Jour 774 | Un monde de géants de glace

Eisriesenwelt

Aujourd'hui, je me déplace pour aller visiter la plus grande cave de glace au monde. Oui ! La plus grande cave de glace sur la p-l-a-n-è-t-e est située à Werfen, à 45 minutes en train de Salzburg. Ça, c'est en plein mon genre d'exploration. J'arrive dans ce village littéralement composé d'une gare de train et d'un pont en bois, et je trouve une navette lettrée Eisriesenwelt en plein milieu d'un parking vide. La navette coûte 9,50 €. Trop cher à mon avis, mais je me voyais pas vraiment monter jusqu'en haut à 30 degrés en plein soleil, car le seul accès pour ce segment est par la route et non par un sentier forestier. Contrairement à ce que j'aurais pu penser en imaginant ce qu'est une cave de glace, ce n'est pas souterrain, mais bien à 1 656 m d'altitude. Au prix de la navette s'ajoute le prix d'entrée dans la grotte, 38 €. J'avais acheté mon billet en ligne au tarif mobile avant de sauter dans le train, pour réserver ma plage horaire. Il faut marcher 10 minutes depuis la navette, puis un autre 20 minutes après le check-in, avant de prendre un téléphérique qui nous amène 400 m plus haut, puis il y a un autre 30 minutes de marche avant l'entrée de la grotte. Faut persévérer pour voir cette rareté de la nature.

Une grande faille dans les rochers et l'éclairage du groupe suivant permet de constater l'unicité et l'immensité de l'endroit où je me trouve en ce moment. C'est débile comme feeling !

Un vrai palais de glace et de roche.

Avant d'entrer dans la grotte, j'ai troqué mes pantalons courts pour mes leggings longs, et j'ai enfilé deux vestes, mon manteau, mon léger foulard tube et ma casquette. Il paraît qu'il fait -2 degrés dans ce trou. Je vais avoir frette, c'est pas comme si j'avais prévu d'avance un séjour sous zéro. Je rejoins une visite en anglais. J'ai la chance d'être la dernière du groupe, car je suis seule. Un de plus, un de moins, ça change pas grand chose j'imagine. On me remet une petite lampe authentique que j'ai traînée tout le long. Au gaz ou à l'huile, je sais pas trop, mais c'était pas à batteries. Il n'y a pas d'électricité dans la cave, c'est éclairé par les quelques chanceux qui traînent une lampe d'époque et par le guide, qui a un genre de fil de magnésium qui s'autodétruit à mesure qu'il brûle. Derrière moi, c'était la noirceur totale. Je ne voyais même pas mes deux pieds. Le fait qu'il n'y a pas d'électricité dans la cave est intentionnel, la visite est bien plus vraie et ça créé un charme particulier.

Ma lampe old school qui pesait très lourd malgré son petit format.

Je ne sais pas ce qui cause le courant d'air gelé et violent qui nous frappe en plein visage à l'entrée de la grotte, mais c'était décoiffant sur un moyen temps. La pression ? La différence de température ? La grotte s'étend sur 42 km dans la montagne. C'est énorme ! Mais seul le premier kilomètre est glacé et peut être visité. De toute façon, pas de danger que je décide de m'aventurer 42 km dans un trou dans une montagne. Est-ce qu'il y a de moins en moins de glace avec le réchauffement climatique ? Non, c'est même l'effet l'inverse. La roche emmagasine le froid jusqu'au printemps et lorsqu'il fait plus chaud dehors et que la neige commence à fondre, l'eau s'infiltre dans la grotte par les fissures et se transforme en glace. Dans l'ensemble, la glace ne diminue donc pas, elle gagne toujours un peu plus en volume. 

Le guide, devant une magnifique et imposante formation de glace.

Au point le plus reculé de la visite, à environ 1 km de l'entrée, se trouve cette étendue d'eau qui offrait un reflet symétrique irréel.

Partiellement découverte en 1879 puis oubliée, la grotte a finalement été complètement explorée par quelques chercheurs en 1913, dont Alexander von Mörk. L'urne de ce chercheur, qui a joué un rôle clé dans la découverte d'Eisriesenwelt et est mort à 27 ans lors de la première guerre mondiale, repose d'ailleurs à l'entrée d'un passage étroit dans la grotte, suivant ses dernières volontés. Aujourd'hui, les opérations d'Eisriesenwelt profitent à une entreprise privée qui utilise les revenus pour la recherche. Le propriétaire foncier est une association forestière qui reçoit un pourcentage annuel des droits d'entrées générés par le tourisme. 

La visite aura duré environ 1h30, ce que je trouve très bon pour le prix payé. Nous avons monté et descendu 1400 marches, dans un parcours très bien coordonné avec les autres groupes de visiteurs. Il n'y a eu absolument aucun irritant. Même le prix n'a pas été un irritant pour la particularité de l'endroit que j'ai vu là ! L'obscurité, l'écho, le bruit des gouttelettes, le nuage de buée provenant de ma respiration, la température, le sentiment d'être vulnérable, mais à la fois en sécurité, protégée du monde extérieur, c'était vraiment unique comme expérience, comme un autre monde, un monde de géants de glace.

Une partie du groupe sur le chemin du retour.

Le téléphérique d'Eisriesenwelt fait sauver une montée ardue de 400 m de dénivelé. 

L'immanquable entrée de la grotte, à 1656 m d'altitude. 

Mon programme change radicalement de thématique pour ce soir. Je séjourne à Salzburg pendant le Salzburger Festspiele, un festival d'opéra, de théâtre et de musique classique qui a lieu ici chaque été depuis 1920. Cet événement fait partie de ceux les plus renommés dans le monde en son genre. Ce serait fou de passer à côté d'un petit morceau de ce grand festival. Ce soir, je vais voir un concert au Schloss Mirabell. J'espère qu'il n'y a pas de code vestimentaire, parce que si oui, j'passe pas certain avec mes gougounes lettes de chez Kik. Desfois, les gens dans le classique pètent un peu d'la broue.

La Marmorsaal (la salle de marbre) était la salle de banquet du château de Mirabell et servait à l'époque à... impressionner la visite sûrement. Moi même, en tant que visite, j'ai été impressionnée par la quantité de p'tits anges en or et les hauts plafonds. C'est dans cette même salle qu'avaient l'habitude de jouer Mozart lui-même, ainsi que sa sœur Nannerl et son père Leopold. Ce soir, c'est donc sa musique qui revit par l'entremise d'un quatuor à cordes, le Amadeus Consort, formé de quatre musiciens professionnels membres de différents orchestres de renom, accompagné de Marius Birtea, un clarinettiste de la Roumanie. Ce n'était pas ma première tentative pour habituer mes oreilles à la musique classique, mais je dois avouer que je trouve ça toujours mortellement ennuyeux. Comme je n'ai pas l'oreille, ça sonne pour moi comme une longue pièce endormante. Malgré que j'ai cogné des clous toute la soirée, j'étais quand même dans un concert ou était joué Mozart, dans la ville où il est né, dans la même pièce où il s'est produit. Il y a là quelque chose de bien spécial. 

L'escalier pas prestigieux pentoute.

J'avais une très belle place dans la salle, en bord d'allée.

Moi qui lisait le programme avec attention entre les parties comme si je comprenais quelque chose à des mots comme Allegro, Menuetto ou op. 34.

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