Die Berge aus Schaumstoff
Au revoir Edinburgh ! Je reviendrai samedi. Mon premier bus m'amène à Glasgow et la route est ordinaire. On est sur l'autoroute tout le long. Le seul dépaysement, c'est que ça roule à l'envers. Je n'avais pas identifié Glasgow comme une ville qui méritait que j'y arrête. Mais la route entre Glasgow et Glencoe... ça valait chaque £. D'abord, j'ai fait le plein de paysages vastes en longeant le Loch Lomond. Les nuages sont bas, plus que les collines. Moi qui pensait dormir, j'avais les yeux ronds comme des deux piastres devant ce paysage qui défilait devant mes yeux sans que j'aie besoin de faire le moindre effort. Puis, les montagnes sont apparues, avec leur beau vert si spécial. C'est pas le même vert que dans la Sächsische-Schweiz, c'est pas le même vert qu'en Bavière ni en Suisse. Les montagnes que je vois ici ont l'air douces. On dirait qu'elles sont faites en mousse. Je suis dans mon gros Citylink bondé mais je sais que dehors, ça doit être frais et pur, ça se voit. Papa n'a jamais visité l'Écosse et je suis donc fière de lui montrer ça. J'ai d'ailleurs amené avec moi une dernière lettre à déposer et je vais la mettre ici, dans un lieu que je choisirai avec soin.
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Dans ma montagne en mousse.
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Ce que j'ai devant les yeux ne se décrit même pas. À l'exception de mon bus qui circule sur la petite route sinueuse étroite, c'est juste de la nature autour de moi. Elle s'est formée comme ça notre planète, toute seule et sans l'intervention humaine. Ce trajet a duré 2h45. Près de trois heures de vert, de bleu et de gris derrière un très léger voile de brume. On passe devant les sommets
Aonach Dubh,
Beinn Fhada et
Gearr Aonach, plus connues sous le nom des
Three Sisters of Glencoe, les montagnes les plus captivantes et imposantes de la vallée de Glencoe. Les gens s'agitent dans le bus pour les prendre en photo. On ne peut pas distinguer les trois sommets, car ils sont dans un nuage. Je suis tirée de mes rêveries par le chauffeur qui crie
Glencoe Crossroads ! Ça, c'est moi, c'est ici que je débarque. Le gros bus s'arrête un maximum de cinq secondes. Sitôt le pied dans la rue, sitôt le bus reparti. Je suis la seule à faire halte ici ? Je suis surprise. Le bus part et il n'y a pas un son. L'arrêt Glencoe Crossroads porte ce nom car il y a au sens propre vraiment deux rues seulement dans ce village. Le bus est rendu loin. Je ne vois aucun autre humain. Aucune autre voiture. Je me trouve loin sur la planète, à l'extérieur du brouhaha et j'aime ça. C'est pour ça que je suis venue en Écosse. Pas pour visiter le Château d'Edinburgh, mais bien pour voir la nature.
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Le seul espace de restauration, bien vide, à Glencoe Crossroads. |
Dans le silence apaisant, je vais d'instinct vers l'eau. Puis ma logique me dit qu'il faudrait commencer par manger et aller aux toilettes. L'établissement qui semble être le seul resto de la place n'a pas de chef aujourd'hui et l'hôtesse est un peu en panique. Pas de stress mademoiselle, c'est pas comme s'il y avait 80 personnes qui voulaient manger. Il n'y a que moi. Je m'en vais finalement un peu plus loin. J'ai trouvé un petit café / boutique d'artisanat. J'ai mangé une soupe aux carottes et un sandwich toasté pour ben trop cher. Qu'est-ce que je fais ensuite ? Je ne sais pas. Il est seulement 12h45 et j'ai l'impression d'avoir déjà trop vu de belles choses. J'avais prévu d'aller déposer mon sac à mon auberge et faire le Pap of Glencoe (Sgorr na Ciche) plus légère, mais comme le début du sentier était sur le chemin, j'ai entrepris la rando avec quelques kilos superflus.
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Chemin d'accès vers le Pap of Glencoe. À part ceci, il n'y avait aucune balise, mais ce n'était pas nécessaire car il n'y avait qu'un chemin.
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Paysage à couper le souffle.
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La lumière qui perce les nuages et se rend sur les montagne est irréelle.
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Avec les deux pieds dedans, c'était donc ça qui me paraissait si doux. C'était pas la même végétation qu'ailleurs.
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La trail est dégagée et j'avais une vue constante sur les montagnes, le lac, la vallée, les rivières. Je sais que je m'émerveille souvent devant la nature et qu'à chaque fois que je suis à quelque part de nouveau, je m'exclame que c'est la plus belle nature que j'ai vue de ma vie. Cet endroit ne fait pas exception. C'est pas seulement beau. C'est aussi la température, le frais, la brume, le vent, l'odeur. J'ai du me retourner pas moins de 100 fois pour regarder où je me trouvais. J'avais cette montagne à moi toute seule et ça me faisait sourire. Je ne sais pas qui remercier pour ça, mais je reconnais la chance que j'ai. Je mange ma pomme au sommet avec la vue sur le
Loch Leven, à l'abri du vent gelé qui arrive de la vallée. Les montagnes en face apparaissent d'une couleur rosée dans la lumière. Il faut vraiment le vivre, l'Écosse. Je savais que c'était beau, mais de se sentir aussi bien, c'est vraiment autre chose. J'ai dit que c'était beau ? J'aimerais vraiment l'écrire 1000 fois pour que ce souvenir me revienne vraiment vivant quand je relirai ces lignes. C'est ici que j'ai choisi de laisser la toute dernière lettre d'ailleurs. Merci de m'avoir amenée jusqu'ici papa ! La descente m'a duré une éternité en raison de la bouette. Je pense que c'est à ce moment que j'ai compris que pas mal toutes les randonnées que j'allais faire ici allaient être bien bouetteuse. Je suis tombée quatre fois sur le derrière malgré des bonnes bottes avec de l'adhérence. Signe que c'est temps que je rentre.
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C'est lui le Pap of Glencoe (742 m), je suis à mi-chemin environ. C'est là que je m'en vais.
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Le sentier était dégagé tout le long et offrait des vues spectaculaires à 360 degrés.
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Vue sur le Loch Leven. |
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Vue sur le Loch Leven et le village de Glencoe. C'est dans cette nature magnifique que je dormirai ce soir. |
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Ma toute dernière lettre est restée ici.
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St Mary's Scottish Episcopal Church, sur le chemin vers mon hébergement.
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Ce soir, c'est la première fois de ma vie que je dors en dortoir. Ça me stress un peu mais pas trop. On entend souvent des histoires d'horreur à ce sujet. Le bruit, le non-respect des autres invités, le vol. Je suis une personne solitaire et j'aime ma sphère privée. D'un autre côté, je m'adapte très bien à travers d'autres humains. Ça devrait aller. Je fais la rencontre de mes roommates : Sophie (Belgique), Alice (France) et Daniella (Angleterre). Pour une première expérience en hostel, je suis vraiment chanceuse d'être tombée sur elles. C'est un méga poids de moins, je me sens à ma place et à l'aise dans cet environnement. J'avais peur d'être trop gênée, mais si je fais le même genre de rencontres dans les autres auberges sur le chemin, je viens de me débloquer un nouveau skill de voyage à petit budget. J'aime bien. En même temps, c'était sur que les gens qui voyagent de cette façon n'allaient pas être des sauvages asociaux.
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Mon dortoir à Glencoe, le jour où nous avons tous quitté. Le reste du temps, c'était plein de linge suspendu, de sac à dos et de semelles qui sèchent. |
J'ai étonnamment bien dormi dans mon ti dortoir. J'ai déjeuné le lendemain matin avec les filles avant de partir à 8h30 avec Alice en direction de Fort William. Elle s'en va à Portree, sur l'île de Skye, et moi, à Mallaig, au bout du chemin de fer. Qu'est-ce qu'il y a à voir là ? Ça me tentait juste de faire un tour de train sous la pluie. J'ai pris le temps de découvrir Fort William et sa rue piétonne. Glencoe, c'est bien plus beau ! Mon train cheap fait le même trajet que le fameux train à vapeur Jacobite, rendu célèbre parce que c'est... nul autre que le Poudlard Express ! C'est ce train qui part de la gare 9 ¾ et amène Harry Potter et les autres apprentis sorciers à Poudlard à la rentrée scolaire. À l'exception que j'ai payé une centaine de livres de moins, je suis passée moi aussi sur le viaduc de Glenfinnan. Le passage sur ce viaduc est le moment où toutes les madames dans le train se lèvent pour prendre des photos avec leur iPad collé dans la vitre. Le résultat est sûrement une photo ben floue avec un reflet, leur pouce dans l'écran et un coin de tête d'un autre passager. Le viaduc est très beau, oui. Il y avait d'ailleurs une foule en bas, dont chacun avait le téléphone levé, prêt à prendre 40 photos sans regarder le train dans toute sa splendeur. Sorry les gens, cette fois c'est seulement un ScotRail bleu ben ordinaire. Meilleure chance la prochaine fois !
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Le viaduc de Glenfinnan, sur lequel je vais passer dans quelques secondes.
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Un petit resto de pêcheurs sur le bord du Loch Linnhe.
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Le Loch Linnhe, à la hauteur de Fort William.
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La belle porte bleue de l'église Duncansburgh, située dans le parc Parade, à Fort William.
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Le train à vapeur Jacobite. |
À Mallaig, il pleuvait des cordes. C'est un beau port d'où partent tous les ferrys pour l'île de Skye. Je regrette un peu de ne pas avoir mis Skye sur mon itinéraire. Je craignais un peu que les transports en commun ne soient trop limités. J'avais pas envie non plus de ne faire que de la route. Finalement, ça aurait été très faisable. Erreur de débutante. En plus, ma Explorer Pass, valide trois jours à l'intérieur de cinq jours, ne m'a été demandée qu'une fois à date. Je réserve mes billets en ligne à 0 £ avec mon code et je devrais normalement montrer ma carte avec, qui serait poinçonnée la journée de son utilisation. Or, aucun chauffeur n'y prête attention, ce qui fait que je profite de trajets Citylink gratuits à profusion depuis quatre jours. Et j'espère que ça continuera. Après tout, ce n'est pas ma faute, les failles de ce système. Ça leur apprendra à me l'avoir envoyé en version papier et m'avoir fait payé 11,50 € de douanes là dessus. Là, je suis enfin en train de la rendre économique pour vrai.
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Le port de mer de Mallaig.
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L'eau est belle malgré un ciel couvert. |
De retour à Glencoe, il ne pleut plus. La lumière est si belle en fin de journée. Je suis allée prendre une marche dans la vallée, exactement là où se trouvait la cabane de Hagrid. Il n'y a jamais eu de vraie cabane là, mais c'était le décor dans lequel tout a été artificiellement ajouté. À lire les commentaires négatifs que certaines personnes déçues ont laissé sur ce lieu en criant au scam, je pense qu'ils s'attendaient même à ce que Hagrid et Buck l'hypogriffe soient là pour leur dire bonjour. J'étais assise sur une roche, en plein milieu de la côte. Les nuages se déplaçaient tranquillement, découvrant des sommets, assombrissant des forêts. Glencoe, ce village de 375 habitants, n'est pas fait pour recevoir des milliers de touristes et ça doit être pour ça que c'est si paisible ici. On n'arrête ici que pour la nature, pas pour faire le party. C'est tellement mon genre de destination. J'y reviendrai.
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Respirer l'air frais au beau milieu de cette nature. |
Allô Claudia, il y avait un ti bout de temps que je ne t’avais pas lu…. Ces photos exceptionnelles ( sans pouce ni tête ni reflet🤪) et ton propos invitant m’ont fait rêver à cette contrée mythique qu’est l’Ecosse. Et cette idée de faire voyager Régis est vraiment géniale! MERCI ! 🙏
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