Jour 802 | La terre des trolls

Das Land der Trolle

La veille, j'avais fait du repérage dans la ville, marché sur la rue commerciale et au port, remarqué qu'il y avait des trottinettes électriques (yes!) et ciblé quelques attractions qui m'intéressaient : le Troll Museum, la Cathédrale arctique de Tromsø et Polaria. J'ai sauté sur mon scooter Ryde à partir de l'auberge et c'est parti pour une journée de musées avant de me rendre à Sommarøy en fin de journée.  

Troll Museum

Le musée des trolls est un tout petit musée sur un seul étage de quatre pièces situé près du port de Tromsø. Il est complètement dédié à ces méchantes créatures issues du folklore scandinaves. Ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. Ça avait tellement l'air broche à foin, comme si quelqu'un avait juste patenté des affaires dans un local quelconque et décidé d'appeler ça un musée. Je me suis vraiment demandée pourquoi je venais de payer ça et je m'en suis voulue d'avoir été gênée de changer d'idée une fois rendue à la caisse après avoir eu cet aperçu. Mais, plus je déambulais dans les pièces avec mon p'tit guide en français avec beaucoup trop de texte, plus je trouvais ça mignon. On aurait dit que ce musée avait été créé par un grand fan de trolls qui accumulait des figurines et des objets à la maison et qui a finalement loué un local commercial pour pouvoir y partager sa passion. C'était très charmant. J'étais la seule dans le musée, quelques groupes arrivaient par moment mais viraient de bord assez rapidement. Ils auraient tellement dû se laisser charmer par l'univers des trolls comme je l'ai fait pendant une bonne heure et demie.

Figurines de trolls, tels qu'on les a connus dans notre enfance.

L'entrée du Troll Museum, dans le port de Tromsø.

Maintenant, on imagine aussi les trolls comme des farceurs, mais au Moyen-Âge, c'était plutôt le contraire. Tout un monde a été créé autour des trolls : trolls des montagnes, trolls maritimes, troll des forêts. Vus de loin, ils ont l'air de gigantesques rochers couverts de mousse, d'arbres entiers bien feuillus ou encore de tas d'algues mouvantes. Plusieurs lieux en Norvège ont été nommés en l'honneur de ces créatures de la mythologie, dont le plus connu est certainement Trolltunga (la langue du troll), une proéminence de falaise près de Bergen. On trouve aussi Trollveggen (le mur du troll), une imposante paroi rocheuse à Romsdal, Trollpikken (la bite du troll), un rocher à la forme clairement phallique qui jailli d'une falaise à Eigersund, Trollfoss (la cascade du troll), une imposante chute à Steinsholt, Trollstigen (l'échelle du troll), une route panoramique de onze virages en épingle qui mène au sommet de Stigrøra, et bien d'autres. 

Un troll dans la mythologie norvégienne, en comparaison à un humain.

Dans le musée, j'ai même appris comment savoir si je suis en présence d'un troll et comment les repousser. Les trolls sont généralement bien plus grands que les humains et peuvent avoir des parties du corps supplémentaires, comme plusieurs têtes, une ou deux queues. Ils semblent avoir différentes personnalités et traits de caractère. 

Le musée présentait l'histoire de plein de trolls individuels, comme celui qui était si vieux qu'il avait oublié son âge, celui qui a perdu à un concours d'indigestion de fromage, ou encore celui qui a aidé, bien malgré lui, à la construction de la Cathédrale de Trondheim (l'une des plus belles églises de la chrétienté). L'église de Trondheim était particulièrement impressionnante à l'époque de sa construction, car sa haute flèche a longtemps été inégalée. Élever une flèche à cette altitude était impossible pour le roi, qui fit alors appel à un troll, en lui promettant le soleil, la lune et son âme. Bien que les trolls soient catégoriquement contre le christianisme, celui-ci accepta la tâche à condition que le roi tienne parole. À l'aide de ses pouvoirs et de sa grande force, le troll travailla très rapidement, ce qui inquiéta le roi, car il ne voulait pas perdre son âme. Dans la littérature, tout le monde sait que si un chrétien appelle un troll par son prénom, celui-ci se transformera en pierre. Conséquemment, ils ne partagent jamais leur nom. Par le plus grand des hasards, le roi connaissait le prénom du troll, pour l'avoir entendu dans ses voyages. Quand le troll eut fini de placer la flèche sur la tour de l'église, le roi hurla : Tvester ! Tu as placé la girouette un peu trop à l'ouest ! À ce moment même, le troll se changea en pierre et tomba en morceaux. 

Outre crier leur nom, on peut faire sonner des cloches d'église ou les exposer aux rayons du soleil pour qu'ils se transforment en pierre. Et c'est là qu'on se demande ce que faisait le troll de Trollpikken au moment où il a été figé dans la pierre... Tromsø a même son propre troll, un troll maritime bienveillant qui vit dans les fjords. Il est petit, pas méchant et plutôt espiègle. Il ennuie les pêcheurs en orientant les poissons bien loin d'eux s'ils polluent ou surpêchent cet endroit. Le troll de Tromso a un compagnon loyal, un crabe qui parcourt les fonds marins et collecte les nouvelles du jour et les potins pour les répéter à son ami. Lorsqu'il fait tempête à Tromsø et que la mer s'agite, c'est parce que le troll tente de se protéger du soleil. Il y avait plein de belles petites histoires comme celle là. 

Un troll des forêts. 

Murale dans le musée pour se comparer à un troll. 

La Cathédrale arctique (Ishavskatedralen)

C'est une très belle église protestante inaugurée en 1965 se dressant à la sortie du pont, sur l'autre rive. Elle est faite de 11 panneaux de béton de chaque côté, ce qui lui donne la forme triangulaire d'une cathédrale, mais elle n'est pas très grande. Elle a une façade en verre avec une grande croix très prononcée. Derrière l'autel se dessine une impressionnante mosaïque de verre coloré que l'on voit même très bien à partir de l'extérieur. Avec les bancs en chêne pâles, les grands lustres, le plafond blanc et un orgue neuf, le tout forme un ensemble harmonieux et bien simple. Cependant, aussi jolie soit son architecture, payer 80 NOK (plus de 10 $) pour y entrer, c'est largement exagéré. Il n'y a rien du tout à voir à l'intérieur, sauf une exposition (si on peut appeler ça une exposition) dans le sous-sol éclairé aux néons avec des photos de sa construction, installées tout croche au mur, et une boutique souvenir où sont vendus des verres à shooter à l'effigie de la Cathédrale. Non, gros gaspillage, ça ne valait pas du tout la peine. C'est de l'extérieur qu'elle impressionne, et l'extérieur est gratuit et visible de partout en ville.

La façade. 

La mosaïque de verre et les espaces entre les panneaux de béton, qui laissent passer la lumière à l'intérieur. 

L'orgue et un beau lustre à prismes.

La façade de la Cathédrale arctique avec sa grande croix blanche, telle que vue en arrivant par le pont au dessus du détroit de Tromsø.
Polaria

Le musée Polaria a pour objectif de sensibiliser les gens au climat et à l'environnement en étant une vitrine pour les recherches menées dans le Grand Nord. Je n'ai pas été impressionnée par ce musée. Il a probablement été un gros wow lors de son ouverture à une époque, mais ne semble jamais avoir été rénové. En fait, j'pense que je suis arrivée vers la fin de sa durée de vie parce qu'il était en construction en vue d'un énorme agrandissement qui sera prêt en 2025. C'est ça le problème avec les musées avec des thématiques bien précises, je trouve, il ne changent pas régulièrement de contenu. Ici, on voyait que les écouteurs étaient tous usés, que la moitié d'entre eux ne fonctionnaient pas, que les vidéos informatives avaient été tournées en 2000, que les effets spéciaux dans les tableaux interactifs devaient être spéciaux il y a 10 ans. Même les vitres des aquariums n'étaient plus si claires. Bref, je suis critique mais il a ouvert en 1998, et est resté en 1998. 

Jeu de tablettes.  

La passerelle sous le bassin des phoques.

Face à ce jeu où je devais placer les flocons dans le trou correspondant, je me suis demandée où était en fait l'éducation sur les changements climatiques et les recherches dans le Grand Nord.

J'ai assisté au déjeuner des phoques, mais ça aussi c'était le genre de chose sur laquelle je trippais quand j'avais 9 ans au Biodôme de Montréal. Ça m'a laissée un peu indifférente, surtout que les bassins étaient faits de structures de plastique qu'on a peintes pour qu'elles aient l'air de petits icebergs. À 9 ans, on ne remarque pas trop la différence. Quand on est adulte, on trouve ça ordinaire. L'architecture bien particulière du bâtiment était également impossible à distinguer en raison des travaux. Son design représente normalement des glaces flottantes qui se sont poussées sur le rivage par les mers agitées de l'Arctique, comme un jeu de dominos qui s'est affaissé. Il fait écho à celui de la Cathédrale arctique, d'ailleurs. Sur Internet, il était vraiment beau de l'extérieur, mais je n'ai rien vu de ça.

Bien que j'ai vécu un insatisfaction à la Cathédrale Arctique et au musée Polaria, cela ne donne pas pour autant une teinte négative à mon voyage. C'est normal que des activités sont moins marquantes que les autres. Dans bien des cas, on ne peut pas savoir d'avance. Mon opinion et mon expériences dans ces lieux ne peut pas être décidée en fonction des commentaires sur Google uniquement. C'est propre à chacun. Mon regret aurait été plus grand si je n'avais pas visité ces endroits, que la petite déception que j'ai eu en les visitant. 

Bébittes sous-marines.

L'un des six phoques de Polaria.

Commentaires