Die Kelpies
Mon bus me dépose à la gare centrale d'Edinburgh vers 23h30. J'ai une petite marche à faire pour me rendre au Safestay Edinburgh Cowgate, l'auberge de jeunesse que j'ai réservée ici avant de voir la quantité phénoménale de mauvais commentaires laissés par les voyageurs. Elle venait tout juste d'ouvrir quand j'ai booké et personne n'y avait encore séjourné. En fait c'était tout sauf un safestay. Le lieu est vraiment situé en plein milieu du nightlife de la capitale, en face d'un bar avec une terrasse à aire ouverte où un DJ enchaîne les hits de Lady Gaga et Pitbull. Dans ma douche dont la température et le débit ne sont pas réglables (j'aurais définitivement préféré une douche gelée à une douche brûlante), je ressentais toutes les vibrations de la basse dans ma poitrine. C'était pareille comme être au milieu du dancefloor chez Pull dans l'temps. J'me suis pas éternisée sous l'eau brûlante parce que j'allais perdre ma peau.
Je suis entrée dans mon dortoir, qui n'était pas plus silencieux, où j'ai tenté de trouver mon lit dans l'obscurité totale sans déranger les autres locataires. J'avais un lit au top et la personne du lit d'en bas avait étendu tout son linge et ses bobettes sur mon échelle. C'était le désordre total dans cette chambre, c'est à peine s'il y avait une place pour déposer mes pieds sans piler sur quelque chose. Une gougoune, un vieux bas, un sac de plastique. On est loin du respect que j'ai connu dans mes deux auberges précédentes, où tout le monde se ramassait et rangeait ses trucs dans le compartiment sous le lit. Ici, c'est chacun pour soi. On dirait que cet hostel est fait sur mesure pour la génération TikTok de 18-25 ans, ceux qui ne disent bonjour à personne et se promènent avec un air bête en regardant dans le vide, comme si rien autour ne les affectait. Est-ce que ça leur donne un p'tit style indépendant de ne pas partager qu'une simple formule de politesse comme... un sourire ? Ils ont tous des hoodies oversized, des p'tits bracelets de l'amitié, des jeans baggy taille basse et tentent de dégager l'attitude du je-fais-du-slow-traveling-désorganisé-parce-que-c'est-mon-identitié-et-pour-m'évader-de-ma-charge-mentale-du-quotidien. Mais ils étudient probablement en sciences humaine au Cégep et travaillent dans un Starbucks avec zéro responsabilité.
Si j'ai pensé que j'allais faire des rencontres internationales dans toutes les auberges de jeunesse et rencontrer du monde comme moi, ici c'était tout le contraire. Sur ce, je me suis endormie avec une toune de Kesha à plein volume et des gens ivres qui chantent à tue-tête au pied de la fenêtre. Le matelas devait être confortable en maudit car j'ai vraiment dormi comme un bébé jusqu'à temps qu'une locataire snooze son alarme à 3h du matin probablement pour ne pas rater son vol low-cost avec 8 escales vers sa prochaine destination hype, genre Amsterdam ou Berlin. Je me suis levée assez tôt, mon vol est à 18h20, j'ai le temps en masse mais j'ai pas envie de passer plus de temps ici. Sur ma liste à voir aujourd'hui : les Kelpies, à Falkirk, et le Dean Village à Edinburgh.
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Les Kelpies, créatures du folklore écossais.
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Les Kelpies ont été conçues par le sculpteur Andy Scott et se dressent au centre du parc The Helix entre les villes de Falkirk et Grangemouth depuis 2013. Les sculptures représentent deux têtes de cheval en acier, à l'entrée du canal Forth and Clyde. Chaque tête de cheval mesure 30 m de haut et pèse 300 tonnes. Un kelpie, c'est pas juste un cheval, c'est un esprit qui habite les lochs ou leurs rives dans le folklore irlandais et écossais. Il est décrit comme un cheval gris ou blanc capable d'adopter une forme humaine. Les origines des Kelpies que j'ai trouvées en ligne ne sont pas très claires, mais il semblerait qu'ils ont été inventés pour éloigner les enfants des étendues d'eau dangereuses et pour inviter les jeunes femmes à se méfier des beaux étrangers. Cré-moi que si je rencontre un bel étranger avec des sabots à la place des mains, je vais me méfier ben comme il faut. Bien que la littérature folklorique aie été un point de départ pour le développement artistique de l'œuvre que j'ai devant les yeux, celle-ci se veut plutôt une représentation de la lignée de chevaux lourds de l'industrie écossaise, ceux qui tiraient les chariots et les navires dans la région de Falkirk. J'ai trouvé ces sculptures contemporaines vraiment belles, et bien mise en valeur dans un parc tout propre, tout calme. On peut visiter l'intérieur des sculptures pour quelques £, mais sinon tout est gratuit.
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Chacune des têtes d'acier pèse 300 tonnes et mesure 30 mètres de haut. |
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Les détails de la crinière d'un kelpie. |
Dean Village, dans le quartier de
Stockbridge, était autrefois un village indépendant situé dans l'ombre d'Edinburgh et aujourd'hui couru par les touristes. Ce village paisible était surtout connu pour ses nombreux moulins à grain qui datent du 17e siècle. Cette zone de meunerie, dont les activités étaient facilitées par les courants forts de la rivière Leith, fût prospère pendant plus de 800 ans. La construction du
Dean Bridge, ouvert en 1833 et qui traverse au dessus des gorges, a contribué à cet essor. Or, quand le développement de moulins dans le quartier de Leith, situé en front de mer, a pris de l'ampleur, le commerce de Dean Village a décliné. Pendant de nombreuses années, il a été associé à la pauvreté, avant de retrouver ses lettres de noblesse en 1970. Reconnu comme un oasis tranquille près du centre-ville, l'endroit est maintenant devenu une zone résidentielle prisée. Il n'y a pas de pubs ni de restaurants dans Dean Village.
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Un bâtiment bien connu qui abrite un joli café, the Milkman.
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La gare de train d'Edinburgh. |
Le ciel était beau ! C'est beau au dessus des nuages, on n'a pas tous les jours la chance d'avoir ce paysage sous les yeux. Mais chaque fois que les roues de l'avion touchent le sol, je me retiens de pas crier de joie d'avoir enfin rejoint la croûte terrestre. L'avion, c'est non. J'aime pas ça, aussi beau soient les nuages. Maintenant, il ne me reste qu'à me faire accueillir une nouvelle fois par l'Allemagne pour terminer mon aventure européenne pendant les 90 jours restants qui me sont alloués en tant que touriste. Avant de quitter, j'avais d'ailleurs désenregistré ma résidence au Burgeramt d'Oberkassel. Je me souviens que, deux ans plus tôt, j'avais été tellement fière d'obtenir mon statut. Maintenant, je viens de me radier moi-même de la liste des résidents temporaires. La perte de mon statut m'a permis aussi d'arrêter de payer le Rundfunkbeitrag, la taxe de la télévision que tout le monde est obligé de payer. Tranquillement, je vais devoir défaire tout ce que j'ai construit ici. Une étape à la fois.
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Des nuages bien opaques.
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Le ciel qui m'accueille lors de l'atterrissage à Düsseldorf. Je suis de retour ! |
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