Jour 804 | Dans les petites Caraïbes

Ma curiosité envers le nord de la Norvège l'était surtout pour le climat et la nature. Je n'étais pas à la recherche d'artifices. En voyage, ça me prend quand même quelques jours pour comprendre où je suis, m'habituer et être à l'aise d'entreprendre des activités. Je ne me qualifie pas de grande voyageuse, je me suis d'abord habituée à l'Allemagne, puis tranquillement aux pays voisins dont le fonctionnement est un peu similaire. Un nouveau voyage me stress toujours un peu. En Allemagne, je ne suis pas en voyage, j'y vit. Malgré seulement six jours en Norvège, je suis parvenue à me créer un itinéraire pas cher, varié et qui répondait à mont but initial, celui d'être principalement dans la nature.

Ørnfløya et Brensholmen

J'ai quitté le village de Sommarøy en prenant le pont par lequel je suis arrivée hier en bus. Je m'étais habillée pour une journée d'autonome norvégien et j'ai finalement retiré une couche à chaque 100 m pour me retrouver seulement en T-shirt sous ce beau soleil matinal. Les petites plages se multiplient à gauche et à droite et elles sont toutes accessibles. En Autriche, quand je suis allée pendant la canicule, j'avais eu de la difficulté à trouver des plages publiques qui n'étaient pas bondées, mais ici, toutes les plages sont invitantes et désertes. Les gens ne chillent pas sur la plage en parasol sur une serviette fluo, mais plutôt avec une couverture et un café pendant que leur chien se promène les pattes dans l'eau. Pour moi, c'est le meilleur des deux mondes. J'aime les plages, mais je n'aime pas l'ambiance des plages touristiques dans la grande chaleur. Les plages du nord, je les ai adorées. En venant ici, je ne m'attendais pas du tout à avoir accès à un paysage qui ressemble à des petites Caraïbes.

Heureusement, il n'y a pas beaucoup de voitures sur la route, mais quand elles arrivent, elles arrivent à toute vitesse. Et il n'y a pas d'autres chemin que par l'accotement pour atteindre le début du sentier qui me fera accéder à la colline Ørnfløya. Ça fait deux semaines que j'ai ce fond d'écran sur mon cellulaire et me voilà en plein dedans. Je n'ai pas croisé personne. La sainte paix ! C'était d'un bleu turquoise à perte de vue lors de cette courte randonnée de 2 km. Mais j'étais tellement stressée de rater the one and only bus qui me ramènerait à Tromsø que je suis arrivée 1h trop tôt à l'arrêt que je prenais dans le village de Brensholmen. Brensholmen, village composé d'une rue d'une dizaine de maison. Mon niveau de stress augmente à chaque minute où le bus ne passe pas, pour atteindre son apogée quand un bus passe enfin, mais ne s'arrête pas. Non, c'est pas vrai, est-ce que je vais revivre l'épisode Madère où la fiabilité des bus, qui sont déjà pas nombreux, est aussi imprévisible que le 6/49 ? J'ai une tite panique qui aura duré quelques minutes pendant lesquelles je tourne en rond et pense à un plan B. Faire du pouce ? Appeler l'information touristique ? Et mon bus arrive enfin. Je me repaie le trajet magnifique que j'ai vu la veille et j'en prends encore plein les yeux jusqu'à la ville. Je suis trop stressée dans vie parfois.

Ce qui ressemble à des petites Caraïbes.

Voici deux étages de niveau d'eau. Il y avait un lac au sommet d'Ørnfløya.

Moi, dans mon fond d'écran !

Couleurs d'automne sur un sentier que ne nécessitait pas vraiment de balises. Le terrain était facile à marcher peu importe le chemin choisi pour atteindre le sommet.

L'une des plages, Reina, Krinta ou Sandviksletta, je ne me souviens plus laquelle. On dirait de jolis prénoms. 

Le genre de petite plage à laquelle tout le monde a accès, sans frais et sans dérangement.

L'eau si claire. Qu'elles sont belles les plages nordiques.

Ersfjordbotn et Nattmålsfjellet

Tromsø était très bien situé pour accéder à plein de petites localités. Un jour, j'ai pris un premier bus en direction de Eidkjosen, puis un second vers Ersfjordbotn. J'adore les noms des villages ! Tellement de consonnes, comme en allemand. J'ai commencé par monter le sommet Nattmålsfjellet (297 m). Au pied de la colline, entre les maisons, une petite brise se faisait à peine sentir. Mais quel vent à écorner les bœufs une fois au sommet ! C'était difficile de se tenir debout et droite. J'avais les cheveux qui tourbillonnaient dans tous les sens, j'étais couettée comme une vache Highland. Les sangles de mon sac à dos devenaient un danger pour ma face à chaque fois qu'elles me fouettaient les joues. 

J'ai marché à découvert dans la petite toundra orangée et j'ai atteint le sommet où se trouvait un cairn. Un cairn, c'est un mot que je ne connaissais pas ça, j'aurais plutôt appelé ça un maudit gros tas de roches. C'est comme une pyramide de pierres installée par des alpinistes ou explorateurs à un endroit précis pour marquer un point de repère. Fixée entre deux trois roches de ce cairn se trouvait quelque chose qui s'apparentait à une boîte à malle. Une géocache. J'ai signé le cahier. Claudia, Rimouski, Québec, Canada. Pensée au sommet pour le géocacheur qui aurait signé Tyrangris. Plus bas, j'ai trouvé un petit racoin tranquille au bas d'une grosse pierre ronde qui m'a protégée du vent et du bruit pendant que je profitais de la vue sur ce fjord aux couleurs d'automne. Si j'ai croisé des gens dans cette randonnée ? Non, toujours pas. La paix, la paix, la Norvège du Nord.

J'ai terminé ma randonnée chez Bryggejentene, un restaurant/boutique/auberge on ne peut plus scandinave servant des repas et collations locales. Ma salade de betteraves, aïoli et chèvre parsemée de petites pétales de fleurs et mon chocolat chaud légèrement épicé complétaient parfaitement mon moment, seule au bord de la fenêtre, au chaud, dans un éclairage tamisé, à écrire ces lignes.

Au niveau du fjord, à partir du restaurant Bryggejentene, à Ersfjordbotn.

La belle roche ronde qui semble avoir été déposée là.

La vue sur le fjord. Et mes belles Lowa qui en ont vu du paysage.

Un spectacle de clarté et de couleurs d'automne.

Le sommet de Nattmålsfjellet (297 m).

Un vent décoiffant.

Telegrafbukta 

Trottinette au pied, je me rends en quinze minutes tout au sud de l'île. C'est facile. Je n'ai qu'à suivre une seule rue avec une piste cyclable sans stops ni nids de poule. La baie de Telegrafbukta se compose de prairies, de zones boisées, de plages et de rochers. J'ai choisi un moment très venteux, un peu avant la tombée de la nuit et sous un ciel nuageux pour visiter ce parc bien apprécié par les locaux. C'est ce jour là que je devais partir en excursion de kayak en mer. À constater l'agitation de la mer en ce moment, je serais ben rendue au Groenland malgré moi avec mon kayak sans contrôle. Le ciel était opaque, les vagues étaient lourdes, tout était d'un bleu foncé et glacial. C'est quand je me trouve dans un environnement comme ça que ça me confirme que les pays chauds ne seront jamais mes premiers choix. J'ai bien aimé la Telegrafbukta et le son de ses vagues. 

L'ambiance glaciale de Telegrafbukta.

La plage de la baie.

Un petit banc sur lequel j'ai passé un peu de temps.

Le Pier am Folkeparken, qui s'avance dans l'eau agitée.

Les derniers rayons du soleil, au loin.

Sherpatrappa et Fjellheisen

Chaque jour à mon réveil sur Tromso, je voyais le téléphérique de Fjellheisen et son deck d'observation au dessus de la ville et je n'y étais toujours pas allée. Ce n'était pas le téléphérique qui m'attirait, mais bien cet escalier pour se rendre au sommet, qui a été construit par des sherpas originaires de la région du Khumbu, au Népal. 1200 grosses roches plates, bien larges et bien droites, se superposent pour former un bel escalier sinueux à travers la forêt, dont le chemin est entrecoupé des plus beaux points de vue sur l'île de Tromsøya. Il a été achevé après trois ans de travail. 

Aujourd'hui, c'était ma dernière journée à Tromsø et je l'ai commencée au Studio Lowkey, où je rencontrais Colin, un tatoueur que j'avais déniché sur Instagram. J'avais tellement un bon feeling sur ce voyage que, même avant d'arriver en Norvège, j'étais certaine que j'aurais envie d'en ramener un souvenir permanent. 8h30, je suis au studio. Pas de réponse. Il n'y a personne là. Colin m'a oubliée. Vais-je encore passer droit sur l'occasion de ramener une œuvre indélébile de l'un de mes plus beaux voyages ? J'avais voulu me faire tatouer le chardon écossais à Edimburgh après mon séjour mémorable en Écosse, en juillet dernier, mais la tatoueuse qui l'avait dessiné n'avait pas de disponibilité la seule journée où j'allais y être. Après que mon aventure en kayak fût annulée pour cause de grands vents, que mon excursion en bateau l'eût été aussi à cause d'un ciel nuageux, voilà que mon tatoueur a oublié de mettre son cadran. Je me suis trouvée bien malchanceuse avec toutes les activités que j'avais prévues pour agrémenter mon séjour.

Alors que je marchais sur le pont, en direction de la Cathédrale arctique, déçue de ne pas avoir le bras décoré de ce petit symbole que j'avais choisi pour représenter mon trip, Colin s'est réveillé et on s'est donné rendez-vous au studio. Ensemble, on a choisi la police de caractère, la grosseur, on a déplacé le stencil deux fois pour être certains de le placer au bon endroit. J'ai choisi l'arrière de mon bras, un peu au dessus du coude, pour me faire tatouer le O barré, une lettre de l'alphabet norvégien, danois et féroïen. Tout simple. Petit comme un 5 cennes.

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Couchée sur le ventre sur la table de tatouage, en train de me faire marquer d'encre permanent, j'ai pensé à maman à qui je n'ai pas dit ça du tout. Je vais attendre qu'elle le remarque en arrivant au Québec ! Et c'est avec mon petit Saran wrap sur le bras que j'ai gravi (avec patience et cardio) et redescendu (avec satisfaction) les 1200 marches des Sherpatrappa. J'ai appris à ce moment que mon tour de bateau a été remis à ce soir et que les prévisions de visibilité des aurores sont excellentes. Regardez-moi ce ciel, ça promet pour ma chasse aux aurores. Maintenant, faut que je fasse une sieste.

Probablement quelque part près de la 600e marche, à mi-chemin vers le sommet de la montagne Fjellheisen. 

Rocher permettant une vue superbe sur l'île de Tromsya.

Le bout de l'île, tout au sud, c'est là où se trouve la Telegrafbukta.

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