mais j'avais envie d'y être à 12h pile, pour papa, qui nous a quitté à cette heure précise il y a exactement deux ans.

La montée se fait par les échelles, dans des passages plus étroits les uns des autres. C'est pas extrême, des personnes âgées se rendent aussi au sommet sans problème. Sont juste plus lents, mais personne n'est pressé icitte. En haut, je passe d'un point de vue à l'autre, mais il y a quand même beaucoup de gens. J'ignore une petite barrière de sécurité pour m'installer de l'autre côté, tranquille avec ma pomme et la vue sur la vallée de Kirnitzschtal. Je suis fière de ma forme dans la randonnée jusqu'à présent, j'ai aucune ampoule, aucun mal musculaire, aucune fatigue. J'ai bien fait de choisir de courtes distances et de prendre le temps d'arrêter ici et là, prendre des pauses et visiter les villages-relais. Je peux faire des bonnes nuits, écrire et lire. Pour moi, c'est ça relaxer. Marcher des kilomètres en nature, c'est pas un effort, c'est un vrai repos pour ma tête. 1000 fois plus que de m'étendre et croûter sur une chaise longue dans le sable avec une piña colada.

Au sommet des Schrammsteine.

Au pied des Schrammsteine.

Le genre de paysage dans lequel j'ai marché cette journée là.

Il n'y avait pas beaucoup de curiosités sur cette route entre Altendorf et Lichtenhainer Wasserfall. Loin de l'Elbe comme ça, l'eau me manque. Demain, je retrouverai le fleuve quand j'atteindrai le village de Schmilka, à la frontière de la Tchéquie. D'ailleurs, mon O2 est confus et pense que j'ai un pied dans le pays depuis deux jours et m'envoie des messages pour me dire Willkommen in Tschechien à toutes les heures. Je suis arrivée à mon hébergement, dont la seule attraction à proximité sont des chutes. C'est comme un hôtel de randonneurs avec plusieurs Biergarten avec Selbstbedienung. Je me suis surprise à trouver que les hébergements sur mon itinéraire étaient vraiment bien organisés, car j'ai juste à arriver, dire mon nom et on me remet une clé. Je me suis rappelée assez vite que c'est moi qui avait organisé tout ça comme une pro en janvier dernier. Bravo à moi, c'est un vrai cadeau de pouvoir en profiter maintenant.

Les fameuses chutes étaient totalement gesperrt au moment de mon passage. Elles étaient en réparation ou je sais trop quoi. Autrefois, les chutes du village de Lichtenhain n'étaient pas considérées comme assez impressionnantes pour en faire un attrait touristique qu'elles ont été artificiellement améliorées par un système pour rendre le courant plus puissant. Quand assez de touristes étaient rassemblés et payaient pour ouvrir le barrage, les chutes devenaient soudainement déchaînées au grand plaisir de tous. Aujourd'hui, les portes du petit barrage n'ont plus besoin d'être activées manuellement, mais l'effet se produit toutes les deux heures. L'amélioration de la force des chutes de Lichtenhain n'était pas seulement esthétique mais servait également à alimenter le mécanisme d'un ascenseur reliant deux quartiers dans la ville riveraine voisine de Bad Schandau, construit en 1904.

Alors que je mange mon Hähnchenbrustfilet, seule sur la terrasse, j'ai vu le Kirnitzschtalbahn passer, le petit tramway jaune vintage qui est en opération depuis 1898. Aussi cute qu'il puisse être, il fait un bruit d'enfer quand il prends des curves. Un bon gallon de WD40 ferait pas de tort. Je le prendrai quand il reviendra, même si j'ai rien à faire à Bad Schandau. Les horaires du tramway ne correspondent pas à ce que mon app DB Navigator m'indique, ni même l'application locale de transport, VVO. Je prend quand même le risque parce que je ne peux pas passer à côté d'un tour de ce petit train historique. Finalement, j'ai été stressée tout le long. Est-ce que le train va revenir ? Lichtenhainer Wasserfall, c'est vraiment perdu, personne ne va là. Et on est dimanche, tout est fermé. Dans les 45 minutes qu'a mis le tramway pour se rendre au fleuve, j'ai revu tout le trajet que je venais de marcher dans les trois derniers jours. En arrivant en bas, je constate sur le petit panneau que le Kirnitzschtalbahn ne reviendra PAS à mon point de départ ! Tite panique. C'est l'avant-dernier bus de la journée qui m'a sauvé la vie. Si j'avais pris le train à son dernier départ à 19h10, comme l'application me suggérait, je me serais retrouvée ben mal prise à Bad Schandau sans aucun moyen de retour à ma chambre, là où toutes mes affaires se trouvaient. Le dernier bus passait à 19h30. C'est vraiment comme avoir un couvre-feu permanent dans cette région quand tu dépends des transports en commun.

Dans mon élément.

Le petit Kirnitzschtalbahn, qui circule entre Bad Schandau et Lichtenhainer Wasserfall.

L'intérieur du tramway, figé dans le temps. Son look, son son et son odeur datent des années 1800.

Jour 5 - De Lichtenhainer Wasserfall à Schmilka. 

J'ai dormi 11 heures. Je me suis même couchée avant le soleil. Ça me fait tellement de bien. Je vais déjeuner. J'ai encore ma petite table avec une seule assiette. Est-ce que les autres personnes dans la pièce m'envient ? Ont pitié de moi ? S'en foutent carrément ? Je pense qu'ils s'en foutent, mais on a toujours l'impression d'être jugé, en tant que gens seul, comme si c'était anormal. Pour ma part, je ne changerais pas de place avec personne. Je commence à marcher vers 10h15, je ne suis jamais trop pressée. Le sentier jusqu'à Schmilka était vraiment rempli de variétés. Parmi mes préférées : Kuhstall et Himmelsleiter, Neumannmühle et Kipphornaussicht.

Seulement 30 minutes après le début de ma marche, j'arrive à un gros portail sous des tonnes de roches qui me permet d'accéder à une vue panoramique sur les forêts. Kuhstall est la plus grande Felsentor de la région. Quelques pas plus loin se trouve la Himmelsleiter (l'échelle du ciel). J'arrive devant et je bug. C'est trop étroit pour s'appeler un passage, c'est carrément une fissure. Si étroit que je me demande même si mon sac à dos va passer. J'ai attendu qu'une famille risque sa vie avant la mienne pour m'y aventurer aussi à la queue-leu-leu. Faut pas avoir une grosse carrure pour passer ici. J'avais peur en maudit de rester coincée comme dans le film 127 heures ou encore que la fissure dans ce rocher vieux de millions d'années décide que c'est aujourd'hui qu'elle se referme à cause d'une plaque tectonique quelque part.

Kuhstall, un passage dans le roc qui mène à une vue panoramique sur une immense forêt.

Une peinture du 19e sièce représentant la Felsentor de Kuhstall.

Himmelsleiter, dans toute sa largeur (not).

Neumannmühle, c'est là que s'arrêtait normalement la quatrième étape, mais je n'avais pas été en mesure de trouver un hébergement ici. J'avais donc écourté un peu l'étape de la veille de 4,5 km, pour les rajouter sur la journée suivante. En fait, Neumannmühle, c'est pas une ville, c'est un moulin. Juste un moulin et 3-4 petites maisons. Mais un beau moulin dans toute son authenticité, construit en 1576. C'est aujourd'hui un musée technique. Si je pouvais comprendre toute l'histoire des endroits que je visite, je serais encore plus impressionnée. Mais quand je fais des lectures à ce sujet, c'est toujours des histoires de seigneurs, de Prusse, d'héritiers et de conquêtes. Toutes des choses dans lesquelles je n'ai aucune connaissance, même de base. Ça me limite un peu dans mon admiration, mais je sais qu'on a de la chance que des lieux comme ça soient préservés.

La petite maison au pied des rochers, qui fait partie du complexe de Neumannmühle.

Une charmante Gästehaus où il y avait un frigo libre-service pour se réhydrater. J'en ai eu grand besoin.

Sur un rocher près du point de vue de Goldstein, j'ai trouvé cette petite roche voyageuse. Je pense l'amener en Écosse dans quelques semaines. Der weg ist das Ziel, signifie : le chemin est le but. 

Kleinsteinhöhle, la deuxième plus grosses Felsentor de la région. Elle a une forme de gouttelette.

À partir de Neumannmühle, je n'ai fait que monter. J'avais le cardio au maximum. Ça n'arrêtait jamais. J'ai compris pourquoi quand j'ai réalisé que j'étais rendue au sommet de Großer Winterberg, le deuxième plus haut sommet de la région. Mais je sais que tout ce que je monte, je vais devoir le redescendre d'un coup pour rejoindre Schmilka et ça sera pas mieux. Scusez d'avance, les genoux. Le point de vue de Kipphornaussicht est un détour de 400m qui valait chaque pas de plus : une vue panoramique sur presque tout le parc national. Je vois le fleuve, la ville de Schmilka où je passe la nuit et la colline Kaisercrone, que je vais monter demain. Des petits villages tchèques d'un côté, allemands de l'autre. Je n'ai jamais été autant à l'Est de l'Allemagne que maintenant. 

Au milieu de la forêt, au sommet de Große Winterberg.

Le point de vue bien aménagé de Kipphornaussicht.

La Suisse saxonne à perte de vue. On distingue la colline bien définie Kaisercrone, je passerai par là demain sur mon chemin vers Kurort-Gorisch.

Je rejoins enfin le village de Schmilka. C'est très joli et j'ai bien mérité ma double crème glacée. Je suis allée la manger sur le fleuve, que j'ai enfin retrouvé après quatre jour dans les terres. Ça me donne un sentiment de sécurité. On ne peut pas ben ben se perdre avec un fleuve à côté. Ce soir, je dors au Bio Refugium Schmilka, dans un appartement ben trop grand que je ne me souviens pas d'avoir réservé. Il n'y a pas de WLAN ici, sous prétexte que c'est un refuge bio et que les gens doivent déconnecter. Mais mon appartement comprend une grosse TV avec des postes pour écouter les mauvaises nouvelles de 18h. C'est pas logique. Je pense qu'ils ne veulent juste pas payer de WLAN pour leur clientèle. 

De tous les villages que j'ai traversé depuis, Schmilka est le plus beau et celui qui a la plus belle offre locale. Après une averse, je suis allée manger un Zwiebelkuchen (un gâteau aux oignons) et goûter à la bière locale de la brasserie en face de ma pension. La terrasse où j'étais, le Schmilk'sche Mühle, était tellement jolie, avec des bancs en vieux bois, ses parasols, ses paliers multiples et ses guirlandes illuminées. Le moment était parfait, la bière aussi. C'est ainsi que se termine mon cinquième jour de randonnée, avec les genoux un peu plus maganés que les autres jours, du aux nombreuses montées et descentes de la journée. 

Arrivée à Schmilka par les terres.

La jolie terrasse du Schmilke Mühle.

Le moulin de Schmilka a bien changé depuis cette peinture de 1823.

L'Elbe, en fin de journée. Demain, la randonnée débute de l'autre côté du fleuve. 


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